SOMSONG KIATHORANEE « LE BÛCHERON »
SOMSONG KIATHORANEE
« LE BÛCHERON »
BY SERGE TRÉFEU
Somsong Homknokkor, né en 1960 dans le village de Ban Phai dans la province de Khon Kaen (région de l’Isaan, nord-est de la Thaïlande), est issu d’une grande famille. Il a commencé sa formation au Muay Thai vers l’âge de 13 ans dans le Padjonphai Gym, un petit camp situé à Khon Kaen, dirigé par Maitre Praphan Ken-in.
Ce camp, fondé en 1965, est toujours en activité aujourd’hui, désormais géré par le fils d’Ajahn Praphan Ken-in. Le Padjonphai Gym est réputé pour avoir formé de nombreux boxeurs talentueux, tels que Darachai Clay, Songkiat Yodthong, Amnuaychai, Laem Taen, Fah Daeng, Montri Samernoi, Naet Poonthawee, et Somsong lui-même.
Somsong a débuté sa carrière sous le nom de “Somsong Padjonphai” et a combattu de nombreuses fois dans la région de l’Isaan.
Cependant, en grandissant, son gabarit s’est considérablement développé, le rendant rapidement plus massif. Il mesurait 1m65 et possédait une carrure puissante, ce qui lui donnait une forte musculature. Son physique particulier a parfois rendu difficile la recherche d’adversaires de son poids dans sa région natale.
Pour continuer à évoluer, Somsong a donc décidé de se rendre dans le nord de la Thaïlande, où il a rejoint le camp Kiathoranee à Chiang Mai. C’est alors qu’il a changé son nom de combattant pour devenir “Somsong Kiathoranee”, poursuivant ainsi sa carrière et gagnant en notoriété dans cette région.
Dans les années 1970, le public de la région nord de la Thaïlande avait une préférence marquée pour les combats de Muay Thai dans des catégories de poids plus élevées que dans les autres régions du pays. Tandis que la majorité des boxeurs thaïlandais évoluaient entre 108 lbs (49 kg) et 122 lbs (55 kg), les catégories 130 lbs (59 kg) et 135 lbs (62 kg) étaient déjà considérées comme « gros poids ».
La catégorie des 140 lbs (63 Kg 500) dans laquelle brillait Somsong Kiathoranee représentait, avec la catégorie des 147 lbs (67 Kg), véritablement les « poids-lourds » dans le circuit thaïlandais de l’époque.
Le stadium de Phrae, situé dans la ville du même nom à environ 200 km de Chiang Mai, était alors le lieu de référence pour les amateurs de Muay Thai dans le nord.
Ce stadium était dirigé par le professeur Pong, une ancienne gloire des rings des années 1960 originaire de Phrae. Connu sous le nom de combattant de « Anantasak Raw For Thor », il avait été champion du stadium du Rajadamnern en 118 lbs et 126 lbs, avec le surnom de “Le coup de genou du train” en raison de la puissance dévastatrice de ses coups de genou.
Après sa carrière, Anantasak s’était reconverti en promoteur et jouait un rôle essentiel dans le développement et la promotion des matchs de Muay Thai au sein du stadium de Phrae.
Entre 1980 et 1981, Somsong Kiathoranee a livré des combats mémorables, surtout dans le nord de la Thaïlande, dans les villes de Chiangmai, Lampang, Nan, Uttaradit et Phrae. Sa réputation était forgée par ses low kicks puissants et sa force brute, ce qui lui valut le surnom de « Khon Lek » (L’homme d’acier) parmi les amateurs de Muay Thai du nord.
Au stadium de Phrae, Somsong a enchaîné plusieurs victoires éclatantes. Il a mis KO au deuxième round Santisuk Srisothon et Jongcharoen Sakwittaya, et s’est également imposé au troisième round contre le puncheur Weerachat Sorndaeng.
Sa victoire au premier round contre Sianhong Sitbang Phrachan, légende du Lumpinee en 140 lbs, ainsi que sa victoire expéditive contre Karimnoi Sit Abang, ont marqué les esprits.
Somsong a aussi battu Phukradueng Sor Poonphon aux points, mais il a perdu aux points contre des champions du Lumpinee comme Samaisak Sor Thanikul et Wangkaew Sityodthong.
À Uttaradit, il a vaincu Somsak Sitsakorn, et à Chiangmai, il a remporté une superbe victoire aux points contre le grand champion du Lumpinee Kamlayok Fairtex (Kiatsompop), et il s’est incliné face aux champions Krayphet Sor Prateep et Kasemchai Veeraphon.
Somsong a encore confirmé son talent dans la ville de Nan en battant Samaisak Sor Thanikul aux points et en mettant KO le champion du Lumpinee Wangprai Rojanasongkram au deuxième round. Il a retrouvé Samaisak Sor Thanikul à Lampang pour une revanche, où il l’a battu par KO au quatrième round !
Au début de l’année 1981, Somsong a un peu moins combattu, mais il a affronté des adversaires de calibre exceptionnel. Il a perdu aux points contre Wangkaew Kiatsompop et Payap Premchai, ce dernier étant une véritable légende du Muay Thai. Payap, surnommé « le boxeur difficile de Bangseu », était alors une référence, champion du Radja en 147 lbs, et connu pour ses victoires contre des figures comme Pud Pad Noi Woorawut et Sakad Petchyindee.
L’un des moments marquants de cette année-là pour Somsong fut sa défaite par KO au troisième round contre Youssop Sor Thanikul à Phitsanulok. Youssop était un combattant de premier plan, ayant été classé numéro 1 dans les deux principaux stadiums thaïlandais, le Lumpinee et le Radja, pendant près de quatre ans. Il fut même reconnu par les autorités sportives thaïlandaises parmi le Top 10 des meilleurs boxeurs des années 80. Par la suite, Youssop s’est établi en France, où il est resté en tant qu’entraîneur à partir de 1990.
À cette époque, la réputation de Somsong était solide dans le nord de la Thaïlande, notamment grâce à ses combats spectaculaires qui attiraient l’attention des parieurs et des fans.
Cela a incité les promoteurs de Bangkok à le solliciter pour des combats dans la capitale, où la visibilité et les opportunités étaient bien plus élevées.
Somsong a alors rejoint le camp Petchmuangtrat à Bangkok, fondé par M. Narris Romyanon, un officier militaire qui détenait le grade de lieutenant et jouait également un rôle important en tant que promoteur du stadium Ratchadamnoen dans les années 80. Connu par ses partenaires étrangers sous le surnom de « Capitaine Narris », M. Narris était un personnage influent dans le milieu du Muay Thai.
Dans ce camp, Somsong s’est entraîné aux côtés de champions réputés comme Wanpadet, rare champion en titre des deux stadiums de Bangkok, le Radja et le Lumpinee, et Attapong Fanta, également champion du Radja.
A la fin de l’année 1981, au sommet de sa jeunesse et de sa forme, Somsong Kiathoranee a connu l’un des moments les plus forts de sa carrière en remportant la ceinture du prestigieux stadium du Radja dans la catégorie des 140 lbs.
En battant plusieurs adversaires redoutables au stadium du Radja, il est parvenu à se hisser jusqu’à la 5e place du classement, ce qui lui a donné l’opportunité de défier le numéro 1 au classement du Radja en 140 lbs qui était Kwandom Sitbaramee. Ce grand champion des années 70 avait été champion du Radja en 140 lbs.
Le 15 novembre 1981, Somsong a affronté Kwandom Sitbaramee pour le titre vacant du Radja en 140 lbs.
Somsong, malgré son jeune âge, a su faire preuve de maturité et de ténacité face à son aîné. Dans un combat intense, il a finalement triomphé aux points, surpassant l’expérience de Kwandom grâce à sa puissance et sa détermination. Cette victoire a fait de Somsong, à seulement 21 ans, le champion en titre du stadium du Radja en 140 lbs, un accomplissement exceptionnel dans une carrière de combattant de Muay Thai !
En 1982, Somsong a continué de combattre dans les stadiums prestigieux de Bangkok tout en se produisant en province. Lors de cette année, il a de nouveau affronté Payap Premchai, qui l’a battu aux points.
Le 12 novembre 1982, Somsong a disputé un match exceptionnel à Khon Kaen, sa région natale, contre Krongsak Sakacem, une autre légende locale.
Krongsak était déjà connu pour ses victoires impressionnantes, ayant battu des adversaires redoutables comme Samart Prasarnmit (trois fois, dont une victoire par KO) et Sagat Petchyindee (battu trois fois aux points). Malgré sa détermination, Somsong s’est incliné aux points devant Krongsak.
Krongsak a ensuite battu les plus grands noms du Muay Thai tels que Raktae Muangsurin, Inseenoi Sor Thanikul, Payap Premchai, Padetsuk Pisanurachan, Fanta Attapong, et même mis KO le fameux Changpuek Kiatsongrit. Krongsak a également affronté Dieselnoi Chor Thanasukarn, la légende incontestée des années 80, avec qui il a fait match nul, un exploit remarquable. Par la suite, Krongsak a poursuivi une carrière en Europe, où il est resté invaincu tout au long de son parcours.
Quelques années après, Krongsak et Somsong se sont retrouvés en France, intégrant le même club où ils ont rapidement développé une amitié forte. Ils ont partagé des entraînements intensifs en vue de leurs combats en Europe.
À Khon Kaen, Somsong a rencontré des adversaires redoutables, perdant contre Rakchart Sor Prasatphon et Khomtae Chor Suananan mais triomphant face au champion Sermsak Sor Sermpong.
Cette année-là, Somsong a souvent combattu dans deux principaux stadiums de Bangkok, le stadium du Radja et le stadium de Samrong situé en banlieue de Bangkok.
Le 23 juin 1982, au stadium du Radja, dans un duel intense contre le talentueux Samart Prasarnmit qui était déjà détenteur de la ceinture du Radja en 135 lbs, Somsong a perdu sa ceinture du Radja en 140 lbs qui était mise en jeu pour ce match entre deux champions du Radja.
Mais en 1985, Somsong a pris sa revanche contre Samart Prasarnmit, en le battant par KO lors d’un combat organisé dans sa région d’origine, Khon Kaen.
Le 12 novembre 1983, Somsong a retrouvé son grand rival Payap Premchai à Ubon Ratchathani, mais une fois de plus, Payap a remporté le match aux points, confirmant sa supériorité dans leurs confrontations. Au total, les deux champions se sont affrontés à quatre reprises, avec Payap sortant victorieux à chaque fois.
Somsong a aussi triomphé par KO contre le rugueux Donyang Sakkasem au Stadium du Radja.
En 1983, Somsong a franchi une étape majeure dans sa carrière en se rendant pour la première fois en Europe, et plus précisément à Paris. C’est Master Roger Paschy, une figure pionnière de la boxe thaïlandaise en France, qui a perçu le potentiel exceptionnel de Somsong.
Roger Paschy, collaborant de près avec le Capitaine Narris, propriétaire du célèbre camp Petchmuangtrat où s’entraînait Somsong, a été à l’origine de cette opportunité.
Sous l’impulsion de Roger Paschy, Somsong a pu combattre en Europe, en même temps que son camarade de camp, Attapong Fanta. Les deux Thaïlandais ont rapidement prouvé leur supériorité en affrontant des adversaires néerlandais redoutables, avec Somsong mettant KO les champions Yvan Thorn et Mohamed Yamali.
Cette réussite européenne a marqué le début d’une nouvelle dynamique pour Somsong, qui dès lors, alternait ses séjours entre la France et la Thaïlande pour y enchaîner les combats.
En France, Somsong était chaleureusement accueilli par les familles Paschy et Lamy, qui ont joué un rôle central dans son parcours européen. À Paris, il s’entraînait d’abord au Yamatsuki Gym de Roger Paschy avant de rejoindre le Lamy Gym de Paulette Paschy.
Paulette Paschy, qui était la grande sœur de Raoul et Gabriel Lamy, assurait une collaboration étroite entre les deux familles, unissant leurs forces pour soutenir les combattants thaïlandais en France.
Raoul Lamy, propriétaire du 107 Boxing Camp à Paris, et Gabriel, à la tête du Lamy Gym à Carrières-sur-Seine, formaient un réseau unique qui a permis à Somsong de s’entraîner dans un cadre optimal.
Sous la direction de Paulette Paschy et Raoul Lamy, Somsong a participé à de grands galas de boxe en France, où il est devenu une figure incontournable du Muay Thai.
L’arrivée en France de Krongsak Sakacem, une autre légende du Muay Thai, a renforcé cette scène. Les deux champions s’entraînaient ensemble au Lamy Gym.
Le 17 février 1984, lors d’un grand gala intitulé « Thaïlande contre Japon » organisé par Roger Paschy à la salle Maubert Mutualité à Paris, Somsong a marqué les esprits en battant par KO le champion japonais Adachi. Cette soirée de combats spectaculaires a contribué à établir Somsong comme l’un des combattants les plus redoutés sur la scène française.
Le public français, fasciné par son style percutant et sa force impressionnante, le voyait désormais comme un “épouvantail des rings”.
Le 31 mai 1984, à Bangkok, Somsong a affronté une autre légende du Muay Thai, Raktae Muangsurin, ancien champion du Radja en 135 lbs en 1979. Après un combat acharné, Somsong a remporté la victoire aux points.
Le 30 juillet 1984, le stadium du Rajadamnern de Bangkok a accueilli un combat mémorable pour le titre vacant en 140 lbs entre deux puissants cogneurs : Somsong Kiathoranee et Sagat Petchyindee.
Ce choc, qualifié d’anthologique, opposait deux figures redoutées du Muay Thai. Sagat, champion à la fois du Lumpinee et du Rajadamnern, avait déjà prouvé sa puissance en terrassant des champions de renom tels que Bundit Singprakarn, Seksan Sor Theppitak, Kaopong Sitichuchai, et Raktae Muangsurin.
Après un duel titanesque, c’est au troisième round que Sagat a finalement réussi à mettre Somsong KO, s’emparant ainsi du titre tant convoité du Rajadamnern en 140 lbs…
En 1984, Somsong a également mis fin au combat dès le premier round face à Rakchai Ha Phalang, un champion redouté en 140 lbs et détenteur du titre du Radja, foudroyé par un coup magistral de Somsong.
Le 14 février 1986, au stadium de Samrong, en banlieue de Bangkok, Somsong Kiathoranee a remporté une magnifique victoire en battant par KO le grand champion Saensatarn Saenrit, détenteur du titre du Lumpinee en 140 lbs.
À 26 ans, Somsong affrontait un adversaire plus âgé d’un an et surtout de 10 cm plus grand, ce qui donnait un avantage de portée à Saensatarn, particulièrement redoutable avec ses techniques de genoux.
Le combat a été marqué par la domination initiale de Saensatarn, qui a exploité ses longues jambes et son avantage en taille pour marquer des points avec ses coups de genou puissants et précis.
Mais au quatrième round, alors que l’affrontement atteignait son paroxysme, Somsong a changé la dynamique avec une série de crochets dévastateurs au corps et au visage. Cette attaque brutale a fait vaciller Saensatarn, jusqu’à ce qu’il s’écroule, terrassé par la puissance de Somsong, confirmant sa place parmi les plus féroces combattants de sa génération.
Le vendredi 8 août 1986, Somsong Kiathoranee a participé à un prestigieux tournoi à huit combattants au stadium de Rangsit à Bangkok, réunissant les meilleurs boxeurs thaïlandais de l’époque.
Ce tournoi d’élite incluait des figures incontournables telles que Payap Premchai, Lakchart Sor Pasartporn, Kunponoi Sor Tanongsak, Coban Lookchaomaesaithong, Tantawannoi Sitsilachai, Rungtae Muangsurin, et Changpuek Kiatsongrit.
Somsong a affronté Lakchart Sor Pasartporn dès le premier tour dans un match intense et disputé, mais il a dû s’incliner aux points face à son adversaire. Ce tournoi a vu Payap Premchai s’imposer en finale, remportant la victoire contre Lakchart Sor Pasartporn pour décrocher le titre de champion du tournoi.
Le mardi 20 janvier 1987, dans la province de Chaiyaphum, Somsong Kiathoranee a affronté le redoutable Lanthani Sor Wongsiam. Ce combat intense s’est soldé par une défaite de Somsong, mis KO par le champion local.
Plus tard dans l’année, le 9 décembre 1987, Somsong a disputé un autre match important dans la province de Tak, où il a combattu Muangtak Kiatlansang. Cette fois-ci, le combat est allé jusqu’à la décision des juges, qui ont attribué la victoire aux points à Muangtak.
Au début de l’année 1989 en France, Somsong Kiathoranee a remporté une belle victoire pour la ceinture de champion du monde en -70 kg. Ce combat s’est déroulé à Meaux, en banlieue parisienne, où Somsong a affronté le Hollandais Rick Van De Vathorst (Champion d’Europe de boxe thaï).
Bien que plus petit et plus léger que son adversaire, Somsong a imposé sa puissance en ciblant avec précision la jambe droite de Van De Vathorst. Grâce à ses low kicks dévastateurs, il a rapidement pris l’avantage, forçant finalement le champion hollandais à abandonner au troisième round.
Le 29 avril 1989, lors d’un grand gala au stade Pierre de Coubertin à Paris, le public était captivé par un programme exceptionnel, avec en vedette un championnat du monde de boxe thaï entre deux pointures : le Thaïlandais Chanchai Sor Tamrangsee et le Hollandais Gilbert Ballantine. Parmi les autres rencontres, on trouvait un championnat d’Europe entre Jaid Seddak et le Hollandais Lieuwfat, ainsi qu’un championnat de France opposant Jo Prestia et Joël César.
Toutefois, le combat le plus attendu de la soirée était l’affrontement entre l’Américain David Humphries, redoutable champion du monde de Full Contact WKA et PKC en -70 kg, et le phénomène thaïlandais Somsong Kiathoranee, surnommé désormais le « Bûcheron » des rings par le célèbre speaker Daniel « The Voice » Allouche.
David Humphries, fort de sa récente victoire par KO au premier round contre le Français Pascal Leplat (Champion du monde de Kick Boxing) à Istre en février, était un combattant imposant de 75 kg et de 20 cm de plus que Somsong, qui pesait seulement 67 kg.
Afin d’équilibrer le match en faveur d’Humphries, les techniques de boxe thaï telles que les coups de genoux, les coups de coude et les saisies furent interdites, rendant ce combat similaire au style kick boxing.
Mais malgré cet ajustement et son avantage de poids, David Humphries ne put résister aux terribles low kicks de Somsong, dont les tibias martelaient impitoyablement ses jambes.
L’Américain a finit KO au troisième round, incapable de se tenir debout, et offrant ainsi à Somsong une victoire mémorable qui renforça son statut de boxeur spectaculaire !
Le 24 décembre 1989, à Paris, un affrontement tant attendu s’est fait entre le Thaïlandais Somsong Kiathoranee et le Français Stéphane Nikiéma, une étoile montante du Muay Thai. À 30 ans, Somsong apportait avec lui une vaste expérience, avec plus de 200 combats à son actif, tandis que Stéphane Nikiéma, âgé de 25 ans, avait un palmarès de 21 combats pour 18 victoires. Malgré l’expérience de Somsong, Stéphane Nikiéma bénéficiait d’un avantage physique significatif, mesurant 1m87 contre 1m65 pour le Thaïlandais.
Le combat pour le titre mondial en -67 Kg fut fantastique.
Stéphane Nikiéma, grâce à sa taille, malmenait souvent le champion thaïlandais avec de puissantes séries de coups de genoux, mettant Somsong à rude épreuve. Pourtant, au terme de ce match intense, les juges décidèrent de déclarer Somsong vainqueur.
Toutefois, de nombreux spectateurs convinrent que le français avait, à tort, été privé de la victoire, incitant à l’organisation d’un match revanche quelques mois plus tard.
La revanche se déroula à la Halle Carpentier à Paris, attirant une foule enthousiaste de 5 000 spectateurs.
Cette fois-ci, les deux combattants ne prirent pas le temps de s’observer. Dès le premier round, ils se lancèrent dans un affrontement coriace, échangeant des coups puissants.
Au troisième round, Somsong réussit à placer un terrible crochet gauche au foie de Stéphane Nikiéma, qui s’effondra au sol. Cette fois, Somsong conserva sa ceinture mondiale, démontrant ainsi sa puissance et son expérience face à la nouvelle génération de combattants !
À la fin de l’année 1990, Somsong Kiathoranee se retrouva face à un défi de taille en affrontant le redoutable puncheur Jo Prestia. Ce dernier venait de réaliser un exploit en mettant KO Sannarong Kiathoranee, le petit frère de Somsong, au quatrième round. Désireux de venger son frère, Somsong était déterminé à prendre sa revanche sur Jo Prestia.
Jo Prestia, champion d’Europe d’origine italienne, était connu pour sa puissance de frappe et son style de guerrier qui ne recule jamais sur le ring.
Il avait déjà battu plusieurs des meilleurs combattants français, notamment Mohamed Jami, Bruno Benlabed, et Joël César, et avait également triomphé du grand champion thaï Wattana Soudareth. Plus tard, Jo Prestia va même battre la légende hollandaise Ramon Dekkers.
Le combat se déroula à Paris, avec le titre mondial en -67 kg en jeu.
Mais Somsong ne prit pas Prestia aussi sérieusement qu’il aurait dû. Cette erreur se révéla fatale. Au quatrième round, Jo Prestia exécuta un enchaînement spectaculaire : un crochet gauche suivi d’un uppercut droit qui foudroya Somsong. Le Thaïlandais chuta au sol, tout comme son frère avant lui, et ne put se relever.
Jo Prestia remporta ainsi la ceinture de champion du monde de boxe thaï en -67 kg, devenant le premier étranger à battre le champion thaïlandais et le premier Français de l’histoire à décrocher ce titre.
La revanche très attendue entre le « bûcheron », et le puncheur Jo Prestia se déroula le 16 février 1991 à Saint-Amand-les-Eaux.
Ce combat est désormais légendaire et est souvent qualifié de « combat le plus effroyable de la boxe thaï » en France, en raison de son intensité et des blessures subies par les deux combattants.
Dès le début du match, la rivalité entre les deux hommes était palpable. Au deuxième round, la situation devint critique pour Somsong, qui se blessa gravement au tibia.
Malgré la douleur, il refusa l’intervention du médecin et choisit de poursuivre le combat avec une détermination incroyable. À chaque coup qu’il lançait avec sa jambe blessée, il éclaboussait le ring de son sang, montrant ainsi son courage et sa détermination.
Au fur et à mesure que le combat avançait, Jo Prestia ne tarda pas à subir lui aussi des coups très durs. Dans le dernier round, il fut touché durement au tibia, ce qui affaiblit considérablement sa capacité à continuer. Les deux hommes, déterminés et blessés, offrirent un spectacle impressionnant, mais finalement, Jo Prestia ne put poursuivre le combat.
Somsong sortit victorieux de ce duel acharné, ravissant ainsi le titre mondial à Jo Prestia !
Deux mois après sa victoire contre Jo Prestia, Somsong Kiathoranee tenta une nouvelle aventure dans le monde de la boxe anglaise professionnelle.
En mai 1991, il se rendit à Madrid, en Espagne, où il affronta l’expérimenté boxeur anglais Kevin Plant. Il réussit à mettre son adversaire KO au huitième round.
Cependant, son retour à la boxe thaï ne tarda pas à se heurter à de nouvelles difficultés.
En juin 1991, lors d’un match à Orléans, Somsong se retrouva face au rugueux champion hollandais Dylan Gravenberg, alors champion d’Europe de boxe thaï.
Au premier round, il subit une nouvelle blessure au tibia, alors qu’il tentait d’exécuter un low kick, il heurta le blocage de Gravenberg et s’ouvrit de nouveau gravement le tibia. Sa blessure au tibia de son match face à Jo Prestia n’était pas encore bien cicatrisée.
Le hollandais remporta ainsi le match par arrêt sur blessure, s’emparant du titre mondial au détriment de Somsong…
En août 1991, Somsong Kiathoranee poursuivit sa carrière en boxe anglaise, se rendant à Marbella, en Espagne, pour son deuxième combat professionnel. Il affronta le grand champion américain Harry Arroyo (Champion du monde IBF). Ce match de dix rounds fut une belle expérience pour Somsong, qui perdit aux points. Mais affronter un champion du monde avec seulement deux combats à son actif en boxe anglaise a été un petit exploit pour le thaïlandais.
Le 31 janvier 1992, Somsong se rendit au Luxembourg pour un autre combat de boxe anglaise. Là, il affronta l’américain Carl Griffith (Champion international IBC). Cette rencontre se solda par une dure défaite pour Somsong, qui fut mis KO.
Seulement trois semaines après son KO difficile face à Carl Griffith, Somsong Kiathoranee revint sur le ring le 22 février 1992, en France, à Chanteloup Les Vignes, en banlieue parisienne, pour affronter le champion français Farouk Boudar pour le titre mondial en – 67 Kg.
Farouk Boudar, entraîné par les célèbres Omar Benamar et Liazid Belhaoues au Nemrod Gym, avait une beau palmares avec 21 victoires et aucune défaite. Il avait récemment remporté le titre mondial en battant Dylan Gravenberg, le même adversaire qui avait battu Somsong par arrêt médical.
L’expérience de Somsong joua un rôle crucial dans ce combat. Malgré la jeunesse et l’énergie de Boudar, Somsong utilisa sa puissance et son savoir-faire sur le ring pour prendre le dessus. Somsong s’imposa aux points, récupérant ainsi son titre mondial.
Somsong a également défendu avec succès son titre mondial contre le champion américain Darrel Eckells.
Somsong a effectué une impressionnante carrière avec environ 220 combats pour 190 victoires. Il a été plusieurs fois champion du monde dans les catégories – 67 Kg et – 70 Kg, ainsi que champion du stadium du Radja en – 63,5 Kg, et il a battu de nombreuses légendes thaïlandaises ainsi que les meilleurs champions européens des années 80.
Les combats de Somsong en France ont laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du Muay Thai, captivant le public avec son style agressif et ses terribles low kicks. À chaque apparition sur le ring, l’euphorie du public était palpable, faisant de lui une figure emblématique de l’histoire du Muay Thai en France.
Après sa carrière, Somsong Kiathoranee a transmis son savoir en fondant son propre camp de boxe, le Somsong Gym, dans le village de Ban Dong, à Khon Kaen, sa région natale.
En tant qu’entraîneur en chef, il a formé quelques jeunes talents comme Somsongnoi et d’autres.
Somsong s’est éteint le 18 août 2014, emporté par une insuffisance cardiaque aiguë, à l’âge de 55 ans, dans le village de Ban Dong.
Sa disparition a marqué profondément le monde du Muay Thai, et son héritage continue de résonner dans les rings et dans les mémoires, surtout parmi ceux qui ont eu la chance d’assister à ses fabuleux combats !