AURELIEN DUARTE
Interview d’AURÉLIEN DUARTE
par Serge TREFEU (2011)
Serge TREFEU : Bonjour Aurélien, comment ça va, la forme ?
AURÉLIEN DUARTE : Bonjour ça va très, très bien, merci de me poser la question. Et j’espère que les adeptes du site vont très bien aussi
Depuis ta naissance au Sénégal à Dakar jusqu’à ton arrivée en banlieue parisienne, tu as eu un parcours très anecdotique, peux tu nous conter cela ?
Je suis né à Dakar de parents Cap Verdien, je suis arrivée en France à l’âge de 3 ans. De 3 ans à l’âge de 5 ans, pour des raisons administratives, j’ai été placé dans un foyer de famille d’accueil. Ensuite, j’ai retrouvé ma mère à 5 ans et jusqu’à 8 ans j’ai vécu dans l’Est de la France, dont j’ai toujours une partie de ma famille. Puis, je suis arrivée à 8 ans en banlieue parisienne où je réside toujours
Je crois savoir qu’avant la boxe tu as commencé par faire du basket, tu as beaucoup pratiqué ce sport ?
J’ai commencé tout d’abord le sport par la gymnastique que j’ai pratiqué dans un club à l’âge de 13 ans. Après, j’ai fait du Karaté traditionnel, j’ai été jusqu’à la ceinture marron.
J’ai fait aussi un peu de Tennis de table dans un club. Et vers les années 87/88, il y a eu l’arrivé de la « Jordan Mania », c’était le basket à fond, un peu partout. Donc, oui, j’ai beaucoup joué au basket de 1987 jusqu’en 1992, l’époque où j’ai commencé le Kick Boxing…
Pourquoi tu t’es ensuite tourné vers la boxe ?
Il y a deux raisons, la première raison c’était à l’époque un phénomène de mode, ensuite même si je jouais au basket j’avais un petit passé de karaté, j’aimais les sports de combats. En 1989, il y a eu aussi la « Vandamme Mania » avec le film culte « Kick Boxer », on le voyait partout. Et derrière le film, j’ai vu le phantasme, j’ai vu le challenge, je me suis dis je vais aller tester ce sport. Il s’avère qu’à cause d’une petite magouille d’un club qui m’avait rajeuni d’un an ma date de naissance sur ma licence, j’ai eu un an de suspension par la fédération de basket. Pendant un an, je n’ai pas pu faire de compétition. Alors, durant cette année j’ai été testé la boxe, et je n’ai pas lâché ce sport…
Peux-tu nous parler de ton tout premier club de boxe ?
Mon tout premier club a été l’Union Sportive de Villejuif, un club de Kick Boxing où à l’époque les entraîneurs étaient Francis Hamdaoui, qui a été président d’une des fédérations de Kick Boxing, et Patrick Réa qui était l’entraîneur titulaire. C’est dans ce club que j’ai fait mes armes. J’ai fait mes premiers combats avec eux, j’ai décroché mon premier titre de champion de France de Kick Boxing en classe C
Tu as commencé la boxe par le kick boxing, qu’est ce qui t’a attiré vers le muay thai ?
Oui le Kick Boxing a été ma première discipline. Ensuite, j’ai essayé la boxe Thai par curiosité. Encore une fois par le plus grand des hasards, l’un des mes amis d’enfance dont je suis le parrain de son fils aujourd’hui était dans le club Haute Tension de Jean-Marie Merchet à Vitry. Il faisait de la boxe Thai dans ce club. Il m’a dit « vient essayer la boxe Thai, tu es grand, les techniques de coup de genoux cela pourrait être bien pour toi ». Voila, c’était en 1993, j’ai découvert le club Haute Tension
Il y avait quelques champions déjà dans ce club ?
Pas énormément, il y avait Krim Hamitech (Champion d’Europe de Boxe Thai) qui était champion de France de Kick Boxing en 92, Alex Lopez aussi qui était champion de France, d’autres dont je ne me souviens plus les noms, ne m’en veuillez pas les anciens. Ensuite, il y a eu Pascal Lafleur (Champion d’Europe de Kick Boxing), Cyril Diabaté (Champion du Monde de Boxe Thai) qui sont venus et bien d’autres…
A cette époque à Haute Tension il y avait un gros Team de compétiteur qui s’est formé ?
Oui et mes entraîneurs de l’US Villejuif m’ont laissé gentiment partir à Haute Tension, ils ont bien vus que leur club était plutôt basé sur le loisir. Si je voulais développer ma carrière, je devais aller dans un club avec plus de compétiteurs et de possibilité de faire beaucoup de compétitions. Je suis donc parti en très bon termes avec mes anciens entraîneurs
Au début de ta carrière est ce qu’il y a des boxeurs qui t’ont fait rêvés ou qui t’ont inspiré ?
Bien sûr, toute l’école Hollandaise, Rob Kaman, Ernesto Hoost, André Manaart, Fred Royers, Ramon Dekkers, chez les Français Richard Sylla, François Pennachio, Youcef Zénaf, il y avait tellement de monde, j’ai toujours été fan. Cela ne se voit pas sur le web mais quand je te parle dans ma voix tu le sens, je suis un fan de boxeur. Même dans les petits galas, les mecs du club, en classe B, en classe A, tous ces gens qui dégageaient une énergie, une volonté, ils m’ont donné l’envie d’aller sur le ring, d’aller loin dans la compétition. Ce sont tous des initiateurs, dans la vie on a besoin de « locomotive », de gens qui sont des révélateurs, tous ces gens que j’ai cité m’ont appris, m’ont révélé à pointer du doigt ce que je voulais faire…
Tu as un sacré palmarès, peux tu nous le décrire ?
J’ai eu 4 titres de Champion de France en Kick Boxing, 2 titres de Champion d’Europe en Kick Boxing et un en Boxe Thai, et 7 titres mondiaux en Kick Boxing, Boxe Thai et Karaté Shidokan. Le Karaté Shidokan est une forme des prémices du combat libre que l’on a pratiqué ensuite…
Combien as-tu de combats toutes disciplines confondues ?
120 combats avec 104 victoires, 2 nuls et 14 défaites. J’ai environs 60 victoires par KO, arrêt sur blessure, ou abandon. J’ai toujours été un puncheur. J’étais incisif, rapide, j’arrivais souvent à abréger le combat avant la fin !
Tu as gagné tes titres mondiaux contre qui ?
J’ai gagné sept titres de champion du monde. Mais j’en ai perdu aussi au moins sept car parmi mes défaites il n’y a pratiquement que des championnats du monde. Mon premier championnat du monde en 1995, après seulement trois ans de pratique, a été contre Dominique Siegler. Un transfuge de la boxe Française. C’était pour un championnat du Monde de Kick Boxing, même si j’ai perdu, c’est un bon souvenir ce combat face à cette machine qu’était Siegler. Ensuite, j’ai rencontré Orlando Wiet, une référence à l’époque, pour un championnat du monde de boxe Thai. Les juges avaient donné un match nul.
Pour ma troisième tentative en 1996, j’ai rencontré de nouveau Olando Wiet que j’ai battu aux points. C’est mon premier titre de champion du monde, champion du Monde de boxe Thai. Après, il y a eu Peter Claig, un élève de Fred Royers, qui à l’époque était surnommé « le petit Kaman ». Un boxeur très, très fort, je l’ai combattu à Milan en Kick Boxing, pour un championnat en 12 round. J’ai rencontré Marco London, un Hollandais de la colonie Hollandais de St Martin. Il était très fort en Kick Boxing et en Karaté Shidokan, je l’ai affronté 3 fois, en 1996, en 1997 et en 1998. En 1998, nous avons fait un super championnat du monde en 13 rounds, en finale d’un tournoi Karaté Shidokan à Chicago, c’était monstrueux !
J’ai un bon souvenir aussi d’un championnat du monde en Italie contre un italien dont je ne me rappelle plus le nom. Mon titre de champion du Monde « King of The Ring » en 2004 contre le bosniaque Ninic, est aussi un grand souvenir !
En 2006, à Chatillon, ce fût un bon souvenir aussi, mon titre de champion du Monde de Kick Boxing contre le portugais Mendès avec une victoire par KO !
Quels sont les titres dont tu es le plus fière ?
Sincèrement, ce sont plutôt des grands combats que j’ai fait dont je suis le plus fier. Notamment le combat que j’ai fait contre Moussa Sissoko à Bercy, en 2000. Nous avons mis tout Bercy debout, nous avons fait un combat de guerrier !
Aussi, mon dernier combat du mois de mai (2011) contre Frédéric Bellonie. Là encore, nous avons montré une énergie, une motivation, d’un très haut niveau de combat. Sans être prétentieux, nous avons fait vraiment une belle prestation. Mais j’ai eu tellement de belle rencontre, sur plus de 100 combats il faudrait que je fasse le trie. A chaque fois que je suis monté sur le ring, j’ai vécu, j’ai vibré, j’ai tremblé, j’ai eu peur, j’ai aimé, chaque combat à sa particularité…
Tu as combattu en Kick Boxing et en Boxe Thai, as-tu essayé d’autres disciplines ?
J’ai essayé le Full Contact, j’ai fait un seul combat en Full Contact contre Gerald Garros (Frère de Christian Garros, champion d’Europe de boxe Thaï). Sinon, j’ai été dans les pionniers, en toute modestie, du combat libre en France. Puisque j’ai combattu au Golden Trophy en 1994. C’était du combat mix, debout avec les poings et au sol, avec des saisies, des projections, des soumissions. Par contre, il n’y avait pas de frappes au sol. Je me suis beaucoup entraîné au judo et en jujitsu pour ces combats. J’ai combattu en karaté traditionnel aussi. Et en karaté shidokan, un karaté sur ring !
Quelles sont les techniques que tu aimais bien appliquer en combat ?
J’aimais bien les coups de pieds circulaires, les middles, les highs kicks. Parce que j’étais souple, j’aimais bien lever les jambes. Ensuite, quand j’ai subi les poings, j’aimais bien les poings. Pareil pour les coups de genoux, j’aime vraiment toutes les opportunités qu’offre la boxe Thaï de pouvoir s’exprimer avec toutes les parties du corps
Tu as déjà combattu en Boxe anglaise ?
Non, je n’ai jamais combattu en boxe anglaise. Mais j’ai mis les gants avec des professionnels. J’ai tourné avec Franck Mezaache (Champion d’Europe Pro), avec des membres de l’équipe de France. J’ai mis les gants avec des très hauts partenaires en boxe anglaise. Parce que c’est une très bonne école. En Europe, la boxe anglaise c’est 50 % du travail dans la boxe pied et poing…
Au début des années 90 tu es partis en Thaïlande, comment cela s’est passé là-bas, dans quel camp tu t’es entraîné ?
En 1993, j’ai débarqué en Thaïlande dans un camp à Chonburi, une banlieue industrielle entre Bangkok et Pattaya, c’était au Panayan Gym. J’avais une lettre d’introduction de Pud Pad Noy qui était l’entraîneur de Guillaume Kerner et aussi l’entraîneur de Jean-Marie Merchet, mon entraîneur. Je suis arrivée là-bas sans argent, je m’étais fait payer le billet d’avion par une bourse au projet du service des jeunesses de ma ville. J’ai débarqué avec mon sac de sport, mes « Jordans », dans un camp sans aucun étranger. Je dormais par terre chez un boxeur, du camp. Je m’entraînais avec les boxeurs, je mangeais avec eux, j’étais le seul étranger. C’était vraiment une super expérience, très dur physiquement. Mais enrichissant humainement et sportivement, j’en garde un grand souvenir. Je suis retourné tous les ans dans ce camp, comme j’étais étudiant, durant les vacances de févriers, des séjours courts mais très intenses
Tu as combattu en Thaïlande ?
Je n’ai pas eu l’occasion de combattre en Thaïlande car à l’époque je faisais 74 Kg et 1m87. Le classement en Thaïlande se faisait jusqu’à 67 Kg. Les Thaïs voulaient me faire descendre en poids jusqu’à 67 Kg. Mais j’ai toujours été consciencieux. A 73 Kg, je me sentais bien, à 71 Kg je ne tenais plus debout. J’ai refusé un combat en 70 Kg car c’était trop léger pour moi. Et à l’époque, ils n’étaient pas intéressés par les combat au dessus de 70 Kg. Donc, j’ai été très souvent en Thaïlande pour m’entraîner et je n’ai boxé qu’une seule fois à l’Anniversaire du Roi, dans un tournoi et c’était en – 83 Kg…
Grande expérience quand même l’Anniversaire du Roi ?
Oui magnifique, 200 000 personnes en plein air. Mais je ne te parle pas des conditions d’organisations, de la folie. Nous étions livrés à nous même. Nous n’avions même pas le temps de s’échauffer, c’était un peu le « bordel » mais j’en garde un bon souvenir
Jusqu’à aujourd’hui, quels champions les plus coriaces as-tu rencontré ?
J’ai eu beaucoup de combats difficiles. Je t’ai parlé de Dominique Seigler mais je me souviens de championnat de France classe C où je suis tombé contre des adversaires très fort. Contre Moussa Sissoko, que j’ai rencontré deux fois, c’était une vrai « machine ». Aussi, contre Bellonie, Kaoklai, Tyron Spong, c’était dur. Tyron Spong était extrêmement fort, contre Stéphane Nikiéma aussi qui était très fort, il m’avait battu aux points. Il n’y a pas de combat facile, les adversaires en face à partir d’un certain niveau sont toujours bien préparés et motivés. Les combats ont tous des difficultés différentes mais tous sont un vrai challenge !
Tu as combattu dans le monde entier, quel est ton meilleur souvenir jusqu’à maintenant ?
Chaque « meilleurs souvenir » efface le précédent. Donc mon meilleur souvenir il y a deux ans contre Tyron Spong, où pour moi j’ai fait de la figuration. Je n’ai pas boxé. Puis après le KO rapide contre Kaoklai, le combat contre Bellonie. Là, j’ai boxé, je me suis exprimé, je me suis fais plaisir, je suis monté sur le ring pour faire ce que j’avais à faire. J’ai obtenu tellement de bonheur, tellement de satisfaction, que cela m’a effacé les souvenirs précédents. A chaque combat tu crées des nouveaux souvenirs, cela efface les anciens, plutôt cela met de côté les anciens souvenirs…
Que penses-tu du niveau mondial actuel en Muay Thai ?
En Muay Thai, je ne suis pas particulièrement le championnat Thaïlandais, je regarde juste les combats internationaux à la télé, je regarde sur internet. Mais je pense que le niveau a augmenté de manière énorme. J’accompagne des jeunes en junior, en espoir, et ils font des choses énormes, des coups de genoux sautés, des retournés. Avec seulement quelques combats, ils maîtrisent les techniques. Je pense qu’avec internet, la facilité des voyages discount, on va en Thaïlande plus facilement. Ce qui était plus difficile à notre époque. Je pense que le niveau a bien évolué, et c’est bien car cela rend les combats intéressants. Cela donne des challenges encore plus intéressants aux combattants, et les victoires n’en sont que meilleurs
Peux tu nous parler de ton club actuel ainsi que ton rôle d’entraîneur ?
Je n’ai pas de club attitré, je suis un polyvalent, professionnellement je suis chargé de mission au service des sports de la ville de Villejuif depuis 2000, c’est mon travail la journée. Tous les soirs, depuis 1998, je donne des cours, le lundi et vendredi, je donne des cours de Muay Thai dans un petit club à Claye-Souilly dans le 77, c’est un petit club familial. Le mardi, le mercredi et le jeudi, je suis au Chatillon Boxing qui est maintenant l’ACSC (Association Châtillonaise des Sports de Contacts). On fait du Muay Thai en loisir mais aussi un peu en compétition. Il y a Pascal Ducros (Champion du Monde) qui entraîne en Kick Boxing. Moi j’entraîne en boxe Thai. Je travail le week-end en « personnal training » avec Pascal Lafleur dans le quartier du Marais à Paris, nous donnons des cours privés. Et depuis le mois de janvier, je suis l’entraîneur officiel du GIGN en pied et poing, j’entraîne les gars du GIGN le mercredi. Le vendredi matin, je m’occupe d’adolescent qui rencontre des problèmes dans leur parcours scolaire, dans leur vie, on essaye de leur redonner goût à la vie par le biais d’activité comme le sport. Je fais beaucoup de chose, j’essaye de me servir de tous ce que m’a apporté mon éducation, la boxe, le sport en général. Je fais de l’enseignement du Muay Thai là où on ne l’attend pas, à des élèves de l’école maternelle, des loisirs. Il y a beaucoup de gens qui font du Muay Thai traditionnel, je les remercies c’est très bien. Mais moi j’essaye d’apporter une autre facette, de toucher un public qui pense que le Muay Thai n’est pas pour eux, j’essaye de rendre le Muay Thai accessible à tous le monde, et c’est faisable…
Tu as déjà tenté l’expérience dans l’organisation de combat ?
J’ai aidé à organiser, j’ai essayé à chaque fois d’apporter une petite contribution. Mais je pense que la meilleur manière d’avoir aidé les promoteurs pour qui j’ai boxé c’est en faisant venir du monde, j’ai toujours un public qui me suit. I y a souvent eu beaucoup de monde dans les salles grâce à mon nom. J’en suis fier et conscient. Je remercie tous ces gens qui m’ont soutenu. Mais je n’ai jamais organisé pleinement un gala, j’ai assisté parfois des galas, j’ai souvent fait de la communication autour de l’événement, des émissions de radios, etc..
Pendant un moment tu as assuré la sécurité dans des boîtes de nuit Parisienne, comment s’est passé cette période là, est ce que t’a science du combat t’a beaucoup servi ?
Alors c’est une partie de ma vie, comme beaucoup de compétiteurs que j’ai connu, où j’ai travaillé la nuit. Beaucoup de gens me disaient, « tu es champion du Monde et tu travailles la nuit ? ». Pour résumer, en France, il n’y a pas de statut de sportif de haut niveau pour la boxe pied et poing, donc il y a un moment il faut que tu fasses un choix. J’ai décidé de faire une carrière de boxeur. Mais cela ne me permettait pas de vivre financièrement. J’ai continué à combattre car j’aimais ça. Mais à côté de cela, il fallait que je paye mes factures. Donc de 1993 à 2000, j’ai travaillé la nuit dans des boîtes, dans des bars, j’ai eu un sponsor qui s’appelait « Dominique » qui m’a très bien payé, que je remercie encore aujourd’hui, qui m’a permis de m’entraîner l’après midi et de travailler un petit peu le soir. Cela m’a permis de bien mener ma carrière, de rencontrer du monde, de travailler…
Le travail de nuit est un travail noble et digne comme toutes les tâches, c’est vrai que c’est un peu fatiguant. Mais je pense que si on a fait appel à moi et à beaucoup de combattants, de champions, pour faire de la sécurité, dans des endroits où parfois il peut y avoir des risques, la nuit les gens se lâche plus, ils sont parfois un peu « chaud », c’est parce qu’on a de la diplomatie, du self control, du calme, du respect. Même pour « le mec bourré » qui t’insulte, nous étions là pour calmer le jeu et dénouer les situations problématiques. Surtout pas pour frapper. Parce que des videurs qui font ça, il y en a plein, je leur laisse la bêtise de s’exprimer comme ça. Pour moi, une soirée qui se déroulait bien, c’était quand à la fin de la soirée, il n’y avait pas eu de bagarre. Et je pense que pour ce boulot on a utilisé plus mes compétences de diplomate que de boxeur…
Tu es l’oncle de Stomy Bugsy (célèbre acteur et chanteur), Stomy a fait de la boxe Anglaise, d’ailleurs à l’époque j’ai commencé la boxe Anglaise dans le même club que lui en 1989, le Boxing Club As Poulbot à Montmartre, je me souviens, c’était un bon boxeur, tu as eu l’occasion de mettre les gants avec lui ?
Oui, il a d’ailleurs fait quelques combats avec des bons résultats. Mais il a arrêté la boxe car il y avait trop de sacrifice à faire, trop de restreinte, c’est un fêtard, toutes ces contraintes ce n’était pas pour lui. C’est un passionné de boxe, il a assisté à beaucoup, beaucoup de mes combats. Aujourd’hui, il est dans le cinéma et fait une super carrière, actuellement il est aux États-Unis
Tu as créé un très beau magazine sur les sports pieds et poings qui s’appelait « Men’s Fight » qui a malheureusement cessé de paraître, peux tu nous en parler ?
Oui malheureusement. C’était un super projet, je m’étais associé avec un copain Philipe Miot, un busines man qui avait lancé des magazines. Il avait vu que la presse pied et poing était un petit peu pauvre en France. D’ailleurs, il serait intéressant de revenir à l’époque où j’ai sorti Men’s Fight. Car j’ai l’impression que Karaté Bushido et Punchmag ont changé leur formule, leur charte graphique, un peu à cette période là. Donc je suis content avec mon équipe d’avoir contribué à l’amélioration de la qualité graphique de ces magazines que j’apprécie et que je lis toujours. Voila, on a misé sur un magazine et on c’est « planté », on a tenté une expérience humaine, on n’en vendait pas assez. Notre financier voulait rentrer dans ses frais très vite, et au bout du compte nous avons vendu seulement la moitié de ce que vendait Karaté Bushido qui sont là depuis 30 ans. C’était quand même une belle victoire. Mais le comptable, il compte, et il dit « ce n’est pas rentable ». Comme je n’avais pas les reins solides pour le financer, nous avons arrêté au bout de deux magazines. Mais ce fût une super aventure !
Tu viens de rencontrer Fréderic Bellonie, un « ancien » comme toi, tu peux nous dire tes impressions sur ce combat dantesque ?
Après mon combat contre Kaoklai (Défaite par KO), je voulais remettre les choses au clair. J’ai pris un « Luky punch » dans ce combat. J’en ai donné aussi durant ma carrière. J’ai toujours su que cela faisait parti du jeu. J’ai eu la chance de passer au travers. Mais ce jour là, je l’ai pris. Ce jour là, je n’étais pas triste d’avoir perdu, d’avoir pris un KO. Mais j’étais triste de n’avoir pas pu m’exprimer sur le ring, j’avais un goût d’inachevé.
Donc, j’avais dit, si j’avais un challenge intéressant, je remonterais sur le ring. Le challenge cela a été Frédéric Bellonie qui est champion du monde en titre, un très bon boxeur. En plus, c’était un camarade de club. J’ai dit oui tout de suite pour ce challenge.
Je me suis bien préparé physiquement et surtout mentalement. Je me suis bien nettoyé la tête, dépollué de pleins de choses qui me faisaient parasite. Au final, je suis monté sur le ring comme un jeune boxeur de 20 ans, sans complexe, et je me suis donné à fond dans ce combat. Avant le verdict (victoire aux points), j’étais tellement heureux d’avoir bien boxé, d’avoir pris du plaisir sur le ring, j’avais ma dose de bonheur, que la victoire c’était trop pour moi. Seul les boxeurs qui sont montés sur le ring ou les passionnés me comprennent. J’étais simplement content d’avoir fait un beau combat contre Fred.
Et aujourd’hui, je crois, le prochain combat que je ferais je n’attendrais même pas la décision. L’intérêt c’est que je me fasse plaisir. Après, que les juges fassent leur boulot, cela me regarde pas. Je ne boxe pas pour gagner mais pour me faire plaisir. Je pense avoir gagné ce combat parce que j’ai été très efficace.
Fred a été peut être un peu plus actif, il a son opinion, d’autres ont une autres opinions, c’est l’une des richesses de notre sport. Sur trois juges qui voient le même combat, il y a parfois trois avis différents. Je respecte tous les points de vues. Si Fred pense avoir gagné, très bien si cela le satisfait, je pense avoir gagné aussi. On continue à être amis, à avancer, voila. Mais Fred si tu m’écoute, si tu veux une revanche. Avec ton titre en jeu cela peut être un beau challenge. On peut se croiser de nouveau sur le ring, la proposition est ouverte, la balle est dans ton camp…
Quels sont tes projets pour le futur ?
Au niveau de la boxe j’attends des propositions, je ne suis plus prêt physiquement et trop occupé pour faire une saison. Mais par contre, je peux me préparer pour un combat, pour un grand événement. J’ai beaucoup d’obligations professionnels et familiales. J’ai deux enfants, je développe aussi de plus en plus mon activité de coaching personnel. Je veux continuer à diffusé le Muay Thai en sport de masse. J’aimerais aussi développer le coaching mental, j’essaye de me former la dessus. Car dans notre sport c’est beaucoup le mental. Et de continuer ma vie, de voir mes enfants grandir, de voir mes amis, de profiter de chaque jour…
Tu veux ajouter quelque chose ?
Un grand merci à toi, Serge, un grand merci aux internautes de Siamfightmag, un grand merci à tous ceux qui font avancer le Muay Thai, aux champions, à ceux qui font des blogs sur le net sur le Muay, aux femmes de champions qui préparent leur affaires, aux présidents de club. Même aux fédérations, je pense du bien d’eux maintenant, à tous ceux qui font avancer notre discipline en France et dans le monde !
Merci d’avoir répondu à cette interview et chookdee pour tes projets !
Merci, Chookdee à toi !
Aurélien Duarte est un véritable « Gentleman des rings », aussi droit sur le ring qu’en dehors. Cet énorme puncheur est un grand champion, très humble. Après tant d’année passée sur les rings du monde entier, il est toujours aussi passionné par son sport. Ce boulimique des sports de combat a rencontré des grands combattants en pied et poing avec toujours des affrontements mémorables. Ces combats contre Orlando Wiet, Moussa Sissoko, Stéphane Nikiéma, Dominique Siegler, Marco London, Ashwin Balrak, César Cordoba, Frédéric Bellonie, sont désormais des combats cultes du pied et poing !
AURELIEN « MAGIC » DUARTE
Taille : 1m87
Poids : 75 kg/85 Kg
Nombre de combat : 120. 104 victoires. 2 nuls. 14 défaites
Titres :
Kick Boxing
Champion du monde (1997, 1999, 2004, 2006)
Champion d’Europe (1994)
Champion de France (1992, 1993, 1994)
Boxe Thaï
Champion du monde (1996, 2000)
Champion d’Europe (1994, 1995)
Karate Shidokan
Champion du monde (1998)
AURELIEN « MAGIC » DUARTE VS MOUSSA SISSOKO