DANY BILL
INTERVIEW DE DANY BILL
PAR SERGE TREFEU (2007)
SERGE TREFEU : Bonjour Dany, est ce que tu va bien et as tu la forme ?
DANY BILL : Super, super, on est la toujours en forme, ça va.
Tu as commencé la boxe à quel âge ?
A 13 ans, le full contact.
Tu boxais dans quel club ?
C’était un club à Stains, mais j’ai oublié le nom.
Tu habitais où ?
A Stains, j’ai grandi là-bas dans le 93.
Dans quelle catégorie tu as commencé la boxe ?
En 55 Kg. Premier combat en 57 Kg.
Tu te souviens de ton premier titre majeur ?
Le championnat de France que j’ai décroché vers dix huit ans.
Parle-nous de ton palmarès qui est impressionnant ?
J’ai à peu près 120 combats, une dizaine de défaites mais sept vrais défaites car j’ai eu des vols…
Tu boxais uniquement en Muay Thai ?
La plupart en Muay Thai mais j’ai fais aussi quelques combats au Japon sans les coups de genoux, cinq ou six fois.
Dans le style du K1 Max ?
Oui, c’est ça
La première fois que tu as été en Thaïlande c’était en quelle année ?
En 1992
Tu t’entraînais dans quel camp là-bas ?
Le premier camp au Jocky Gym avec Stéphane Nikiéma
Tu as toujours été au Jocky ?
Oui souvent au Jocky mais aussi au Sityotong à Pattaya.
Tu dormais et vivait dans le camp ou à l’extérieur ?
D’abords on a dormis avec les thaïs dans le camp mais après on a pris des chambres parce que c’était dur au début…
Qu’est ce que le fait de t’entraîner en Thaïlande t’a apporté de plus qu’en Europe ?
Ca m’a apporté de mieux progresser, il y en a qui ont été en Thaïlande et qui non pas progresser, d’autres si, ça dépend. Pour moi ça m’a appris comment vraiment boxer en Muay Thai.
Quels conseils donnerais tu à un jeune qui veux partir en Thaïlande pour ce perfectionner ou combattre ?
De boxer, si il peut boxer car c’est sur le ring qu’on apprend. S’entraîner sérieusement et boxer car c’est sur le ring qu’on progresse…
Tu as beaucoup combattu en Thaïlande, combien as-tu fais de combats la bas ?
Une trentaine de combats.
Combien de fois as-tu combattu dans les stadium du Radja et du Lumpinee ?
Je n’ai jamais boxé au Radja, je boxais qu’au Lumpinee. J’ai du faire une quinzaine de combats au Lumpinee. A l’époque je boxais pour Songchaï et lui il était promoteur qu’au Lumpinee. Après il a changé, il a été au Radja et maintenant il a son propre stadium.
Tu as rencontrés et battus les meilleurs champions thaïlandais chez eux, est ce que tu as eu l’opportunité de combattre pour une ceinture du Lumpinee ?
Non car pour boxer pour une ceinture du Lumpinee, il faut rester au moins deux ans la bas. J’ai boxé que pour le titre mondial, six fois en tout…
Tu as boxé à travers le monde entier, quel est ton meilleur souvenir de combattant ?
Quand j’ai pris mon premier titre mondial à 20 ans. J’ai remplacé au pied levé Jo Prestia. Je n’étais pas entraîné et j’ai gagné le match alors qu’on m’avait appelé la veille, le matin et le lendemain j’ai gagné le titre…
C’était pour l’anniversaire du Roi le 5 décembre 1993. Une grande réunion, y avait Nikiema, Dekkers qui boxaient, en tout y avait sept européens contre sept thaïlandais et je suis le seul à avoir gagné, et ça pour moi c’est le meilleur souvenir…
Ton plus dur combat en Thaïlande tu t’en souviens ?
Non, je n’ai pas souvenir d’avoir souffert…
Contre Kobal par exemple, ce n’était pas un combat chaud ?
Non, ce n’était pas chaud contre Kobal car je n’étais pas prêts. Quinze jours avant j’avais des soucis familiaux, je n’étais pas dans le combat, ce n’était pas dur pour moi…
Préférais-tu affronter des champions thaïs ou européens ?
Moi, aujourd’hui j’ai fais mes preuves en Thaïlande. Le plus important c’est de rencontrer les meilleurs thaïs, ceux qui sont au top. A l’époque, y a dix ans, quinze ans, ils étaient au top maintenant ça a changé, il y a la nouvelle génération, même les thaïs ils le savent que ça a changé. Je préférais boxer les meilleurs thaïs à l’époque. Les européens ce n’est pas pareil, c’est autre chose…
Quand tu boxais en Thaïlande ou en France, pouvait tu vivre de ton sport ?
Oui, car je boxais régulièrement.
Tu es un boxeur «Fimeu» (technicien), as-tu des techniques préférées ?
Je n’ai pas de technique préférée. Je cherche à être complet, travailler l’art du Muay Thai.
Tu es un des rares nakmuays à faire des «balayages directs», comment tu faisais pour maîtriser cette technique ?
J’ai beaucoup travaillé. Tu sais aujourd’hui, il y a beaucoup de gens que je regarde boxer même ceux qui sont au top en France, en Hollande ou en Europe et personne a fais le style de boxe que je faisais. Comment j’ai fais, après c’est sur le ring fallait trouver la faille et moi je trouvais les failles pour le faire…
Est-ce qu’il y a des boxeurs en particuliers qui t’on inspiré ou que tu as aimé leurs boxes ?
Oui, les thaïs comme Krongsak. Krongsak c’est un grand champion que beaucoup de gens on oublié, il a fais c’est preuves en Europe, il a été battu par personne. Et d’autres thaïlandais, il y en a beaucoup. Aujourd’hui c’est Seanchaï. A l’époque c’était Chatchaï un boxeur du Sityotong qui est décédé, c’était un ami à moi là-bas. Et aussi au Jocky Gym il y en a quelques uns qui sont fort en technique.
Tu es un pur nakmuay mais n’as tu jamais voulu boxer dans d’autres disciplines ?
Parce que ça m’intéressais pas. Maintenant il y a le free fight et je suis prêt à essayer contre un mec du free fight pour voir comment c’est…
Peux tu nous expliquer pourquoi avoir choisir de faire partager ta passion en donnant des cours de Muay Thai ?
J’en avais marre d’être dans les salles d’autres gens. J’apprenais rien ailleurs alors je me suis dis, ce que je sais j’ai vais l’apprendre tout seul et en même temps donner un peu de ce que je connais…
Dans quel club tu enseignes actuellement ?
Ici au club Komite 232
Comment se passe une séance d’entraînement ?
Typique Muay Thai. On travaille la base du Muay Thai!
Aimerais-tu avoir des compétiteurs ?
Oui, j’en ai déjà quelques un. Cinq, six et deux, trois filles aussi…
Est-ce que tu vas continuer à boxer ou définitivement raccrocher les gants ?
Là ça fait un an que je n’ai pas boxé. J’ai repris l’année dernière en 2006 et j’ai boxé en Superleague. Franchement, je suis jeune et encore motivé. J’ai envie de rencontrer les meilleurs européens et revenir au top. Parce que j’ai encore dix ans devant moi…
En dehors du Muay tu as une autres passion, «les platines», tu peux nous parler de ce que tu as déjà réalisé et tes futurs projets ?
J’ai fais déjà six albums américains, des compilations. Ca fait presque dix ans que j’ai un label de musique. Actuellement, je suis en train de développer une émission sur la boxe thai, sur le câble. Ca commencera normalement en janvier et cela passera sur 3A Télé SUD, vingt six minutes uniquement sur le Muay. Je vais faire de la pub dans les magazines pour cette émission, on en parlera bientôt…
Merci beaucoup et CHOOK DEE pour tes projets ?
Merci à toi et que le site et les amateurs de boxe thaï se fassent plaisirs, et que ce sport grandisse plus loin…
DANNY BILL
Date de naissance : 28 avril 1973 à Douala (Cameroun)
Taille : 1m75
Poids : 65-67 Kg puis 72 – 75 Kg
Nombre de combats: 120. 110 victoires. 40 KO. 10 défaites
Palmarès boxe thai :
Champion de France cadet 1998
Champion de France junior 1989
Champion de France classe A 1990
8 fois champion du monde de 1993 à 1999 !
N’a pas participé au championnat d’Europe car à l’époque le titre est détenu par Farouk son compagnon de club qui est dans la même catégorie.
BIOGRAPHIE DANY BILL
Dany Bill c’est le magicien des rings, il sait tout faire et boxe comme un thai. Avec lui, le danger vient de partout, aussi bien des poings que des pieds. Son coup d’oeil est inouï. Il maîtrise avec une aisance naturelle les projections, balayages et saisies du muay thai.
Au niveau mondial, il est classé parmi les plus grands techniciens de ces vingt dernières années.
Il a commencé par le kick boxing en 1984 mais c’est bien vite tourné vers le muay car cet art correspondait mieux à son caractère. En fait, le déclic a eu lieu après avoir vu le match mémorable entre Kaman, la star du moment et Krongsak, champion du lumpinee fraîchement arrivée en France. Krongsak avec un handicap de dix kilos a dominé le grand champion hollandais !
En 1985, il commence a s’entraîner au Nemrod Boxing de Stains qui est tenu par des figures du muay thai des années 80, Rachid Saadi, Yazid et Omar Benamar, ancien champion d’Europe. Omar et Rachid vont tout de suite détectés en Dany un phénomène du muay et vont très vite mener leur poulain vers de grandes victoires. Dany va rester longtemps au Nemrod avec Omar puis ensuite ira au RMB Boxing à Saint Ouen créé par Rachid Saadi.
Il fait son premier combat à seulement quatorze ans et gagne aux points. Il va enchaîner les combats jusqu’au championnat de France cadet où en 1988, il gagne la final par Ko au 2ème round.
L’année d’après, il devient champion de France Junior en gagnant par Ko au 1er round !
En 1990, Dany rentre dans la cour des grands et devient champion de France classe A.
Mais c’est en 1991 qu’il prend conscience de ses énormes possibilités. A tout juste dix huit ans, à Paris dans la célèbre salle Japy, il créé la surprise en battant aux points, le champion thailandais Samart (ne pas confondre avec Payakaroon), classé n° 1 au stadium du Radja.
Ensuite, il va remporter une victoire aux points contre le teigneux Fred Klose à Chanteloup-les-Vignes en banlieue parisienne.
Sa première défaite, aux points, il l’enregistre en 1992 contre le thailandais Nongmoon, alors actuel numéro un du lumpinee et qui vient de battre le redoutable Kobal. Il prendra sa revanche contre le thai en 1997 à l’Arena de Gagny en le battant par arrêt de l’arbitre aux troisièmes rounds sur un magistral coup de coude.
L’année 1993 va le propulser sur la scène mondiale. Au pied levé Dany remplace le champion Joe Prestia (gravement blessé au dos) pour disputer un Championnat du monde à Bangkok. Il bat le thai Den Muangsurin aux points et devient ainsi le premier occidental a conquérir une ceinture mondial en Thaïlande !
Durant les années 93 et 94, il ne combat pratiquement qu’en Thaïlande. Dany qui avait fait ses premiers combats en Thaïlande dans des bars de Pattaya a maintenant une cote très élevée, il est demandé partout, sa photo apparaît souvent lors de grande organisation dans le pays, surtout au stadium Lumpinee. Dans cet antre célèbre du muay thai, il y combattra sept fois en tout !
Un des ses premiers camp d’entraînement a été le Sityotong mais c’est au Jocky Gym qu’il est resté le plus longtemps partageant ses heures d’entraînements avec Stéphane Nikiema, aussi habitué du camp.
En Thaïlande, il enchaîne des victoires spectaculaires contre Nokwee Devy, Pananonlek et remet sa ceinture en jeux contre Saïdkan, victoire aux points. Il subit juste une défaite aux points contre le terrible puncheur de l’époque, Kobal.
De retour en France, il remet sa ceinture en jeux contre le thaïlandais Mo Kong Kuk à Clermont Ferrand, victoire aux points. Puis contre le thaïlandais Vichan au Cirque d’hiver, victoire aux points.
Ensuite, il s’attaque à un champion d’un très gros calibre, la star du moment, Joel César qui est l’homme à abattre. Dany, pour leur première rencontre s’impose de justesse. C’est un match mémorable dans lequel Dany Bill finit sur les talons face à la machine de guerre qu’est Joel César.
Deux mois plus tard, les deux champions se retrouvent et Dany Bill survole le combat en gagnant aux points.
Le 18 mars 1995 au Palais Omnisports de Thiais, il rencontre le puncheur Hollandais Gravenberg. Dany domine complètement son adversaire et reste donc champion du monde.
Le 17 novembre 1995, à Levallois Perret, Dany est opposé aux grands guerriers Joe Prestia qui avait mis fin à sa carrière et revient après deux années d’inactivités. Ceinture en jeux Dany s’impose nettement aux points devant le courageux Prestia.
En Autriche, en 1996, il bat aux points le thaïlandais Saimai Suk. Puis de nouveau un championnat contre Vichan, victoire aux points.
L’année 1997 est marquée par son succès sur le légendaire nak muay Ramon Dekkers qu’il bat aux points à Paris.
Puis en 1998 il mystifie l’ancien champion du Lumpinee Orono en le battant aux points à Paris.
Enfin, pour sa dernière remise de ceinture en jeux à Coubertin en 1999, il perd contre l’immense champion Satmongkon. Dany perd aux points mais ne peut exprimer tout son talent victime d’une vilaine blessure.
Son dernier combat, il va le livrer à la fête du Roi à Bangkok. Le 5 décembre 2000, il perd aux points contre le thailandais Kaholan. Dany Bill, pour cette dernière rencontre n’a pas fait un grand combat mais n’a pas bénéficié d’une bonne préparation, juste une dizaine de jours !
En tout ce prodige aura combattu trente fois au pays du Siam et affronté les champions les plus renommés de sa génération au quatre coins du monde.
Sa reconversion, il ne la fait pas du tout dans le milieu du muay mais dans la musique et plus particulièrement dans le Hip hop. Dany est passionné depuis son enfance par la black musique et les rythmes endiablés de la soul, du funk et du rap. Vers 13-14 ans, il dansait déjà le smurf en compagnie de ses potes et avec un nommé Didier Morville qui sera connu plus tard sous le nom de Joey Starr.
Dany avait donc depuis un bon moment la mouvance Hip hop dans la tête. En 1999, il s’associe déjà avec Olivier N’Guessan (organisateur de soirée) et investissent tout les deux dans un studio à Metz. En aout 2000, ils partent aux Etats Unis à New York pour rencontrer des producteurs. Dany ira sept fois dans la megalopole à la recherche de nouveaux artistes.
Le duo prend sous contrat plusieurs groupes de Rap américain comme “Sondoo” qui vendra plus de 5000 disques en 2000 !
En 2001, leur deuxième album, “D Originators” se vendra à plus de 7000 exemplaires. Ils ont déjà produits cinq albums. Leur étiquette s’appelle “Undergroundacademy”. Dany et N’Guessan organisent des festivals Rap à travers toute la France et Dany se transforme parfois en DJ Bill derrière les platines.
Cette ascension fulgurante dans la production Hip Hop n’empêchera pas Dany Bill de penser au muay thai. Depuis trois ans qu’il a mis un terme à sa carrière de nak muay, ses poings et ses jambes le démangent plus que tout.
Le 25 octobre 2003 dans une organisation signée Rachid Saadi, Dany remonte sur le ring et affronte le multiple champion Aurélien Duarte. Le combat se fait à près de 80 Kg, une catégorie où Dany Bill n’a jamais boxer. Face au grand champion Duarte le manque de ring de l’ancien prodige se ressent. Et surtout, les os de Bill ne sont plus trop habitués aux coups violents du muay. Dans le deuxième round, malheureusement, Dany va se fracturer la cheville sur un low kick bien bloqué par Aurelien Duarte. Avant d’être évacué du ring pour l’hôpital, le malchanceux Dany trouvera quand même le moyen de s’excuser au micro auprès de son public. Un combat à refaire.
Mais la perle du muay thai français ne va pas en rester là. Après avoir consolidé ses os, il rentre avec fracas dans le célèbre Tournoi international la “Super League” où les combats en muay se font sans les coudes.
A Budapest, en janvier 2006, il affronte le brésilien De Sousa dit Gibi et perd aux points en ayant outrageusement dominé son adversaire.
Le 11 mars 2006, toujours pour la Super League, au Palais des sports d’Issy-les-Moulineaux, Dany Bill qui n’a rien perdu de sa technique, bat aux points l’Italien Roberto Cocco actuel champion du monde ISKA et WKN de boxe thai. Face à ce redoutable nak muay à l’anglaise dangereuse, Dany a toujours la classe !
D’ailleurs, un film retraçant le parcours de ce sportif accompli va bientôt sortir en DVD, un régal à voir.
Ce phénomène des rings qui n’a pas encore vidé toute ses cartouches va on l’espère nous faire de nouveau vibrer…
By Serge TREFEU