DIDA DIAFAT
Interview de Dida DIAFAT
par Serge TREFEU (2010)
Serge TREFEU : Bonjour Dida ca va bien. Tu es venu en Thaïlande pour couvrir l’événement important qui a lieu ce soir. Le France/Thaïlande avec deux ceintures du Lumpinee en jeux pour Farid Villaume et Kamel Jemel ?
DIDA DIAFAT : Oui je suis venu avec Orange TV qui retransmettra les combats sur Orange Sport le 7 mars.
Je suis venu supporter Farid et Kamel pour le titre suprême, le titre de champion du Lumpinee !
Comment sens-tu cette soirée ?
Ca va être une soirée explosive. On est là pour la ceinture du Lumpinee face à des adversaires qui sont champions ce ne peut être qu’explosif. Maintenant souhaitons que ce soit de notre côté…
Un tel événement n’a pas eu lieu depuis 1999 ou Stéphane Nikiéma et Morad Sari ont combattu pour des ceintures du Lumpinee ?
Oui mais je ne me rappelle pas de ce moment, je n’ai pas le souvenir, je n’étais pas là…
Tu as été l’un des premiers français de ta génération à venir en Thaïlande, peux tu nous dire c’était en quelle année ?
C’était en 1989
Dans quel camp tu as été la première fois ?
Au camp Sor Thanikul puis après au camp Sor Ploenchit
Tu es resté longtemps au Sor Thanikul ?
Non je n’ai pas pu rester très longtemps car il y a eu une fusillade dans le camp pendant l’entrainement.
Des gens sont passés en moto et ont jeté une bombe dans le camp.
Et trois semaines plus tard le propriétaire du camp a eu une bombe qui a explosé dans sa voiture…
C’était « chaud » alors à cette époque en Thaïlande ?
Oui
Ensuite tu as été au camp Sor Ploenchit ?
Oui et si tu connais ce camp, à mon goût c’est le plus grand et le plus magnifique camp de Thaïlande !
C’est vrai c’est un très beau camp. Et tu as été le premier étranger à venir s’entrainer dans ce camp prestigieux ?
Exactement. C’est le camp des nakmuays Fimeuu (technicien), comme moi…
Combien de temps tu es resté la première fois en Thaïlande ?
Sur les conseilles d’un ami Gérard Loureiro je suis resté six mois là-bas.
Gérard ma dit « tu vas galérer, mais reste six mois là-bas ca va payer ».
Ensuite il a fait la même chose avec Brahim Asloum pour les Jeux Olympique qui est venu s’entrainer dans le même camp
Cela a effectivement payé car quand tu es rentré en France tu as rencontré et battu les meilleurs ?
Oui exactement. Je suis devenu Champion du Monde deux ans après. Et à vrai dire ce camp est un camp porte-bonheur, car Brahim Asloum c’est entrainé dans ce camp et ensuite il est devenu Champion Olympique !
Peux-tu me remémorer les champions les plus connus que tu as affrontés ?
Mii Yeu Yeu (Il y en a eu beaucoup). Cobal (2 fois), Cantaloni, Sonnaline, Darris, Payen, Dekkers (2 fois), Cunningham (2 fois), Saïmaï (2 fois)…
C’était quand même des pointures à cette époque, qu’est ce que cela te faisait d’affronter ces redoutables champions ?
Pour moi c’était un nom sur un papier. C’était un gars comme moi, il est entrainé, je suis entrainé et voilà…
Certains étaient des terreurs, je pense à Dekkers, Cobal, Cantaloni, personne voulait les affronter en Europe à cette époque ?
Oui mais on est là aussi, on doit se faire respecter en respectant les autres.
Et puis on fait le travaille, en toute humilité…
Quel a été ton combat le plus dur ?
Très bonne question. Tous les combats sont durs. Vraiment tous les combats ont été dur…
Contre Cobal par exemple cela n’a pas été l’un de tes plus durs ?
Oui contre Cobal c’était très dur. Mais je le redis tous les combats sont durs, tous !
Lorsque tu étais en Thaïlande tu as fait une belle rencontre, tu as rencontré la Star Jean-Claude Vandamme. Comment c’est passé cette rencontre ?
Tout simplement. On était là au Lumpinee à regarder des combats.
Il parlait français, je parlais français. Je lui ai dis « qu’est ce que tu fais là », il ma répondu « je suis là pour un film et toi ? », j’ai dis « moi c’est pour la boxe ». Après il ma proposé d’aller manger un truc ensemble.
On est sorti du stadium et on a été mangé dans un petit resto devant le Lumpinee, après on est devenu « pote », voilà…
Tu lui as fait visiter un peu Bangkok ensuite ?
Il connaissait déjà la Thaïlande
C’est toi qui l’a emmené dans le camp Sor Thanikul car dans le film « Kickboxer » on voit une scène qui se passe dans ce camp ?
Exactement, bravo Serge. Quand il va chercher à s’entraîner pour affronter Tong Po, il va dans un camp et c’est le Sor Thanikul !
Justement en parlant de Jean-Claude Vandamme. Bientôt il va faire un combat contre Somrack Khamsing, qu’est ce que tu penses de ce fight ?
Somrack il ne va pas tenir. Jean-Claude est trop puissant, trop fort…
Somrack Khamsing il est très fort techniquement quand même ?
Oui mais il n’a pas la puissance de Jean-Claude. Moi je vois un KO au 2èmes rounds ou au 3èmes rounds, une victoire de Jean-Claude !
Tu sais où aura lieu le combat, il était question de Las Vegas ?
C’est encore tenu secret…
Tu l’a conseillé Jean-Claude ?
Je lui ai dis de bien dormir et de boire de l’eau. Il a suivi une bonne préparation avec Gérard Loureiro et Christiano Ronaldo !
Que penses tu du Muay Thai actuellement en France ?
Et bien Serge, je pense que ce soir au Lumpinee il y a sept combats avec des français dont deux ceintures du Lumpinee. On a fait un grand pas en avant…
Et on dirait que cela va continuer car il y a deux ceintures du Radja aussi en pourparlers avec des français ?
Oui le 12 mai exactement. Faut être là le 12 mai. Je serai là avec Orange TV au Radja. Ensuite le 12 août pour l’anniversaire de la Reine, le 5 décembre pour l’anniversaire du Roi, on sera là !
Tu vas couvrir tous ces événements avec Orange Sport ?
Exactement
C’est vraiment un grand pas en avant depuis 10 ans on n’avait pas vu cela pour le Muay français ?
Oui et je vois quand tu poses la question, il y a un peu d’émotion dans ta voix.
Tu connais un peu le parcours, tu es là depuis longtemps, tu sais qu’il y a eu un creux pendant longtemps.
Mais aujourd’hui je suis fière de cette génération française du Muay Thai
Quels sont les nakmuays de la nouvelle génération qui sont bon pour toi ?
Toute l’équipe de France qui est là, la nouvelle génération, mise à part Farid et Kamel qui sont des anciens. Le petit Damien Alamos qui a 19 ans est vraiment bon. Et tous ceux qui suivent derrière, ils sont très forts…
A ton époque vous étiez plus des guerriers qui allaient au combat « à l’arrache », eux aujourd’hui tu penses qu’ils sont plus techniques ?
Oui ils ont évolués, ils boxent Muay Thai, comme les thaïlandais. Ils ont vraiment la boxe des thaïs !
Tu veux ajouter quelque chose ?
C’est un grand plaisir de pouvoir participer à cet événement. Je suis touché par cette invitation, profondément touché…
Merci Dida pour cette interview et Chookdee
Merci Serge, Chookdee à toi !
Dida DIAFAT, premier boxeur pieds-poings médiatisé, a eu l’ascension la plus fulgurante de l’histoire du Muay français. Ce guerrier qui ne renonçait jamais était doté d’une merveilleuse boxe anglaise.
Il maîtrisait aussi parfaitement toute les techniques de coup de coude avec en prime un superbe jeu défensif.
Dida a combattu à travers toute l’Asie en Thaïlande, à Hong Kong ou à Macao. Sa combativité de guerrier était appréciée des asiatiques et en 1997, il a reçu en Thaïlande une prestigieuse récompense : le vase “Songh Shaï”.
Et il est élu “l’étranger qui représente le mieux la boxe thaï dans le monde”. Sa récompense lui est remise par le premier promoteur mondial de boxe thaï, Songchaï lui-même !
Après sa carrière Dida devient un véritable businessman en créant sa propre marque de vêtements, KOBEY dont une partie des bénéfices générés par KOBEY est reversée à des associations qui œuvrent en faveur des jeunes issus des quartiers en difficulté.
Et depuis deux ans, Dida est chargé de mission pour organiser et développer les sports de combat dans toutes les banlieues de France. C’est la Ministre de la santé et de la Jeunesse et des sports, Roseline Bachelot qui l’a nommé pour cette délicate mission…
DIDA DIAFAT
Poids : 63 / 67 Kg
Taille : 1m73
Nombre de combat : 87 combats. 76 victoires. 10 défaites. 1 nul.
Palmarès : Champion du Monde de Boxe Thai. Champion du Monde de Kick Boxing.
16 titres de champion du Monde disputés dont 11 remportés !
CHAMPIONNAT DU MONDE DIDA DIAFAT VS DARRIS
BIOGRAPHIE DIDA DIAFAT
Dida DIAFAT, premier boxeur pieds-poings médiatisé, a eu l’ascension la plus fulgurante de l’histoire du muay français. Ce guerrier qui ne renonçait jamais était doté d’une merveilleuse boxe anglaise. Il maitrisait aussi parfaitement toute les techniques de coup de coude avec en prime un superbe jeu défensif.
Son histoire on commence à la connaître par le biais de son bouquin sorti en 1999 “Dida de l’enfer de la banlieue à Hollywood” et de son film “Chook Dee” sorti en 2005.
Petit caïd de la cité du Puits de la Marlière à Villiers-le-Bel en banlieue parisienne, Dida c’est tiré du cercle infernal de la délinquance en rencontrant par hasard le muay thai. Il a poussé la porte de la salle de gym de Villiers-le-Bel et en voyant une séance d’entraînement de boxe thaï, a eu un vrai déclic. Bagarreur très violent, il a compris que ce sport pouvait canaliser ses excès et surtout changer sa vie.
Son premier combat en 1988 à Stains il le perd durement et prend conscience qu’il faut être plus qu’un baggareur endurci pour devenir un grand boxeur.
Agé seulement de 18 ans, tel un aventurier, il s’envol au pays des champions du monde de boxe thaï en Thaïlande à dix milles kilomètres de chez lui, alors qu’il n’était encore jamais sorti de sa cité…
Au pays du muay, il galèrera beaucoup avant de trouver un camp et de s’imposer parmi les nak muays. Dida durant ses nombreux voyages en Thaïlande a tourné dans de nombreux camps tel le Petmuantrad, le Luk Ban Yaï et même le célèbre Seor Plonchit. Mais c’est au Sor Tanikul son premier camp ou il est resté le plus longtemps.
Durant cette année en Thaïlande, il fera l’une des plus belles rencontre de sa vie. Au stadium Lumpinee, dans la Mecque du muay thai ou il y boxera trois fois durant sa carrière, Dida parmi le publique de connaisseur, sympathisera avec un dénommé Jean-Claude Vandamme. Acteur belge qui est en Thaïlande pour le repérage de son prochain film “Kick Boxer” sorti fin 1989. Il naîtra entre les deux passionnés de boxe une amitié indestructible. Dida va faire découvrir son camp le Sor Tanikul à Vandamme qui y tournera une scène importante de son film. Plus tard c’est Vandamme qui fera découvrir à Dida le tout Hollywood…
De 1989 à 1990, Dida effectue de nombreux aller retours entre Bangkok et la France. Sa détermination hors norme le hisse rapidement jusqu’au championnat de France classe A de boxe thaï ou il décroche le titre en 1989 par KO au quatrième round.
A l’époque il s’entraîne au club de Villiers-Le-Bel avec ses potes de toujours les boxeurs, Atonga, Leon, Scalp, Joss et Numbo puis s’inscrit au Derrek Boxing le fameux club de La Courneuve. Avec les frères Desjardins ses nouveaux entraîneurs, il va franchir rapidement les étapes qui vont le mener jusqu’au titre suprême.
En 1990, pour la ceinture européenne, il perd aux points contre le redoutable nak muay Fabrice Payen. Puis, en 1991, il échoue sur deux tentatives de championnats du monde contre des terreurs du ring que sont Cantaloni et Kobal.
Face au grand champion du Lumpinee des années 80, Cantaloni frère du légendaire Samarth Payakaroon, Dida faillit mettre KO le thai au cinquième round avant de s’incliner aux points.
Ensuite, il affronte le terrible puncheur Kobal, champion du lumpinee et perd aux points.
Il l’affrontera de nouveau quelques années plus tard en s’inclinant de nouveau aux points. Dida déclarera d’ailleurs que Kobal a été son plus coriace adversaire de toute sa carrière, en citant “affronter un mur c’est dur…”
En juin 1991 c’est l’ultime consécration. Au Palais des sports de Nanterre plein à craqué, Dida rencontre l’actuel N° 1 du Lumpinee de la catégorie des – 63 Kg le thaïlandais Sonnaline qui a déjà 95 combats au compteur. Dida avec seulement 26 combats à son actif ne part pas favori. Le titre de champion du monde de muay thai est en jeux. Après trois rounds époustouflant ou aucun des deux combattants ne veut céder, Dida sur une série de gauche droite foudroie littéralement le thai. Dida à seulement 21 ans, en seulement trois ans de pratique du muay devient champion du monde, ce qui est un exploit !
Le promoteur Sami Khebchi le prend alors sous sa coupe et le fait boxer dans de prestigieuses réunions.
Il boxe à la même affiche que le combat Kaman/Roufus qui a lieu à Paris le 20 décembre 1991 dans le stade gigantesque de Bercy. Pour un championnat du monde de boxe thai, Dida bat aux points le thaï Darris.
Il s’oriente parallèlement au kick boxing et fait son premier championnat du monde en 1992 au palais des sports de Levallois contre le biélorusse Chemiakim qu’il gagne par abandon au sixième rounds.
Début 1993, à Paris, Dida, ceinture en jeu, affronte une légende du muay Ramon Dekkers. Sur ce combat, il subit la terrible pression du puncheur Ramon durant les premiers rounds. Mais au troisième round sur un magistral coup de coude, il ouvre Dekkers méchamment sur le front. Il gagne par arrêt de l’arbitre !
Il retrouvera Dekkers à Paris pour un nouveau combat titanesque ou cette fois-ci, il remportera la victoire aux points contre le seigneur du muay un peu diminué, c’est vrai par une perte de poids importante la veille du combat…
En juin 1993 au stade Pierre de Coubertin Dida gagne aux points un nouveau championnat du monde de boxe thai contre le thai Muangphet.
Dida devient une petite star dans le milieu pied et poing. Il est d’abords élu meilleur boxeur pied poing de l’année. Enfin, il devient le premier boxeur pied poing au monde à signer un contrat d’exclusivité avec la chaîne Canal+. Ses combats sont retransmis en direct et en prime time !
Dida est un garçon chanceux. Lors de son premier championnat du monde sur TF1 à minuit. Le célèbre couturier Pacco Rabanne assiste à son combat, il est aussitôt subjugué par le talent du nak muay. Et le lendemain dit à son assistante de contacté Dida. Il signe alors avec lui un contrat pour porter sa marque et devient ainsi le premier boxeur sponsorisé par la haute couture. Il créé avec Dida par la suite une ligne de vêtement de sport, Paco Athletic.
La notoriété du champion de muay devient tellement grande qu’il signe ensuite pour Nino Cerrutti, Fila, Mercedes ! Il a été le seul boxeur avec le champion du monde de boxe anglaise, l’américain Riddick Bown à être porter par la marque Fila…
En 1994, il rencontre une autre légende du ring, l’extraordinaire technicien Peter “Sugarfoot” Cunningham. Champion du monde de kick boxing depuis des années et invaincu dans sa discipline. A Las Vegas, Dida fait une rencontre fabuleuse, bousculant sévèrement le champion. La décision tombe, match nul ! Cunningham conserve sa ceinture…
Il retrouvera, au Zenith de Paris, en juin 1996, pour une revanche Peter “Sugarfoot” Cunningham. Après un combat mémorable, Cunningham s’imposera aux points.
Le 12 novembre 1994 à Marseille, en manque de préparation du à un tournage de film aux Etats-Unis avec Jean-Claude Van Damme, Dida perd son titre de champion du monde de muay, aux points, contre le thaïlandais Saïmaï. Ce boxeur qui monte deviendra plus tard champion du Lumpinee et conservera sa ceinture contre Sari, Prestia, Dekkers et de nouveau Dida…
De 1995 à 1997 Dida combattra souvent mais avec des résultats irréguliers, perdant parfois contre des adversaires de moindres niveaux que lui ce qui lui valu des critiques sévères de certains gens du milieu de la boxe thai et d’une partie du publique français. Publique parfois intolérant qui le sifflait lors de ses fins de combats. Certaines personnes lui reprochaient de parfois s’afficher trop avec Vandamme ou de “frimer” en venant à la salle avec des voitures de luxes sapés comme un prince. On peut juger l’homme mais pas le boxeur. Car en tant que boxeur, il a toujours fait son boulot correctement…
Dida va donc s’expatrier et combattre beaucoup à travers l’Asie en Thaïlande, à Hong Kong ou à Macao. Sa combativité de guerrier est appréciée des asiatiques et en 1997, il reçoit en Thailande une prestigieuse récompense : le vase “Songh Shaï”. Il est élu “l’étranger qui représente le mieux la boxe thaï dans le monde”. Sa récompense lui est remise par le premier promoteur mondial de boxe thaï, Songchaï lui-même…
Il met fin à sa carrière bien remplie en janvier 1998 après avoir combattu sur les rings du monde entier et affronté les combattants les plus chauds de sa génération.
Il sort un livre sur lui, puis fait un film à succès. Investit dans une société de cosmétique. Dida devient très médiatisé. Il est invité sur beaucoup de plateau de télévision. Petit banlieusard au langage de cité, il est maintenant parfaitement à l’aise dans des débats ou des émissions télévisés.
Dida devient un véritable businessman en créant sa propre marque de vêtements, KOBEY, devenue très apprécié des sportifs de hauts niveau et des stars du show-business pour la grande qualité et la souplesse de sa large gamme.
Une partie des bénéfices générés par KOBEY, est reversée à des associations qui oeuvrent en faveur des jeunes issus des quartiers en difficulté. Dida ne renie pas ses origines…
By Serge TREFEU