INTERVIEW DE CÉDRIC GAUTIER, ENTRAÎNEUR ET PROPRIÉTAIRE DES CAMPS « ELITE FIGHT CLUB »
BY SERGE TRÉFEU (2022)
Bonjour Cédric, tu es originaire de quelle région de France ?
Bonjour Serge, je suis originaire d’Alsace et j’ai passé 18 ans à Paris avant la Thaïlande
Est ce que tu étais sportif avant de découvrir la boxe ?
Oui, j’ai toujours fais beaucoup de sport, notamment du ski à haut niveau quand j’étais jeune
Quelle a été ta profession durant tes années en France ?
J’étais DJ et producteur, j’avais deux émissions sur M6 Music
Comment tu as découvert le Muay Thai ?
J’ai découvert le Muay quand j’étais gamin à la télé. A l’époque, il y avait de temps en temps des combats à la télé et j’ai toujours été fasciné par ce sport avec dans l’idée de venir un jour en Thaïlande
Dans quel club tu as commencé à t’entraîner ?
J’ai commencé par le Karaté quand j’étais petit. Mais j’ai arrêté au bout de deux ans parce que j’étais le seul gamin du club. Ensuite, j’ai fait de la boxe française. Je me suis mis au Muay Thai quand je suis arrivé à Paris. Mais au début, vraiment en loisir. Je me suis entraîné au club Kayjin, un peu chez André Zeitoun et après chez Jean-Charles Skarbowsky
Qu’est ce qui t’a attiré dans ce sport ?
Au début, je ne sais pas trop. Après, quand j’ai arrêté ma carrière de DJ pour faire de la boxe, c’était que, dans ce sport qu’est la boxe, tu ne peux pas t’inventer une vie, tu es tout de suite ramené à la réalité. Ce n’est pas comme dans la musique où beaucoup s’inventent des vies que ce soit sur les réseaux sociaux ou ailleurs…
Tu as effectué des combats en France ?
Non, seulement en Thaïlande
Est ce que tu connaissais le monde du Muay Thai français, des champions et des entraîneurs connus ?
Oui, mais pas très bien, ma vrai immersion dans le Muay Thai s’est faite sur le tard, en Thaïlande
En quelle année tu es parti pour la première fois en Thaïlande ?
En 2011
Tu t’es entraîné dans des camps de boxe en Thaïlande ?
Je me suis entraîné au camp Elite Boxing où j’ai fait la connaissance de l’entraîneur Gae et au camp Ratachai à Phuket
Comment se sont passés tes premiers entraînements en Thaïlande, quelle sensation tu as ressenti par rapport aux entraînements en France ?
Au début, je suis arrivé en voulant m’entraîner tranquillement, juste deux à trois fois par semaine comme en France. Et je me suis pris au jeu en venant deux fois par jour. La principale différence c’est le travaille aux paos qu’on n’a pas beaucoup en France. Aussi, l’intensité des entraînements, surtout en arrivant au camp Elite Boxing, il n’y avait quasiment que des boxeurs professionnels
Est ce que tu as combattu à Bangkok ou ailleurs en Thaïlande ?
Oui, à Bangkok et à Phuket
Dans quelle catégorie tu as combattu ?
80/84 Kg
Combien de combats tu as effectué ?
J’ai fait sept combats avec 4 victoires et 3 défaites
Quelle technique tu préférais le plus en combat ?
Mon point fort c’était le kick jambe arrière, basique, au début, j’ai dû faire que cette technique pendant quelques mois…
Quel a été ton combat le plus dur ?
Contre un thaïlandais à Phuket, j’avais un problème de genou et il m’a allumé en low kick jusqu’au 4ème round avant que mon genou lâche. Quand tu te fais shooter, quelques fois tu deviens une proie facile…
Ton meilleur souvenir de combattant ?
Quand tu gagnes !
Est ce que tu as une anecdote particulière à nous raconter que tu as eu à l’occasion d’un fight ou d’une préparation d’un combat ?
Un combat que j’ai pris à seulement une semaine de préparation et que je n’avais pas vraiment envie de faire. Avec mon entraîneur Gae, qui s’est mis à mes côtés pour la préparation, cela a été sept jours en enfer (Rire). J’ai perdu le match par K.O., sans bobo, je n’étais pas dedans, comme quoi cela sert à rien de forcer le truc…
Que penses tu des combattants thaïlandais ?
Ce sont les meilleurs. Même si la France est une grande Nation de Muay Thai. Ici, c’est le sport national et beaucoup boxent pour manger
Quels sont tes champions thaïlandais préférés ?
Superlek, Panphayak, Lerdsila, après, bien sûr, Superbon qui est un pote avec qui je bosse
Et les champions étrangers ?
Jean-Charles Skarbowsky, bien sûr ! Stéphane Nikiéma, Antoine et Léo Pinto qui ont vraiment marqué le Muay Thai en Thaïlande. Après, il y en a plein comme Youssef Boughanem qui a aussi une carrière incroyable !
En quelle année tu es devenu le propriétaire du camp Elite Fight Club à Bangkok, tu peux nous raconter comment tu as eu l’opportunité d’acquérir ce camp ?
Cela c’est fait vers la fin de l’année 2016, début 2017, l’ancien propriétaire ne voulait plus s’occuper du camp. Il cherchait un repreneur qui pouvait gérer Gae, donc la liste était petite (Rire). Je l’ai fait vraiment sur un coup de tête, sans vraiment réfléchir, je suis parti à l’aventure
Est ce qu’il y avait des compétiteurs connus dans ce camp ?
Oui, nous avons eu pas mal de monde au Elite Fight Club, Ylia Grad, Benz, Leo Monteiro, Berneung, Adaylton Freitas, KonKom etc…
Tu es devenu entraîneur, est ce que tu étais seul pour préparer les combattants ou tu étais assisté par d’autres entraîneurs ?
Non, j’ai une équipe d’entraîneur avec moi
Tu as dû devenir manager pour faire combattre tes élèves, en tant que manager étranger, est ce que cela a été difficile d’intégrer le circuit des boxeurs professionnels thaïlandais ?
Écoute, pas trop, ou alors je ne m’en suis pas rendu compte. Depuis que je viens en Thaïlande, je suis très ami avec Gae. Nous avons été partout ensemble et au début, il me présentait toujours comme DJ à la télé en France, ce que j’étais d’ailleurs, donc j’ai rencontré pas mal de monde avant de reprendre le camp
Les combattants de ton camp combattent dans tous les grands stadiums de Bangkok ?
Oui, aujourd’hui, j’ai des contacts avec tous les promoteurs d’ici
Aujourd’hui, quels sont les combattants les plus connus qui représentent ton camp ?
Nous redémarrons la team Pro après le covid. J’ai le petit Hakim Kotbi qui vient de la team Diouka en France, il est là pour un moment et on va essayer de faire de belle chose ensemble. J’ai aussi Saw Htoo Aung qui est champion du monde en Lethwei, il a 20 ans et c’est aussi un combattant très prometteur. D’ailleurs, les candidatures sont ouvertes à ceux qui pensent avoir ce qu’il faut pour combattre en Thaïlande !
Combien d’entraîneurs tu as actuellement et quels sont leur spécificité ?
Entre Bangkok et Hua Hin, j’ai une dizaine d’entraîneurs, j’essaie d’avoir des profiles différents avec chacun leur point fort
Est ce qu’il y a beaucoup d’étrangers qui viennent s’entraîner dans ton camp ?
Oui, la clientèle est en majorité étrangère. Mais nous avons aussi des thaïlandais
Quelle particularité supplémentaire tu offres aux étrangers qui veulent venir s’entraîner dans ton camp par rapport à d’autres camps thaïlandais ?
C’est la technique, les bases, on apprend à marcher avant de courir, on est pas là pour faire taper les élèves aux paos et leur faire croient qu’ils tapent fort. Moi, j’ai appris sur le tard et j’ai tout repris depuis le début en Thaïlande. Pendant des mois, Gae ne me faisait faire que des low kicks jambe arrière, j’en ai fait des milliers
Tu as beaucoup de boxeuses qui s’entraînent au Elite Fight Club ?
Oui, les femmes s’intéressent de plus en plus à la boxe que ce soit en loisir ou en combat
La plupart des étrangers qui viennent s’entraîner dans ton camp sont des compétiteurs ?
Nous avons tout les niveaux
Quelle est la plus grosse difficulté pour un étranger de gérer un camp de boxe en Thaïlande ?
Que ce soit un camp de boxe ou tout autres business, tu es confronté à des différences culturelles qu’il faut apprendre à gérer…
Tu as ouvert un autre camp Elite Fight Club dans la région de Hua Hin au sud du pays, tu peux nous en parler ?
A Hua Hin, c’est un camp avec un petit resort (Hôtel). Nous avons aussi notre propre stadium. Nous allons commencer les combats au début de la saison touristique. Hua Hin c’est le top, le soleil, la mer, c’est calme, parfait pour s’entraîner
Est ce que tu vas ouvrir d’autres camps Elite Fight Club dans le pays ?
J’ai quelque chose en tête mais il est un peu tôt pour en parler, si cela se concrétise, vous en entendrez parler rapidement
Durant la période Covid, en Thaïlande, cela été très difficile pour beaucoup de camps de boxe, comment s’est passé cette période compliqué pour ton business ?
Cela a été très compliqué, à un moment j’ai pensé que j’allais tout perdre. En Thaïlande, nous avons aucune aide. J’ai mis tous ce que j’avais pour sauver les camps. Heureusement qu’on est arrivé au bout parce que moi j’y étais au bout…
En France, le Covid a aussi fait très mal aux organisateurs de show de boxe, qu’est ce que tu penses de l’état actuel du Muay Thai en France ?
Cela m’a l’air de ne pas trop mal se porter, la pratique se démocratise, les salles sont pleines, c’est top. Maintenant, il faut venir faire des stages aux camps Elite Fight Club !
Est ce que tu suis l’actualité du Muay Thai en France ?
Oui, forcément en temps que français je me dois d’avoir un œil dessus. Heureusement, il y a siamfightmag !
Qu’est ce que tu aimes le plus en Thaïlande ?
L’énergie de ce pays, c’est difficile à expliquer mais cela a été une évidence pour moi de venir vivre ici
La France ne te manque pas ?
Un petit peu, forcément
Tu retournes souvent en France ?
J’essaie d’y retourner une fois par an
Tu es marié avec une thaïlandaise ?
Non, ma compagne est tchèque
Est ce que tu te vois finir tes jours au pays du Muay Thai ?
Pourquoi pas ou entre la France et la Thaïlande. Mais je ne pourrai jamais complètement quitter la Thaïlande
Est ce que tu veux ajouter quelque chose ?
Je pense que j’ai tout dit. Merci à toi pour cette interview !
Merci pour cette interview et Chook Dee pour tes futurs projets !
Le Elite Fight Club existe depuis 2010. C’est un camp de boxe très bien agencé, il est situé dans le centre de Bangkok, au 10ème étage d’un complexe de condominiums haut de gamme qui surplombe les quartiers chics de Thonglor et Phrom Pong de Sukhumvit Road. Le camp est équipé d’installations ultramodernes et bénéficie d’entraîneurs professionnels chevronnés. Le complexe comprend également des salles de musculation, des salles de fitness, des hammams, des jacuzzis et une magnifique piscine.
Le camp Elite Fight Club Hua Hin est situé dans la station balnéaire de Hua Hin à 200 Km au sud de Bangkok. C’est un camp luxueux avec une piscine, un restaurant et un splendide resort. Le camp est en pleine nature, proche de la mer et d’une réserve d’éléphants. Le complexe contient également un stadium privé !
Ajahn Gae Sor Keawsuek (Suthat Muangmun) est l’un des entraîneurs les plus populaires du circuit thaïlandais. Cet entraîneur expérimenté a été longtemps l’entraîneur en chef du Elite Fight Club de Bangkok. Il entraîne au Elite Fight Club depuis 2011. Aujourd’hui, Ajahn Gae est associé avec Cédric Gautier et s’occupe personnellement de la préparation de la stars du One Championship Superbon Banchamek (Champion du monde One Championship Kick Boxing, champion de Thaïlande, vainqueur du tournoi Kunlun Fight).
De nombreux grands champions thaïlandais sont passés aux paos avec Ajahn Gae comme Nonsai Sor Sanyakorn, Changpuek Sor Keawsuek, Super Benz, Superbon Banchamek, ainsi que des champions étrangers tels que Ramazan Ramazanov, Dzhabar Askerov et bien d’autres.
Durant sa carrière de combattant, Gae Sor Keawsuek était surnommé « Chang Nga » (La défense d’éléphant) car c’était un boxeur puissant au punch redoutable. Gae a combattu durant deux ans pour le célèbre camp Wor Worapon Gym de Bangkok. Il s’entraînait, à l’époque, avec les stars du camp telles que Payrot Wor Worapon (Champion du Lumpinee), Rattanachai Wor Worapon (Champion du Lumpinee), Singsamphan Wor Worapon (Champion du Lumpinee), Singthong Wor Worapon (Champion du Radja). Une grave blessure lors d’un match au stadium du Radja a malheureusement mis fin à la carrière de Gae. Il n’a pas pu avoir la chance de combattre pour un titre d’un grand stadium.
Site Web Elite Fight Club :