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Interview de ROMAIN DENEVAUT ROSSI, patron de la célèbre marque de Muay Thai made in Thailand « SKS » !

Temps de lecture : 6 minutes

Interview de ROMAIN DENEVAUT ROSSI, patron de la célèbre marque de Muay Thai made in Thailand « SKS » ! by Serge TRÉFEU (2024)

Bonjour Romain, merci pour l’interview. Depuis combien de temps es-tu installé en Thaïlande ?

Bonjour Serge, je suis arrivé en Thaïlande en 2006 avec mon professeur de Muay Thai, Piem Outhaithavy. Cela fait donc 17 ans…

Le professeur Piem Outhaithavy

Tu as commencé le Muay Thai à quel âge ?

Assez tard, à l’âge de 20 ans, dans un club à Nantes en Bretagne. Je suis d’origine corse mais j’ai grandi en Bretagne

C’était dans quel club ?

Le club nantais S.N.S.C. de Piem Outhaithavy. Piem est un Laotien expert en Muay Thai, très renommé. C’est l’un des pionniers du Muay Thai dans l’ouest de la France

Qu’est-ce qui t’a attiré dans ce club de Muay Thai ?

C’est le fait que ce soit un Asiatique qui entraînait dans ce club qui m’a attiré. Je voulais pratiquer un sport de contact d’Asie du Sud-Est avec un professeur authentique…

Tu as combattu en France ?

En France, je n’ai pas fait de compétition officielle. Ce n’étaient que des inters-clubs. J’ai fait une dizaine de combats entre clubs

Est-ce que tu connaissais des champions de cette discipline lorsque tu as débuté le Muay Thai ?

Oui, bien sûr. C’est aussi un peu ce côté magique des grands champions de boxe thaï qui m’a fait aimer ce sport. La première fois que j’ai vraiment découvert ce sport, c’est quand j’ai visionné les DVD « Kick Boxing Anthology » (sortie en 2004 et 2005). J’ai vu les combats de folie de Skarbowsky, Nikiéma, Prestia, Villaume, Sari, Dekkers, Dany Bill, Dida, Krongsak, Kaman, Jérôme Le Banner, Kamel Jemel…

En 2006, tu as donc atterri à Bangkok avec ton professeur Piem Outhaithavy, comment s’est passé ton premier séjour au pays du Muay Thai ?

Je suis venu avec Piem pour les championnats du monde amateur de Muay Thai. Je n’ai pas participé à cette compétition mais je me suis greffé au staff de la team de Piem qui m’avait invité à venir avec lui. Lorsque j’ai débarqué à Bangkok, cela a été un vrai choc de culture. Nous sommes partis directement en bus de Bangkok dans la région de Lopburi, à trois heures de route, et nous avons atterri dans un village qui s’appelle Kok Samrong où se trouvait le camp du légendaire Wangchannoi !

Tu t’es entraîné dans son camp ?

Oui, nous sommes restés une dizaine de jours dans ce camp authentique. Ensuite, les boxeurs sont allés à Bangkok, je les ai accompagnés, et trois semaines plus tard, ils sont tous repartis en France, et moi, je suis resté en Thaïlande. Mon professeur Piem était surpris et le jour de leur départ, il m’avait demandé : « Tu es sûr que tu veux rester en Thaïlande… ? ». J’avais envie de découvrir ce pays, sa culture, son sport, par moi-même, je voulais partir un peu à l’aventure…

Tu es resté à Bangkok ?

Je suis parti à Pattaya parce que j’avais dans l’idée de faire de la boxe mais aussi du commerce, du business, car j’avais une expérience dans le domaine du textile, particulièrement dans le prêt-à-porter streetwear. J’ai travaillé à Paris pour IV my People, le label du rappeur Kool Shen. J’ai aussi travaillé avec 2 High, la marque de Kool Shen

Tu t’es entraîné dans des camps de boxe à Pattaya ?

Un peu au camp Sityodtong et d’autres camps à touristes. Mais ce n’étaient que des entraînements vite faits…

Quel a été ton premier camp de Muay Thai où tu t’es entraîné sérieusement ?

Je suis retourné dans la région de Lopburi, avec mon sac à dos et le peu d’argent qui me restait, et j’ai trouvé par hasard le camp Singklongsi, un camp roots perdu dans la campagne. J’étais dans un bus et j’ai vu deux boxeurs qui couraient sur la route, c’étaient Luknimit et Oy. Je suis descendu du bus et je leur ai dit « Muay Thai, Muay Thai, training, training..with you… » (Rires)

Comment ils t’ont accueilli dans leur camp ?

Bah d’abord, ils m’ont demandé si j’avais de l’argent avant de m’entraîner (Rires). Mais comme je n’avais pas beaucoup d’argent, j’ai réussi à négocier avec eux et ils m’ont accepté dans leur camp. J’étais le premier farang (étranger) à s’entraîner dans leur camp. Et au bout d’une semaine, j’ai fait mon premier combat en Thaïlande !

Tu as dormi avec les boxeurs dans le camp ?

Oui, j’ai dormi dans les chambres des boxeurs. C’était un peu le ghetto (Rires), vraiment très spartiate les conditions de vie dans le camp…

Entraînement au Singklongsi Gym

Ce n’était pas facile de vivre et de s’entraîner dans un camp de boxe de la campagne, surtout pour un étranger. Tu étais vraiment motivé, tu es resté longtemps ?

À l’époque, j’étais dans ce délire-là. Je voulais quelque chose de roots, de dur, qui me forge un mental et surtout je voulais me faire une place parmi les boxeurs, me faire accepter d’eux en leur prouvant que je pouvais m’entraîner aussi durement qu’eux…

Comment s’est passé ton premier combat en Thaïlande ?

Très mal… J’ai perdu par KO. Mais j’ai gagné mon second combat !

Dans quelle catégorie tu combattais ?

Je pesais 61 kg à cette période

Quels champions y avaient-il dans le camp Singklongsi ?

C’est une grande famille de boxeurs qui tient ce camp. Le père, qui a créé le camp, est décédé quelques temps avant que j’arrive. Ce sont ses enfants qui ont repris le camp. Il y avait le plus jeune des frères, Luknimit (champion du Radja en 108 lbs, champion du monde WMC), Charnsak et Kotchasarn, les grands frères, et les jumeaux Taweeporn (champion de Hong Kong en boxe anglaise) et Taweesak (champion du Lumpinee en 108 lbs, champion du monde S1).

Charnsak était un très grand champion. Il a gagné la ceinture du Lumpinee en 108 lbs, c’était l’un des boxeurs favoris du fameux promoteur Songchai Ratanasuban. Il a reçu deux fois le trophée de « Meilleur combattant de l’année » ainsi que le trophée du « Meilleur combat de l’année au stadium du Lumpinee ». Charnsak a aussi gagné une ceinture de champion du monde et battu par deux fois la star Saenchai Sor Kingstar !

Kotchasarn a battu des pointures comme Nungubon Sitletchai, Khunpinit Kiettawan et il a mis K.O la star Namsaknoi Yudthagarngamtorn. Mais malheureusement, ce champion est mort tragiquement à l’âge de 23 ans dans un accident de moto…

Romain Rossi avec le champion du Radja Luknimit Singklongsi

Ce camp existe depuis longtemps ?

Oui, depuis très longtemps. Il a même été élu plusieurs fois « Meilleur camp de l’année » par des journaux spécialisés. À une époque, en plus de ses fils, le père avait une vingtaine de boxeurs qui combattaient pour le camp. Il a eu de grands champions au Singklongsi Gym comme Semapeth Sor Chaowalit (vainqueur du tournoi Tiger ciment TV7) et Daoden Singhklongsi (champion du monde WBA de boxe anglaise) !

Tu es resté combien de temps dans ce camp ?

Environ trois ans

Combien de combats as-tu effectués pour ce camp ?

J’ai participé à 17 combats, mais je n’avais pas l’ambition de devenir champion. Je le faisais par passion, juste pour me prouver à moi-même ce que je valais sur un ring et si je pouvais rivaliser avec un combattant thaïlandais. J’étais loin d’avoir leur niveau technique et leur expérience. Mais j’ai eu de très bonnes expériences dans les fêtes de villages de provinces à Nakhon Sawan, Saraburi et Lopburi.

Parfois, nous partions à une dizaine de boxeurs, entassés dans un pick-up, pour aller boxer au fin fond de la province rurale. C’était folklorique, mais c’est ce que je recherchais : cette ambiance authentique, à l’ancienne…

Romain au camp Singklongsi avec Khru Charlton Henri qui a été entraîneur au Singklongsi Gym

Tu as gagné combien de combats ?

Sur les 17 combats, j’ai remporté 10 victoires, j’en ai perdu 5 et j’ai fait deux matchs nuls

Ce camp est devenu comme une famille pour toi, c’est pour cela que tu as créé ta marque SKS en référence à ce camp ?

Exactement, SKS signifie Sing (Lion) de Klong Si, le Singhklongsi signifie « Les Lions de Klongsi ».

Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, SKS n’a rien à voir avec Skarbowsky (Rire). Jean-Charles est un bon ami, nous avons souvent collaboré ensemble pour ses galas et son matériel de boxe pour son camp de Bangkok, mais SKS n’est pas les initiales de Skarbowsky. Je tiens d’ailleurs à remercier Jean-Charles pour tout ce que nous avons fait ensemble et continuons à faire…

Le Singklongsi Gym est une grande famille
Le légendaire Jean-Charles Skarbowsky est bien équipé en SKS
Romain Rossi et Jean-Charles Skarbowsky sont des amis de longue date

Ta marque a commencé à être connue, et ensuite tu as ouvert un magasin à Bangkok, c’était en quelle année ?

J’ai ouvert mon premier shop, le « SKS EMPIRE SHOP », à Bangkok en 2017, dans le quartier de Pathum Wan. Ensuite, j’ai ouvert mon deuxième magasin en 2021 dans la galerie marchande du stadium du Lumpinee.

J’ai maintenant une usine de fabrication de mon matériel qui est diffusé dans plusieurs magasins du pays et à l’étranger. Cela fonctionne très bien, et cela fait plaisir de réussir dans ce business du matériel de boxe. Parce que ce n’est pas facile pour un étranger dans ce milieu en Thaïlande…

Magasin SKS dans le quartier Pathum Wan
Magasin SKS au stadium du Lumpinee

Tu vends ta marque SKS aussi à l’international ?

Oui, maintenant je travaille avec de nombreux pays européens et asiatiques. Au début, je me concentrais principalement sur la France, mais aujourd’hui, je me suis bien étendu

Combien d’employés as-tu actuellement ?

Au début, nous n’étions que deux, mon frère Guillaume et moi. Il a travaillé avec moi pendant quatre ans en tant que designer pour SKS. Aujourd’hui, j’ai une trentaine d’employés et ma propre usine de fabrication en Thaïlande. Je suis fier de dire que SKS produit désormais des équipements haut de gamme, de même qualité que les grandes marques thaïlandaises !

Romain Rossi avec une partie de ses employés

C’est difficile de s’imposer sur le marché de ce business face aux grandes marques comme Twins, Fairtex, Top King, qui sont en place depuis des années ?

C’est vrai que ce n’est pas facile. Il faut du temps et de la persévérance. Je respecte énormément ces grandes marques qui ont su s’imposer sur le marché, même à l’international. Mais je crois en mon business. Il ne faut rien lâcher, persévérer, avoir un objectif clair, et tôt ou tard, cela finira par payer !

Ta marque est maintenant bien implantée en Thaïlande, de plus tu viens de signer un partenariat avec le plus gros promoteur de Thaïlande, M. Peerapong Theeradejpong alias Chun Kietpetch, tu peux nous en parler ?

Je remercie vraiment Chun Kietpetch de m’avoir fait confiance, c’est une grande figure dans le milieu de la boxe en Thaïlande, c’est un peu le « Godfather » du Muay Thai, il est promoteur depuis plus de 40 ans dans les plus gros stadiums de Bangkok. Il m’avait donné ma chance, il y a une dizaine d’années en sponsorisant quelques-uns de ses petits galas et aujourd’hui c’est devenu mon partenaire N°1. J’ai fait preuve de loyauté envers lui et en retour il m’a bien aidé. Je le remercie encore, lui et son fils, Deer qui a repris le flambeau.

Nous sommes en train de mettre en place une organisation solide. Au mois de mars, le premier événement « SKS KIETPETCH » va avoir lieu dans le stadium d’Omnoi à Samut Prakarn diffusé en live sur la chaine 5 !

Contrat officiel entre SKS et Kietpetch Promotion
Chun Kietpetch est l’un des plus gros promoteur de boxe en Thaïlande, il est co-propriétaire du célèbre stadium TV 7

Tu avais déjà sponsorisé des événements SKS aux stadiums du Lumpinee et du Radja ?

Oui, au Radja nous avons fait une vingtaine d’événements et au Lumpinee une dizaine. Mais maintenant avec Chun Kietpetch j’aurai la possibilité, j’espère, de faire des événements au stadium TV7 sur channel 7, l’une des chaînes les plus regardées en Thaïlande !

Tu travailles avec des partenaires étrangers ?

C’est dans mes projets de faire des partenariats avec des organisations étrangères, françaises ou européennes. D’ailleurs, je lance un appel à toutes les organisations sérieuses qui souhaitent travailler avec nous, nous sommes ouverts à toutes propositions intéressantes !

Merci pour l’interview Romain et je te souhaite Chookdee pour tous tes projets !

Merci beaucoup à toi Serge

Ceinture Mondial SKS
Show SKS KIETPETCH

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