INTERVIEW DU CÉLÈBRE PROFESSEUR KOUIDER ABDELMOUMENI, PIONNIER DE LA BOXE THAÏ EN FRANCE, CHAMPION D’EUROPE, ENTRAÎNEUR DE CHAMPION, GARDE DU CORPS, VIDEUR, ÉDUCATEUR
INTERVIEW DU CÉLÈBRE PROFESSEUR KOUIDER ABDELMOUMENI, PIONNIER DE LA BOXE THAÏ EN FRANCE, CHAMPION D’EUROPE, ENTRAÎNEUR DE CHAMPION, GARDE DU CORPS, VIDEUR, ÉDUCATEUR by Serge TRÉFEU (2024)
Bonjour Kouider, merci de m’accorder cette interview. Comment vas-tu ?
Je vais très bien, merci. Je suis actuellement en Thaïlande, à la station balnéaire de Hua Hin. Le temps est magnifique, le soleil brille, la plage est splendide, et bien sûr, il y a le Muay Thai. Je me sens vraiment bien ici, c’est comme si j’étais dans mon deuxième pays…
Tu es venu en Thaïlande avec un groupe d’élèves de ton club de boxe ?
Oui, en effet. J’ai emmené huit jeunes âgés de 13 à 17 ans, accompagnés de deux adultes. C’est un projet que nous avons mis en place pour aider ces jeunes à sortir de leur quartier. C’est leur première fois en Thaïlande, et pour certains, c’était même leur premier voyage en avion…
Tu as déjà organisé ce genre d’encadrement avec des jeunes de quartier ?
Oui, j’ai eu l’opportunité d’organiser ce type d’encadrement avec des jeunes de quartier à plusieurs reprises par le passé. Malheureusement, en raison de la période de la pandémie de Covid-19, nous n’avons pas pu emmener de jeunes en Thaïlande. Cependant, les parents et le président de mon club m’ont accordé leur confiance pour repartir avec un nouveau groupe de jeunes cette fois-ci. C’est un groupe formidable, et ils ont eu la chance de découvrir la Thaïlande tout en pratiquant leur sport, le Muay Thai, dans le pays d’origine de cette discipline. L’un des jeunes du groupe, Kaïs, a même eu l’occasion de combattre. Il a affronté une véritable figure locale de la région de Hua Hin et a remporté le combat par KO !
Dans quel camp tes élèves se sont entrainés ?
Mes élèves se sont entraînés au camp Petch Muay Thai Gym de Sofiane Mohamed, un excellent camp situé à Hua Hin où s’entraînent notamment ses fils. Isaac, l’un de ses fils, est un champion du Radja et un combattant très talentueux. Dans ce camp, il y avait également d’autres français qui ont participé aux championnats WBC Young à Bangkok, venant de Strasbourg et d’Amiens du club de mon ami Mohamed Abbou. L’ambiance était vraiment géniale, avec un groupe très uni. C’était une expérience enrichissante pour ces jeunes de Nanterre de côtoyer tout ce monde
Depuis combien de temps tu amènes des jeunes en Thaïlande pour leur faire découvrir les racines du Muay Thai ?
Je suis impliqué dans l’organisation de voyages en Thaïlande pour faire découvrir les racines du Muay Thai aux jeunes depuis environ 35 ans. Tout a commencé il y a quarante ans lorsque je suis venu pour la première fois en Thaïlande avec mon professeur, Roger Paschy, et l’équipe du Yamatsuki Gym de l’époque. Après avoir ouvert mon propre club à Nanterre au début des années 80, j’ai voulu reproduire cette expérience pour mes élèves. Je me suis inspiré de mon professeur, Roger Paschy, en essayant de transmettre à mes élèves tout ce que j’avais appris de lui
En quelle année as-tu commencé le Muay Thai avec Master Roger Paschy ?
En 1976-1977
Auparavant, tu avais pratiqué la boxe française et la boxe anglaise ?
Oui, j’ai en effet pratiqué la boxe française et la boxe anglaise par le passé. J’ai débuté la boxe française en 1972 avec Robert Paturel, un grand champion de cette discipline qui a remporté plusieurs titres de champion d’Europe et de France. En 1975, Robert Paturel a rejoint un service important au sein de la police et m’a confié la responsabilité du club de boxe française à Nanterre.
C’est grâce à Robert Paturel que j’ai rencontré Roger Paschy. Roger avait organisé un combat de boxe thaïlandaise entre Robert et une figure redoutable du milieu, André Brilleman, un Hollandais. Ce combat s’est déroulé lors d’un gala organisé par Roger Paschy en 1976 à la salle de Pouchet à Paris. Malheureusement, Robert a dû abandonner à cause des terribles low kicks de son adversaire. À cette époque, Robert n’était pas familiarisé avec cette technique des low kicks…
André Brilleman était un adversaire coriace, j’ai moi-même eu l’occasion de l’affronter, mais dans le cadre de la boxe française. Notre combat s’est déroulé à Coubertin à Paris, et il m’a battu aux points dans un match très intense qui s’est même transformé en une sorte de bataille de low kicks ! (Rires)
C’est la première fois que tu assistais à des combats de Muay Thai lors de ce gala ?
Oui, c’était en effet la première fois que j’assistais à des combats de Muay Thai lors de ce gala. J’étais dans le coin de Robert Paturel pour son affrontement contre André Brilleman. Lorsque Robert m’a demandé de jeter l’éponge, déclarant qu’il voulait arrêter le combat parce qu’il ne pouvait plus marcher en raison des coups de tibia qu’il avait reçus dans les jambes, j’ai été profondément choqué. Je ne comprenais pas pourquoi un combattant aussi exceptionnel que lui abandonnait. À mes yeux, il était invincible. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point le Muay Thai était l’un des sports de combat les plus redoutables et efficaces !
Les combattants hollandais avaient déjà beaucoup d’expériences dans cette forme de combat ?
Les combattants hollandais avaient déjà accumulé beaucoup d’expérience dans cette forme de combat, en particulier avec l’utilisation des low kicks. Ils comptaient déjà dans leurs rangs des champions très talentueux tels qu’André Brilleman, Lucien Carbin, Yan Plas, Thom Harrinck, Rob Kaman, et bien d’autres. Les Hollandais étaient en avance de plusieurs années sur nous. En France, on découvrait seulement la boxe thaïlandaise à cette époque, tandis qu’eux avaient déjà développé les techniques de low kicks avec efficacité
Ce match entre Robert Paturel et André Brilleman t’a donné envie de pratiquer la boxe Thaï ?
Absolument, ce match entre Robert Paturel et André Brilleman m’a profondément marqué et m’a donné une grande envie de pratiquer la boxe thaïlandaise. J’ai donc décidé de franchir le pas et de me rendre au club de Roger Paschy, le Yamatsuki Gym. Après m’être inscrit dans son club, j’ai été rapidement intégré dans l’équipe. À ma grande surprise, seulement trois mois après avoir rejoint le club, Roger m’a donné l’opportunité de boxer en Norvège, à Oslo. Et j’ai remporté ce combat par KO au troisième round !
C’était une expérience incroyable qui a confirmé ma passion pour le Muay Thai et m’a encouragé à poursuivre dans cette voie…
Il y avait quels combattants quand tu as commencé au Yamatsuki Gym ?
Quand j’ai commencé au Yamatsuki Gym, il y avait plusieurs combattants talentueux qui faisaient partie de l’équipe. Parmi eux, on retrouvait les frères Desjardins, René et Antoine, ainsi que Jean-Luc Legouez. Par la suite, d’autres membres se sont joints à nous, tels que Christian Bahfir, Gilles Tyrolien et Omar Benamar. J’ai également fait venir Mohamed Jami au club. Je connaissais Jami depuis un certain temps, car nous venions tous les deux du même coin au Maroc. Daniel Allouche a rejoint le club pratiquement en même temps que moi. Ensemble, nous formions une sacré équipe de combattants !
Tu es né au Maroc ?
Oui, je suis né à Oujda au Maroc, le 2 octobre 1951.
Je suis arrivée très jeune en France vers l’âge de 7 ans et j’ai grandi à Nanterre où j’habite encore aujourd’hui.
Nous sommes partis toute la famille en voiture, une vieille 203, à 9 personnes dans la voiture, c’était un ami de mon père qui conduisait. Nous avons fait un long périple, du Maroc vers la France, où nous avons traversé l’Espagne et tout le sud de la France pour atterrir en banlieue parisienne, en plein hiver, il faisait – 10 degrès. C’était à la fin des années 60.
Notre famille a d’abord vécu dans le bidonville du quartier de « La Folie » (Le bidonville de Nanterre était le deuxième plus grande bidonville de France dans les années 60 avec 10 000 habitants, Bidonville de Champigny-sur-Marne 15 000 habitants) puis à la cité « Les Provinces Françaises »
Combien étiez vous dans ta famille ?
Nous sommes six frères et sœurs, j’ai deux grandes sœurs, une petite sœur et deux petites frères
Tes frères ont pratiqué la boxe ?
Mon frère El-Hocine, il a fait de la boxe française mais il n’a pas trop accroché avec ce sport…
Il n’y avait pas beaucoup de clubs de boxe Thaï en France à la fin des années 70 lorsque tu as débuté ce sport ?
Effectivement, à la fin des années 70, il y avait très peu de clubs de boxe thaïlandaise en France. Les principaux clubs connus étaient le Yamatsuki de Roger Paschy à Paris, le Bellonie Gym de Gilles Bellonie à Montreuil, le France Muay Thai de Jacques Mairesse à Paris, et le Brizon Gym de Patrick Brizon à Clermont-Ferrand. Il y avait également quelques clubs laotiens et cambodgiens à Paris qui pratiquaient également le Muay Thai. La pratique de ce sport était donc encore assez limitée en France à cette époque…
Venant de la boxe française et de la boxe anglaise, cela n’a pas été trop difficile pour toi de pratiquer ce nouveau sport de combat ?
Il est vrai que, venant de la boxe française et de la boxe anglaise, je n’ai pas trouvé très difficile de m’adapter à la pratique du Muay Thai. J’ai rapidement assimilé les techniques de low kicks et j’ai bien compris comment utiliser mes tibias pour frapper mes adversaires
Quelle était ta spécialité sur le ring ?
Sur le ring, ma spécialité était les low kicks. Comme je n’étais pas très souple, ces techniques me convenaient parfaitement. De plus, ayant une bonne technique en boxe anglaise, j’arrivais à bien enchaîner avec mes poings et mes pieds, ce qui me permettait d’être polyvalent et efficace dans mes combats
Roger Paschy vous enseignait aussi les techniques de coups de genoux ?
Roger nous enseignait quelques techniques de coups de genoux, mais ce n’était pas une part importante de notre entraînement. Aussi, les techniques de coups de coude et de corps à corps n’étaient pas du tout enseignés à cette époque. En réalité, ce que nous pratiquions ressemblait davantage au Kick Boxing japonais qu’au Muay Thai traditionnel. On pourrait le comparer un peu au style K1 que l’on connaît aujourd’hui
Face aux combattants hollandais vous étiez à l’aise dans cette discipline, parce qu’ils pratiquaient aussi un style de Kick Boxing, mais quand vous étiez face à des combattants thailandais comment cela se passait ?
Lorsque qu’on affrontait des combattants hollandais, nous étions plutôt à l’aise car leur style de combat était assez proche du Kick Boxing. Mais quand on rencontrait des combattants thaïlandais, c’était une toute autre histoire. On avait du mal car nous n’avions pas encore atteint le même niveau qu’eux en termes de technique. À cette époque, les Thaïlandais dominaient largement dans leur discipline. Le Muay Thai était vraiment leur sport, et nous avions beaucoup de respect pour leur niveau de compétence
Tes premiers combats en Hollande ont été durs ?
Mes premiers combats aux Pays-Bas ont été très difficiles. J’ai affronté des adversaires durs comme Rick Van Vathorst (Champion d’Europe), Ron Kuyt, Ay, et d’autres dont je ne me rappelle plus les noms. C’était au début des années 80.
En particulier, mes affrontements contre le champion Vathorst ont été mémorables. J’ai eu l’occasion de combattre deux fois aux Pays-Bas contre lui. J’ai remporté une victoire, mais lors de l’autre combat, je me suis senti injustement déclaré perdant. Pour moi, ce match a été une véritable injustice et j’ai le sentiment de m’être fait voler la victoire…
Tu as fait ton premier championnat de France de boxe Thaï en quelle année ?
Mon premier championnat de France de boxe thaïlandaise a eu lieu en 1982. Lors de cette compétition, j’ai affronté le regretté Jean-Pierre Mieckaze du Bellonie Gym, que j’ai battu aux points pour remporter le titre de champion de France dans la catégorie des – 68 kg. J’ai ensuite conservé mon titre en affrontant un autre combattant du Bellonie Gym ainsi qu’un combattant de chez Somsay
Ensuite, tu as remporté le titre de champion d’Europe de boxe Thaï ?
J’ai remporté le titre de champion d’Europe de boxe thaïlandaise en 1983, contre le Hollandais d’origine turque Huseyin Ay du Mejiro Gym. Cet événement était les premiers championnats d’Europe de boxe thaïlandaise organisés en France. De la team Yamatsuki, il y avait moi-même, Jami, Christian et René. Jami a remporté le titre face à un combattant hollandais, Christian a perdu contre Rob Kaman, et René a également perdu contre le Hollandais El Geubli. C’était une période mémorable pour nous tous, et remporter ce titre de champion d’Europe a été un moment inoubliable dans ma carrière !
Tu as donc été le premier français champion d’Europe de boxe Thaï en 68 Kg de l’histoire ?
Exactement, j’ai été le premier Français à remporter le titre de champion d’Europe de boxe thaïlandaise dans la catégorie des – 68 kg. C’était une grande fierté pour moi d’écrire cette page d’histoire du Muay Thai en France !
Tu as défendu ton titre européen contre quel adversaire ?
J’ai défendu mon titre victorieusement face au belge André Redgiani et le hollandais Muzaffer Yamali du Chakuriki Gym
Combien de combats as-tu effectué ?
En boxe française et boxe Thaï, j’ai fait 42 combats pour 37 victoires et 5 défaites. J’ai été champion de France en boxe française et vice champion d’Europe. En boxe anglaise avec M. Rodriguez du Boxing Club Rodriguez de la Porte de Clignancourt à Paris, j’ai fait 12 combats.
J’ai aussi combattu en judo, j’ai gagné le titre de champion d’Ile de France et mon équipe a participé aux championnats de France, nous avons perdu en quart de finale…
Quel a été ton combat le plus dur dans ta carrière ?
A cette époque, tous les combats étaient durs. Mais je peux t’en citer deux qui m’ont marqué. Mon premier combat en Thailande contre un thailandais au stadium du Radja, il m’a surpris avec un coup de coude et bien ouvert sur le nez. Et mon combat à Hong Kong contre le grand champion thailandais Kiosote, j’ai eu le bras cassé au premier round mais j’ai terminé jusqu’au cinquième round avant de perdre…
En quelle année tu as été pour la première fois en Thaïlande ?
En 1981, j’ai eu l’honneur d’être le premier Français à combattre au célèbre stadium du Radja à Bangkok, en Thaïlande. Ma première expérience en Thaïlande s’est déroulée dans le camp du Capitaine Narris à Bangkok. C’est Daniel Allouche qui avait découvert ce camp et qui avait mis en contact Roger Paschy avec le propriétaire du camp, le Capitaine Narris. Par la suite, tous les boxeurs du Yamatsuki nous sommes rendus dans ce camp pour nous entraîner. À cette époque, dans ce camp, il y avait également le champion anglais Ronnie Green qui s’entraînait avec nous. Ce fut le début d’une expérience enrichissante et mémorable pour moi en Thaïlande
Comment s’est passé ton premier séjour en Thaïlande ?
Un choc culturel !
Mais mon premier séjour en Thaïlande a mal commencé. J’avais un gala de boxe française prévu et je ne voulais pas le rater, alors j’ai demandé à mon entraîneur, Roger, s’il était possible de rejoindre l’équipe du Yamatsuki en Thaïlande quelques jours plus tard. Roger a accepté et pris en charge mon billet d’avion, en me rassurant en me disant qu’il m’attendait à l’aéroport de Bangkok. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.
Malheureusement, lorsque Roger est arrivé en Thaïlande, sa grand-mère est décédée. Alors, comme elle habitait au Vietnam, Roger est parti de Bangkok directement au Vietnam pour l’enterrement.
Jean Morriz, le président de la fédération FBT-FSGT de Boxe Thai et Jean Ducos qui était le secrétaire de la fédération à cette époque étaient venus avec Roger en Thaïlande. Roger leur avait donné la consigne de venir me chercher à l’aéroport de Bangkok. Sauf que lorsque je suis arrivée à Bangkok, à l’aéroport il n’y avait personne qui m’attendait.
Ne parlant ni thaïlandais ni anglais et sans avoir l’adresse du camp de boxe, j’étais vraiment désorienté à mon arrivée à l’aéroport. Le fait que personne ne soit venu me chercher m’a déboussolé.
Après avoir attendu des heures, j’ai pris un taxi, je comprenais rien de ce qu’il me disait, le chauffeur voulait m’emmener faire des massages. Finalement, il m’a conduit dans un hôtel luxueux mais je n’avais pas assez d’argent pour cet hôtel, alors j’ai fini par trouver un autre hôtel pas cher.
Le lendemain, je suis retourné à l’aéroport pour voir si mes amis étaient là, je croyais qu’ils s’étaient trompés de date. Mais il n’y avait toujours personne. De retour à l’hôtel, j’ai pris juste une soupe car je n’avais vraiment pas beaucoup d’argent. Normalement, tout était pris en charge dans le camp, l’entraînement, la nourriture, la chambre, donc je suis parti en Thaïlande avec un tout petit budget. Et la Thaïlande des années 80, ce n’était pas du tout le même pays qu’aujourd’hui, il n’y avait pas autant d’hôtel et de touristes que maintenant. C’était même un pays dangereux, surtout dans certains quartiers de Bangkok…
Combien de temps tu es resté à l’hôtel tout seul ?
Je suis resté seul à l’hôtel pendant quatre jours, sans argent et en mangeant seulement une soupe par jour. Et impossible de contacter le camp par téléphone, je n’avais même pas le numéro. A un moment, je me suis dit ce n’est plus possible, je vais rentrer en France. Je n’avais pas le choix, je ne pouvais plus rester en Thaïlande, j’ai dit à l’accueil de l’hôtel, “je vais payer préparé moi la note, je vais à l’aéroport et je reviens”. Je suis parti à l’agence de voyage de l’aéroport, c’était un billet avec la compagnie Thai airways. Je leur ai demandé de changer ma date de retour pour pouvoir rentrer en France mais ils ont refusé de modifier le billet sans frais supplémentaires.
A l’époque, tous les étrangers qui résidaient quelques jours, à Bangkok ou ailleurs, devaient être déclarés au commissariat du quartier. Le gars de l’hôtel a prévenu le commissariat seulement quand j’allais quitter l’hôtel.
A l’aéroport, je vois trois flics qui viennent me chercher pour me prendre dans leur voiture. J’étais surpris. Mais ils m’ont rassuré en me disant de ne pas m’inquieter. Ils m’ont emmené à mon hôtel et ils ont payé la totalité des frais de mon séjour.
Puis, ils m’ont conduit dans une magnifique villa, une maison immense avec un sol en marbre avec la climatisation. Il y avait un monsieur assis dans un grand fauteuil en cuir et il me dit « Oh ! Mister Kouider, sorry, Big problem, big problem… », c’était l’associé du Capitaine Narris, un homme important dans la police. Comme le gars de l’hôtel m’avait déclaré au commissariat, les flics m’ont trouvé rapidement. Heureusement qu’il m’a déclaré sinon ils ne m’auraient jamais trouvé…
Tes amis t’ont complètement oublier ?
Oui, ils ont zappé mon arrivée à l’aéroport et après comme je suis parti à l’hôtel, ils ne m’ont pas retrouvé
Tu as donc enfin trouver le camp du Capitaine Narris ?
J’ai d’abord été dans sa villa où il m’a reçu comme un Roi, dans son jardin il m’a offert un buffet avec une table remplie de bouffe. Tellement j’avais faim, je me suis goinfré. Je n’avais mangé qu’une soupe par jour (Rire) !
Tu t’es entraîné tout de suite dans son camp ?
Pas tout de suite, parce que le soir même de mon arrivée, le Capitaine Narris m’a emmené à une soirée au stadium du Radja. Au stadium du Radja, je vois arriver, tous mes amis, et ils me disent tranquillement « Salut Kouider, ça va ! ». J’étais comme un fou, je leur ai dit « Fermez vos gueules bande de con, celui qui me parle je lui démonte la gueule, vous m’avez laissé quatre jours comme un con dans un hôtel… ». Ils n’étaient pas fiers, personne n’a ouvert sa bouche. Finalement, j’ai éclaté de rire parce que j’étais soulagé de les voir !
Comment s’est passé ta première soirée au stadium du Radja ?
C’était magique, l’ambiance, les combats, c’était un autre monde. A cette période, les matchs de Muay thai en Thaïlande étaient très, très violents. Au Radja, c’était des combattants d’un très haut niveau. Dans la soirée, sur huit combats tu avais six combats où les boxeurs partaient sur une civière, c’était impressionnant…
C’était une ambiance un peu folle comme dans le film Kick Boxer avec Jean-Claude Van Damme ?
Je te jure, c’était un peu comme ça, les mecs glissaient la civière sur le ring, ils prenaient le boxeur éclaté et partaient rapidement dans la salle d’opération pour le soigner…
Les boxeurs du Yamatsuki vous étiez venu pour vous entraîner et combattre à Bangkok, cela ne vous a pas un peu refroidi de voir ces matchs aussi violents ?
Tout le monde était refroidi !
Personne ne voulait combattre, de plus, nos combats devaient se faire le lendemain au stadium du Radja !
Tu as accepté de combattre ?
Je n’étais pas bien préparé et impressionné par les combattants thais. Mais je me suis dis, ils ont deux bras, deux jambes, c’est des humains comme moi, je vais boxer.
Il n’y a eu que moi et le jeune Nordine Saoune qui avons combattu ce soir-là. Aussi, le champion anglais Ronnie Green qui était présent à cette soirée. Mais lui, il avait déjà de l’expérience en Thaïlande. Il faisait d’ailleurs un splendide Ram Muay qui était apprécié par les thaïs, un Ram Muay où il faisait semblant de creuser une tombe sur le ring pour mettre son adversaire.
Saoune s’est fait détruire avec un puissant low kick au premier round. Moi, je me suis fait arrêter au troisième round. J’avais bien commencé le match, je maîtrisais les projections, à l’époque, c’était un peu comme au judo, on pouvait balancer le mec et lui tomber dessus. Mais en sortie de corps à corps, le thaï m’a surpris avec un coup de coude. Il m’a bien ouvert sur le nez, j’ai eu plusieurs points de suture. C’était la première fois que je combattais avec les coups de coude, en plus, au stadium du Radja !
Tu as donc été le premier français de l’histoire à combattre dans le mythique stadium du Radja ?
Oui avec le petit Saoune, nous avons perdu mais ce fut l’une de mes plus belles expériences de combat !
Plus tard, je suis revenu en Thaïlande et j’ai fait un deuxième combat au stadium du Radja que j’ai gagné aux points !
En quelle année as-tu créé ton club de boxe Thai ?
En 1982, j’ai créé la section boxe Thaï au club ES Nanterre
Dans ce club tu as formé beaucoup de champions, tu peux nous citer les plus connus ?
J’ai formé Mustapha Benatia, Farid Rezzag, Mehadji Jamel, Rachid El Herdmi, qui ont tous été champion d’Europe, aussi Tidiani Biga qui a été champion du monde en Italie, Moussa Konaté qui a remporté le titre mondial et européen avec moi, Abdoulaye Fadiga, champion du monde. J’ai eu aussi la grande championne Dany Roca qui a fait un championnat du monde au Maroc avec moi.
Xavier Broux et son frère, Majid Bensmail, Brahim Behlouli, Xavier Birukoff, Didier Legros, tous ont gagné le titre de champion de France, et d’autres encore.
J’ai eu beaucoup d’élèves, certains sont reconnaissants, très peu à mon goût, et d’autres ne sont pas du tout reconnaissants. Pourtant j’ai fait énormément de choses pour eux. Mais je garde d’excellents souvenirs avec mes boxeurs. Avec mes élèves, j’ai dû faire une douzaine de championnat d’europe et sept à huit championnat du monde victorieux, quand au championnat de France je ne les compte plus !
Quel âge as-tu aujourd’hui ?
J’ai 72 ans
Tu entraines toujours dans ton club ?
Je tiens encore les paos à mes élèves, comme quoi le Muay Thai ça conserve (Rire) !
En ce moment, quels sont tes élèves prometteurs ?
J’ai Yanis qui tourne bien, j’ai Kaïs Piduch qui va être très bon, il a participé au WBC Young en Thaïlande. Ma fille, Hajar, qui est deux fois championne de France et quatre fois championne d’Ile de France
Tu enseignes uniquement le Muay Thai dans ton club ?
En grande partie le Muay Thai mais aussi un peu de Kick Boxing et de K1. Je suis assisté par mon gendre Hamid pour les cours
Tu as combien d’adhérents ?
Plus de 300, on tourne par section entre 30 et 40 élèves, c’est le plus gros club de Muay Thai de Nanterre
Tu as également été entraîneur de l’équipe de France de Muay Thai ?
Oui à plusieurs reprises, j’ai fait partie de la Team France de Muay Thai en tant qu’entraîneur. J’ai beaucoup voyagé en Thaïlande avec l’équipe de France et ma plus grande fierté c’est d’avoir coaché des jeunes boxeurs français au stadium du Radja de Bangkok, dans ce stadium mythique où j’avais fait mon premier combat en Thaïlande !
Qu’est ce que t’a apporté la pratique du Muay Thai dans la vie ?
Le Muay Thai m’a apporté beaucoup de bonheur, de joie, d’amitié et de connaissance. J’ai voyagé et rencontré énormément de monde grâce au Muay Thai
Ce sport t’a aussi aidé pour ton métier de portier dans les boîtes de nuit ?
Bien sûr, j’ai été garde du corps et portier parce que j’étais champion de Muay Thai, cela m’a beaucoup aidé. La combativité, je l’avais déjà mais le Muay Thai m’a donné le coup d’œil, la vigilance et surtout le respect, c’est un sport dans lequel on se respecte énormément.
Ce respect profond qui règne dans ce sport m’a inculqué une attitude respectueuse envers les gens, ce qui est indispensable pour assurer la sécurité et le bien-être des personnes dans le milieu nocturne. Mon expérience en tant que champion de Muay Thai a renforcé mes compétences professionnelles en tant que portier
Le Muay Thai t’a servi dans des situations compliquées en tant que portier ?
Cela m’a servi au dernier moment, juste pour me défendre ou pour défendre quelqu’un qui se faisait agresser devant la discothèque. Je ne l’ai jamais pratiqué et mis en application pour provoquer qui que ce soit. Je l’ai toujours utilisé à bon escient
Quelles ont été tes plus dangereuses altercation en tant que portier ?
J’ai vécu plusieurs grosses bagarres dans mon travail comme videur mais celle d’un dimanche après-midi dans la boîte de nuit du Paladium a été particulièrement violente. Une bagarre où les gars en face de nous avaient des couteaux, pour ma part, heureusement je n’ai pas été blessé. Mais mon collègue a reçu un coup de couteau dans le dos. Il ne s’était même pas aperçu qu’il avait un couteau planté dans son dos, c’est moi qui ai dû le lui retirer à la fin de la bagarre…
Une autre bagarre violente s’est produite dans la discothèque du Saint-Nicolas. Une bagarre éclate entre plusieurs mecs, je vire les gars dehors avec l’aide d’un collègue. Sans prévenir, l’un des gars expulsé sort un couteau et essaye de me planter mais je réussi à éviter son coup de lame. Aussitôt, son ami sort une arme à feux de sa veste et il me tire dessus trois fois. Je ne sais pas pourquoi, par chance, il n’y a qu’une balle qui m’a touché au bras, pourtant, il n’était qu’à quelques mètres de moi. Je lui saute dessus mais mon bras me fait trop mal, je perds trop de sang, j’ai dû faire un garrot avec ma ceinture pour stopper l’hémorragie…
Mis à part tes altercations en tant que videur, dans la rue, tu étais aussi bagarreur ?
Je ne cherchais jamais les ennuis. Après, comme beaucoup, j’ai eu quelques petites bastons dans les fêtes foraines, aux voitures tamponneuses c’était souvent très chauds.
Par contre, j’ai le souvenir d’une bagarre mémorable à Cherbourg en normandie. Avec mes cousins Brahim et Rabah nous sommes allés en voiture à Cherbourg.
Au port, on entre dans un bar pour boire un coup, il était plein de marin pêcheur. Un pêcheur costaud cherche les histoires à mon cousin Rabah, j’interviens pour calmer le gars et je prends une droite qui me sonne et me met par terre. Je me relève et je commence à me battre avec le type. La bagarre a commencé au bar et s’est finie sur le port où je l’ai balancé dans la mer, une bagarre de fous qui a durée au moins vingt minutes.
Les gendarmes sont intervenus et nous nous sommes retrouvés tous les deux au poste. Aucun de nous deux n’a voulu déposer plainte contre l’autre. Le gars est sorti dix minutes avant moi de la gendarmerie. Au moment où je sors, mes deux cousins qui m’attendaient me disent “fait gaffe le mec il revient…” Le pêcheur vient vers moi et me dit “Toi, tu es un homme ! viens boire un verre avec moi !”. Et nous voila retournés au bar pour boire un coup, c’était le calumet de la paix. Mes cousins n’étaient pas rassurés. Mais tout s’est bien passé (Rire)
Tu as été longtemps portier dans la célèbre discothèque « Le Pacific » à La Défense ?
Exact, j’ai été responsable des videurs dans les années 80 au Pacific Club
Cela n’a pas dû être facile d’être portier au Pacific car cette boite de nuit était réputée pour accueillir tous les banlieusards parisiens des quartiers difficiles ?
Oui, il fallait gérer avec diplomatie et respect. Comme je les respecte, il me respectait aussi. Ceux qui ne respectait pas les règles, il se faisait « casser la bouche »…
As-tu souvent eu des altercations au Pacific ?
Plusieurs. Mais le plus dur, là où j’ai vraiment appris le métier de videur, ce sont dans les boîtes de nuit “le Saint Nicolas” et le “Kiss Club” qui étaient dans le quartier Strasbourg-Saint-Denis de Paris.
Je secondais Jeannot qui était videur du Kiss Club. Jeannot était bâti comme une armoire à glace et respecté dans le milieu. C’est lui qui m’a fait entrer comme portier au Kiss Club. Assister Jeannot, un videur respecté et expérimenté, a été une opportunité précieuse pour moi d’apprendre les ficelles du métier.
Un jour à Nanterre, des gars de mon quartier lui sont tombés dessus et je l’ai aidé à stopper ces mecs. Pour me remercier, il m’a pris avec lui comme videur au Kiss Club où je suis resté plusieurs mois. Ensuite, Jeannot m’a envoyé gerer le club Saint-Nicolas où sa femme travaillait comme barman et jusqu’en 1980 je suis resté là-bas
Comment es tu devenu videur ?
Je suis devenu portier par accident. Un soir, avec des amis de Colombes, nous sommes sortis en boîte de nuit et il y a eu une bagarre dans la discothèque. Je me suis bagarré avec les deux videurs de la boîte que j’ai battu. Suite à cette altercation, le patron de la discothèque m’a embauché comme videur. J’ai travaillé six mois dans sa boîte de nuit, j’étais tout seul à l’entrée de sa discothèque.
Ensuite, j’ai changé de boîte de nuit pour travailler dans la discothèque Paladium à République. Mais en pleine journée, comme je te l’ai expliqué, un dimanche après-midi, une grosse bagarre a éclaté avec des armes blanches. La discothèque a dû fermer…
Je suis allé ensuite au Kiss Club avec Jeannot, au Saint-Nicolas, et d’autres boîte de nuit, puis, j’ai terminé au Pacific Club. J’ai travaillé comme portier dans le monde de la nuit jusqu’en 1992. Et en 1993, j’ai ouvert ma propre discothèque, La férté Night, que j’ai géré pendant 13 ans. Cela a été très dur de tenir une discothèque financièrement, entre les galas de boxe, les compétitions pour mes élèves et mon commerce, ce n’était pas facile…
En quelle année as-tu commencé à être portier au Pacific Club ?
J’ai commencé à être portier au Pacific Club au début des années 80, après avoir rencontré Martin, le patron du club, dans une boîte de nuit à Versailles appelée le Secret du Roi. J’ai travaillé une semaine dans cette discothèque, ainsi que dans une autre boîte de nuit qu’il possédait, Le Safari. Suite à cette expérience, Martin m’a ensuite embauché au Pacific Club, où j’ai poursuivi ma carrière de portier.
Le Pacific Club a débuté comme une discothèque spécialisée dans le tango et la valse argentine. La discothèque était à Puteaux dans le quartier d’affaire de La Défense, au sous-sol d’un immeuble.
Tous les jeunes des environs, ils se faisaient refouler de cette boîte de nuit, c’était souvent des jeunes des quartiers. Ils venaient de Nanterre, Courbevoie, Colombes, Gennevilliers. La plupart étaient des français d’origines maghrébines et ont les empêchaient d’entrer dans la discothèque. Parce que le patron avait peur qu’il y ait des embrouilles dans sa boîte de nuit.
J’ai dit à Martin que je ne pouvais pas travailler comme ça, c’était discriminatoire de ne pas accepter ces jeunes dont beaucoup venaient de mon quartier. Je lui ai proposé de gérer sa boite de nuit et de m’occuper de la sécurité. S’il acceptait les jeunes des quartiers, je lui garantissais que sa discothèque allait tourner à mort et qu’il n’y aurait pas de problème.
Il fallait aussi changer le style de musique et mettre de la musique qui était à la mode dans les années 80 dans les quartiers. A cette époque, tout le monde écoutait de la soul et du funk.
Le patron du Pacific m’a fait confiance. Nous avons fait une première soirée Soul/Funk au Pacific, et la soirée fut un grand succès. C’est devenu la spécialité de la discothèque. Et je suis devenu le chef responsable des videurs du Pacific Club.
Pendant toutes les années 80 et 90, tous les week-end, Le Pacific était plein à craquer de jeunes des quartiers. Martin s’est fait des c… en Or grâce aux reubeus et aux blacks des banlieues !
Quand tu as coaché tes élèves boxeurs lors des galas ce ne n’était pas trop compliqué le week-end pour travailler ensuite comme portier ?
J’avais prévenu Martin que le samedi je risquais parfois d’arriver seulement vers minuit ou une heure du matin car j’avais des galas de boxe.
Mais en discothèque, en général, les jeunes arrivent vers minuit. Alors, on faisait le tri à l’entrée pour être ensuite tranquille toute la soirée. De plus, il y avait beaucoup de jeunes de mon club qui venaient au Pacific. C’est moi qui leur disait de venir ici et de ne pas aller ailleurs dans d’autres boîtes de nuit où ils risquaient de se bagarrer et de faire des embrouilles.
Au Pacific, tout le monde me respectait. Je respecte les jeunes donc cela se passait pratiquement toujours bien les soirées au “Pass”. Souvent, ils ne payaient pas l’entrée, ils buvaient gratos et s’éclataient sur la piste de danse. Mais au moins je pouvais les voir et je savais qu’ils ne faisaient pas de connerie (Rire).
J’ai même placé certains de mes élèves comme videur notamment dans la discothèque « La Main Jaune » quand elle a ouvert. Plusieurs champions ont travailler là-bas grâce à moi
Quel est l’un de tes plus beaux souvenirs dans le Muay Thai ?
Lors de mon premier voyage en Thaïlande en 1981, cela m’a marqué à vie. Et toutes mes aventures avec mon maître Roger Paschy qui est comme un père pour moi, et mes amis du Yamatsuki, Jami, Christian, Omar, René, Antoine, Gilles, Daniel (Paix à son âme). Notre amitié est indestructible, on se retrouve souvent pour faire des bouffes ensemble. 40 ans après, nous sommes toujours aussi soudés.
Je n’oublie jamais mes professeurs, je respecte énormément ceux qui m’ont formé, Robert Paturel et Roger Paschy. Même Gilbert Leroux (Paix à son âme) mon professeur de Judo, je ne l’oublie pas, avec lui j’ai été 2ème Dan en Judo. Ces trois professeurs m’ont beaucoup apporté, je ne peux pas les oublier !
Merci beaucoup Kouider et je te souhaite encore plein de bonheur avec le Muay Thai !
Merci beaucoup Serge et merci pour le travail que tu fais pour le Muay Thai !
Kouider Abdelmoumeni est une figure emblématique des sports de combat en France, il a laissé une empreinte indélébile dans le monde du Muay Thai. Son parcours impressionnant, débutant dès son enfance sur les tatamis de Judo, illustre sa détermination et son engagement précoce dans les sports de combat.
En tant que pionnier du Muay Thai en France, Kouider a contribué à façonner le paysage des sports de combat dans le pays. Son rôle dans la création de l’ESN (Entente Sportive Nanterre) section Boxe Thaï à Nanterre a été fondamental, faisant de son club l’un des premiers grands clubs de Muay Thai en France.
Ce grand Monsieur des sports de combat est titulaire d’un brevet d’état en Boxe Française deuxième degrés, d’un BPJEPS en Muay Thai, d’une ceinture noire deuxième Dan en Judo, d’une ceinture noire de Karaté et d’un gant d’argent en Boxe Française. Il a également joué un rôle important au sein des nombreuses fédérations de Muay Thai qui se sont succédé en France, en tant que responsable de commission, conseiller et cadre technique fédéral, juge et arbitre international, entraîneur de l’équipe de France. Kouider a souvent été l’arbitre de très grands matchs de Muay Thai en France.
Kouider Abdelmoumeni est né au Maroc, il est arrivé en France à l’âge de sept ans et il a grandi dans la ville de Nanterre, une banlieue populaire du département 92. Kouider a commencé les sports de combat très jeune. A 10 ans, il était déjà sur les tatamis pour pratiquer le Judo. Il a ensuite testé le Karaté, la Boxe Française et la Boxe Anglaise.
Kouider a découvert la Boxe Thaï en 1976 grâce à Master Roger Paschy qui venait de créer le fameux Yamatsuki Gym à Paris. Pendant près de dix ans, il a fait partie de la légendaire équipe de combattant du Yamatsuki Gym, une Team de redoutable boxeur qui comprenait Christian Bahfir (Champion d’Europe), Mohamed Jami (Champion d’Europe), Jean-Luc Legouez (Champion de France), Omar Benamar (Champion d’Europe), Antoine et René Desjardins (Champion d’Europe), Gilles Tirolien (Champion d’Europe), Daniel Allouche (Speaker “The Voice”), et Kouider Abdelmoumeni (Champion d’Europe), des pionniers de la boxe Thaï en France dont les noms résonnent encore dans les salles de boxe.
En 1982, Kouider a combattu pour une ceinture de champion du monde à Hong Kong, il a perdu sur blessure. Il a été l’un des premiers à affronter la terreur hollandaise de l’époque, André Brilleman qui l’a battu aux points (Premier Français Robert Paturel qui a perdu par KO contre André Brilleman). Kouider Abdelmoumeni a remporté trois fois le titre de champion d’Europe ainsi que celui de champion de France. Avec ses camarades du Yamatsuki, il fut l’un des premiers Français champion d’Europe en France en 1983 en battant le hollandais Ay (Patrick Brizon en 1979, premier champion d’Europe en 74 Kg).
Les premiers championnats d’Europe en France ont été organisé par Roger Paschy, Gilles Belloni et Richard Dieux, le 27 juin 1983 à l’Elysée Montmartre avec les combats Kappeler (France Belloni Gym) vs Schwank (Hollande Mejiro Gym), Victoire de Kappeler, Bahfir (France Yamatsuki Gym) vs Kaman (Hollande Mejiro Gym), Victoire de Kaman, Kouider (France Yamatsuki Gym) vs Ay (Hollande Mejiro Gym), Victoire de Kouider, Jami (France Yamatsuki Gym) vs Van Os (Hollande Mejiro Gym), Victoire de Jami, Cantamessi (France Belloni Gym) vs Mac Lenon (Angleterre), Victoire de Cantamessi (Le champion Ronnie Green devait normalement affronté Cantamessi, le Français a conservé sa ceinture de champion d’Europe un an après contre Ronnie Green à Amsterdam), Desjardins (France Yamatsuki Gym) vs El Geubli (Hollande Mejiro Gym), Victoire de El Geubli !
Grâce à sa grande expérience dans les sports de combat, Kouider a acquis un sang-froid à toute épreuve. Dans les années 80, Kouider a été longtemps videur dans l’une des boîtes les plus chaudes de la banlieue parisienne, le Pacific. Une boîte de nuit, créée en 1980 à la Défense (92), qui était surnommée familièrement par les banlieusards, le « Pass ».
Le Pacific Club se distinguait par son ouverture à tous, sans discrimination. Cette approche unique a fait de ce lieu un rassemblement pour les jeunes de différentes cités qui étaient souvent refoulés des autres discothèques parisiennes.
La présence de Kouider Abdelmoumeni en tant que figure respectée et autoritaire a été essentielle pour maintenir l’ordre et gérer les éventuelles tensions entre les différents groupes de jeunes. Sa capacité à instaurer le respect et à calmer les conflits a joué un rôle crucial dans le fonctionnement harmonieux du Pacific Club.
Par la suite, Kouider est devenu gérant de plusieurs boîtes de nuit de la banlieue parisienne, ce qui témoigne de sa compétence et de sa réputation dans le domaine de la gestion d’établissements nocturnes.
Kouider Abdelmoumeni a ouvert en 1981 l’ESN (Entente Sportive Nanterre) section Boxe Thaï, l’un des premiers grands clubs de Muay Thai établis en France.
En tant qu’entraîneur exceptionnel, Kouider a su transmettre son savoir et son expertise à ses élèves, formant ainsi une multitude de champions. Son club est devenu une véritable institution du Muay Thai en France.
Depuis plus de trente ans, la Team ESN Boxe Thaï, sous la direction de son entraîneur emblématique Kouider Abdelmoumeni, a été le berceau de nombreux champions remarquables.
Parmi eux, on compte : Rachid El Herdmi (Champion du Monde de Full Contact, Champion d’Europe de boxe Thaï, Champion d’Europe de Kick Boxing), Farid Rezzag (Champion du Monde de boxe Thaï, champion d’Europe de boxe Thaï), Mustapha Benatia (Champion d’Europe de boxe Thaï), Majid Bensmail (Champion de France de boxe Thaï), Brahim Behlouli (Champion de France de boxe Thaï), Tidiani Biga (Champion du Monde de boxe Thaï, champion d’Europe de boxe Thaï), Xavier Birukoff (Champion de France de boxe Thaï), Moussa Konaté (Champion du Monde de boxe Thaï, champion d’Europe de boxe Thaï), Mehadji Jamel (Champion d’Europe de boxe Thaï), Xavier Broux (Champion de France de boxe Thaï), Didier Legros (Champion de France de boxe Thaï), Abdoulaye Fadiga (Champion du Monde de boxe Thaï), Samih Bachar (Champion de France de boxe Thaï), Youssouf Binaté (Champion de France de boxe Thaï), Yacine Darkrim (Champion de France de boxe Thaï) et beaucoup d’autres…
Lorsqu’il se rend en Thaïlande, M. Kouider Abdelmoumeni exprime toujours une profonde gratitude envers deux personnalités marquantes qui ont joué un rôle essentiel dans son parcours dans le monde du Muay Thai : Mme Nipa et le Général Pinsinchaï.
Mme Nipa, épouse du regretté Capitaine Narris, a joué un rôle capital en tant que personne importante dans le monde du Muay Thai. Son mari, le Capitaine Narris, était le promoteur et propriétaire du célèbre camp Phetmongtran, situé en banlieue de Bangkok à Bangkapi. Ce camp a été le foyer de nombreux champions renommés dans les années 80, tels que Wanpadet, Attapong, Somsong, Kiosot, et Lomthaï, qui ont remporté des titres prestigieux au stadium du Radja, au stadium du Lumpinee et même au niveau mondial.
De nombreux grands champions français des années 80, y compris Master Kouider, ont eu l’opportunité de s’entraîner dans le camp du Capitaine Narris. Grâce à cette connexion, Kouider a été l’un des premiers Français à combattre au prestigieux Radja Stadium, une étape importante dans sa carrière de combattant de Muay Thai.
Le Général Sawet Pinsinchaï, une figure influente dans le monde du Muay Thai, a laissé un héritage durable en tant que promoteur au prestigieux Radja Stadium et propriétaire du fameux Asawindam Stadium à Bangkok. C’est sous sa direction qu’a été créé le célèbre camp Pinsinchai Gym, qui est devenu un foyer de champions légendaires.
Parmi les grandes figures ayant émergé de ce camp, on compte des noms tels que Burlek Pinsinchaï, qui a remporté des titres de champion de Thaïlande et du Lumpinee, ainsi que Thailand Pinsinchaï, qui a dominé le Lumpinee, le Radja et la scène thaïlandaise. D’autres champions notables incluent Sankheng Pinsinchaï et Saencherng Pinsinchai, qui ont également laissé leur marque dans l’histoire du Muay Thai.
Pendant de nombreuses années, Kouider Abdelmoumeni a joué un rôle important en amenant des élèves de son club ESN Nanterre et d’autres clubs à s’entraîner au Pinsinchai Gym. Cette collaboration a contribué à renforcer les liens entre les communautés de Muay Thai en France et en Thaïlande, et a permis à de nombreux combattants français de bénéficier de l’expertise et de l’environnement d’entraînement de ce prestigieux camp.
Kouider Abdelmoumeni incarne l’esprit du Muay Thai en France, et son impact sur les sports de combat dans le pays perdurera à travers les générations à venir !