JAID SEDDAK
Interview de JAID SEDDAK par Serge TREFEU (2010)
Serge TREFEU : Bonjour Jaïd comment vas-tu ?
JAID SEDDAK : Ca va très bien
Tu es l’un des pionniers français du Muay Thai, en quelle année à peu près tu as commencé la boxe ?
On va dire, début des années 80.
Tu avais quel âge ?
J’avais environ 18 ans. J’ai toujours été sportif, je faisais du foot au départ. J’ai vu un combat c’était Cantamessi contre Soudareth et j’ai « Flashé » sur ce sport la boxe thai. Mais en fait j’ai vraiment démarré la boxe Thaï par accident, c’était pour prouver à un gars qui m’avait dit que je ne pouvais pas faire ce sport…
Tu as commencé dans quel club ?
Au Bellonie Gym à Montreuil (Banlieue Parisienne). J’habitais à Garches dans le 95 et j’allais jusqu’à Montreuil dans le 93. Cinq fois par semaine je faisais le trajet, Garches-Montreuil, il y en avait pour plus d’une heure de trajet…
A l’époque il y avait qui dans ce club ?
Il y avait Nikiéma, Cantamessi et un entraîneur incroyable qui s’appelait Jack. Et c’est lui franchement qui m’a tout donné dans ce sport. Après j’ai été au Yamatsuki de Roger Paschy et Roger m’a donné aussi beaucoup de chose !
Comment c’est passé ton premier combat ?
Je débutais la boxe et cela faisait tout juste 15 jours que je m’entraînais. Un vendredi soir, Gille Bellonie ma dit « Est-ce que tu es en forme car demain il y a un petit inter club et si tu veux y faire une démonstration ». J’ai dit « Oui ok ». Et en faite de démonstration, je me suis retrouvé à faire un combat, un classe C si on peut dire pour l’époque. Le gars en plus en face de moi avait 10 Kg de plus que moi, ce n’était pas trop cool pour commencer la boxe car j’étais débutant. Mais le gars je l’ai envoyé au tapis et j’ai gagné !
Effectivement pour un début en compétition c’est une entrée directe dans le vif du sujet ?
Oui et moi je ne suis pas meilleur qu’un autre mais quand on me donne un coup, j’en redonne deux. Toute ma carrière a été comme ça, les gens qui ont boxé contre moi ils s’en rappelle. Du haut de mes 1m60 j’ai donné du vertige à pas mal de monde…
Quelle a été ton premier titre majeur ?
Mon titre de Champion de France, c’était en 1983, je crois. Ensuite j’ai enchaîné tout de suite pour un championnat d’Europe contre un hollandais du Chakuriki Gym. Il était plus lourd que moi mais je l’ai mis KO au 2ème round, c’était en direct sur Canal + à l’époque. J’ai été l’un des premiers français à combattre sur Canal + !
Combien de fois tu as été champion d’Europe ?
10 fois dans quatre catégories différentes !
Tu boxais souvent contre des boxeurs plus lourds que toi ?
Oui j’ai boxé le hollandais Mickael Lieuwfat « un tueur », il avait 5 kilos de plus que moi. J’ai boxé Abel El Quandili en Kick Boxing, il avait 7 kilos de plus que moi. J’ai toujours boxé des mecs plus lourds…
Contre le hollandais Lieuwfat (Champion du Monde de boxe Thai), c’était un combat dur ?
Oui Lieuwfat c’était un redoutable combattant. Je l’ai boxé deux fois. Une fois pour un championnat d’Europe de boxe Thai. Et je l’ai battu par KO, je lui ai brisé le genou !
Ton premier titre de champion du Monde tu l’as gagné contre qui ?
C’était à la salle Jappy à Paris contre le thaïlandais Payatnoi
Combien tu as gagné de titre de Champion du Monde ?
Je vais te dire ceux qui sont vraiment reconnu car j’ai fais plein de titre à l’étranger et si je compte tout, je serai plus de dix fois Champion du Monde. Alors, en Kick Boxing et en Full Contact, Champion du Monde WKA. En boxe Thai, Champion du Monde MKBB, c’était en Hollande. En boxe française j’ai été Vice Champion du Monde. J’ai boxé dans toutes les disciplines !
Tu as boxé en boxe française ?
Oui je boxais en thaï essentiellement mais je voyais des gars de la même catégorie que moi qui était champions dans d’autres disciplines. Alors comme j’adore le combat j’ai donc été les affronter dans leurs disciplines, et je les ai battus…
Tu es l’un des premiers français à venir boxer en Thaïlande, c’était en quelle année ?
Oui c’est vrai mais il y a eu Cantamessi avant moi. Je suis venu en Thaïlande au début des années 80. J’étais avec Fabrice Allouche qui avait fait un super combat au stadium du Radja. Je m’en rappelle bien, Fabrice avait sorti un superbe coup de coude retourné dans son combat, c’était magique l’ambiance. On a été les premiers à combattre au Radja contre des Thaïs de hauts niveaux !
Tu es allé dans quel camp à l’époque ?
On s’entrainait au camp de Naris où il y avait Attapong, Yousoth, Lomthai, que des bons…
Tu as beaucoup combattu en Thaïlande ?
Oui j’ai boxé beaucoup de Thai car à l’époque je boxais pour le promoteur Songchai. Et j’ai rencontré aussi des stars comme Hippy Singmanee, Rambo Pongsiri. Mais ma grande fierté dans toute ma carrière c’est que je n’ai jamais, jamais pris de KO !
Quel a été ton combat le plus dur durant toute ta carrière ?
Je dirais ma première rencontre contre le hollandais Lieuwfat. C’était une machine ce type, il n’arrêtait pas d’avancer, impressionnant, cela a été un combat très dur…
Tu avais quel style de combattant ?
Déjà je ne reculais jamais et en boxe Thaï j’étais spécialiste en genoux. J’avais un bon cardio, les gars je les fatiguais d’abord puis je les finissais avec mes genoux. Mais durant un combat je me suis gravement abîmé la main droite « épanchement ténosynovite ». Et pendant un an j’ai du changé ma boxe, j’ai du travaillé beaucoup avec ma gauche et j’ai développé un très bon crochet gauche…
Ton plus beau souvenir de boxe ?
Ma première ceinture de Champion de France. J’y croyais pas, je l’avais le soir avec moi au repas à table, ma mère me disait « Ca va tu te sens bien ? ». J’avais la ceinture sur une chaise en face de moi et je ne l’a quittais pas des yeux. Pendant un mois j’ai gardé ma ceinture dans ma chambre, j’étais amoureux d’elle !
Tu étais vraiment fier de ce trophée ?
Oui avoir ce trophée, c’était une grande fierté. Il y en a qui n’aime pas la compétition, moi j’ai toujours adoré ça, il y a un perdant et un gagnant, le meilleur, c’est comme ça. Un jour le comédien Gérard Lanvin, un ami à moi, m’a dit « Moi les césars, je n’y crois pas », je lui ai demandé pourquoi, et il m’a répondu « Parce que je n’aime pas la compétition ». Je lui ai dis « Moi j’adore la compétition, j’aime les trophées, que l’on me donne une toute petite médaille et je suis content ». Chez moi j’ai plein, plein de coupe, de trophée, j’adore, c’est une reconnaissance !
C’est pour cela aussi que tu allais boxer dans les autres disciplines, pour avoir des titres ?
Exactement. Je me rappelle qu’une fois je venais de combattre en Thaïlande au Radja. Je suis rentré en France pour faire un combat en Full Contact et je prends un titre de Champion de France. Tout le monde était stupéfait, c’était la première fois qu’un gars de la boxe Thaï gagnait un titre en Full Contact, cela c’était jamais fait. Et cinq mois après j’ai pris le titre de champion d’Europe en Full Contact !
En Thaïlande tu es connu grâce à tous tes combats, tu as gardé des amis champions ici ?
Oui j’ai plein d’amis, des grands champions comme Hippy, Wangchaynoi, Samarth Payakaroon, avec Samart j’ai fais les 400 coups…
Quel conseil tu donnerais à un petit jeune qui démarre la boxe ?
Déjà de croire en lui et surtout ne pas croire tous ce qu’on lui raconte. Et pour les combats, toujours être technique le premier round, prendre son temps…
Qu’est ce que tu fais maintenant ?
Je suis dans la musique. J’ai produit d’ailleurs un album qui s’appelle « KING JAID. Sur Un Air Positif », les bénéfices ont été reversés à une association de lutte contre le sida. Je l’ai produit avec Diams, Fonky Family, Akhénaton, 113, Rohff, Arsenik, Passi, Pit Pacardi, Assasin, Cheb Mami, Samy Naceri. J’ai produit aussi Diams, Rohff, 113, Arsenik avant qu’ils soient connu du grand publique. Là, je sors bientôt mon prochain album qui sera parrainé par Jacques Séguéla et le clip réalisé par Olivier Dahan !
Le cinéma tu as déjà essayé ?
Faire des castings, ça me casse les c…. Mais si on me propose un rôle se sera avec grand plaisir. J’ai de bons amis dans le cinéma comme Olivier Dahan qui a réalisé « La môme ». C’est mon ami mais jamais je lui ai demandé quoi que ce soit. Tchéky Karyo c’est aussi un ami. Je connais du monde dans le cinéma, Valérie Lemercier je m’entends super bien avec elle. Emma Decaune, elle c’est mon petit « Bébé ». Clotilde Courau, Samy Naceri, je les connais bien. Joey Star aussi je le connais depuis plus de 25 ans, c’est mon « pote ». Kool Shen aussi c’est un ami.
Est-ce que tu as une petite anecdote à nous raconter lié à la boxe ?
Oui j’en ai plein mais je vais t’en dire une qui est assez insolite qui c’est passé au Japon. Lors d’un combat au Japon on arrive à l’aéroport et là il y a un défilé de grosse Mercedes qui nous accueille. Puis une Ferrari Testarossa arrive, un gars descend de la voiture et vient me saluer. Le gars en me serrant la main je sens qui lui manque un doigt. Là, je demande à mon pote « c’est quoi tout ça, c’est des mafieux ! ». Il me dit « Oui on est en plein dedans ». C’était tous des Yakuzas !
Aujourd’hui tu as quel âge Jaid ?
Je suis né le 21 septembre 1962 à Mostaganem en Algérie ou De Gaulle a dit «Je vous ai compris !» et là je pourrai te dire « Je t’ai compris ! ». Voilà j’ai 47 ans et le 21 septembre si vous voulez me faire plaisir envoyez moi plein de mail même des lettres pour me souhaiter juste « Bon Anniversaire », cela me fera énormément plaisir, ce sera mon plus beau cadeau d’anniversaire !
Tu veux ajouter quelque chose ?
Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait d’interview et que je n’avais pas vu un gars comme toi qui est autant passionné de boxe, cela ce sent que tu aimes la boxe. Et s’il y a des gens comme toi qui écrivent sur la boxe, on a tout gagné pour l’avenir de la boxe. Sinon j’espère qu’il y aura des petits jeunes qui se mettent dans ce sport et qui leurs permettra de sortir de leurs « merde ». Parce qu’il y en a qui restent dans leurs « merde » et qui le veulent, et il y en a qui font tout pour s’en sortir, ceux là il faut les encourager. Moi si je n’avais pas connu la boxe, je ne serai peut être pas là entrain de te parler. Je dois beaucoup à la boxe et à ma famille qui ma toujours encouragé. Mon premier conseillé c’est ma maman et ensuite c’est mon neveu, lui il est comme un fils pour moi…
Merci beaucoup pour cette interview et chookdee à toi pour tous tes projets !
Merci à toi
Jaid était l’un des boxeurs les plus charismatique de son époque car son enthousiasme il l’a divulguait aussi bien sur le ring qu’en dehors du ring. Auteur de combat mémorable face à des pointures comme Payatnoi, Hippy Singmanee, Rambo Pongsiri, Mickael Lieuwfat, Yigin Osman, Rachid Elherdmi, Abel El Quandili. Il a vraiment rencontré et battu les meilleurs de sa catégorie et marqué son empreinte dans l’histoire du Muay Thai français. C’est d’ailleurs l’un des boxeurs pieds et poing les plus titrés jusqu’à aujourd’hui. Et son surnom de combattant « Little Big Man » reflète bien sa formidable carrière !
JAID SEDDAK
Taille : 1m60
Poids : 55 Kg
Nombre de combat : 73. 63 victoires. 10 défaites.
Titre :
Boxe Thai : Champion du Monde (1992, 1993, 1994). Champion d’Europe (De 1986 à 1994). Champion de France (De 1985 à 1992)
Kick Boxing : Champion du Monde (De 1990 à 1995). Champion d’Europe (1988, 1989, 1990). Champion de France (1987)
Full-Contact : Champion du Monde (1992, 1993, 1994, 1995). Champion d’Europe (1991)
Club : Bellonie Gym – Yamatsuki Gym