KARIM & HOUCINE BENNOUI
Interview croisé avec les frères BENNOUI à BANGKOK
par Serge TREFEU (2010)
Serge TREFEU : Bonjour Karim et Houcine, comment ça va, cela se passe bien en Thaïlande ?
KARIM BENNOUI : Oui très bien, il fait chaud, rien à dire c’est terrible
HOUCINE BENNOUI : Oui ça va, cela se passe super bien
Vous êtes là depuis combien de temps et dans quel camp vous êtes ?
Karim : Cela fait un mois que nous sommes dans le camp de Rob Cox, le Kiatponthip Gym. C’est la deuxième fois que je vais dans ce camp. J’étais venu avec Kamel Fenni, nous nous étions entraînés un mois et j’avais bien accroché. Le camp a une bonne structure, il y a une bonne ambiance, la nourriture est bonne, on est bien logé, les gens autour sont sympas, il y a de bons sparrings, ça va…
Houcine : Le camp Kiatponthip Gym je ne connaissais pas, c’est mon frère qui y avait été avant moi. C’est la première fois que je viens dans ce camp et c’est super bien, pour s’entraîner c’est le top !
Vous aviez déjà essayé d’autres camps avant en Thaïlande ?
Karim : Il y a deux ans nous avions été dans le camp 96 Peenang avec Abdallah Mabel et son cousin. Il y avait les champions Nong O Sit Or et Samranchaï qui s’entraînaient là-bas, ce sont des grands champions. Il y avait d’autres champions aussi. Je me souviens quand seulement trois jours, les champions du camp, ils avaient remporté deux ceintures du stadium Lumpinee !
Houcine : Sur Bangkok, j’ai fait le camp 96 Peenang. Puis, nous nous sommes entraînés aussi à Pattaya au camp Sityodtong
Le camp 96 Peenang vous l’avez découvert comment ?
Karim : Nous l’avons découvert vraiment par hasard. Lors de notre arrivée à Bangkok, nous avons demandé à un chauffeur de tuk-tuk s’il connaissait un camp de boxe. Et il nous a emmené dans ce camp très roots. Avec mon frère, Abdallah Mabel et la Team St Fons ce fut une bonne expérience. Mais je préfère quand même le camp de Rob Cox, l’ambiance est meilleur. Au camp 96 Peenang, les Thaïlandais nous calculaient pas trop, en plus, nous étions nombreux en tant qu’étranger, ce n’était pas pareil
Houcine : Oui, moi aussi, je préfère le camp de Rob Cox
En quelle année vous êtes venus pour la première fois en Thaïlande ?
Houcine : En 2006 et nous avons bien accroché. Depuis, on essaye d’y retourner souvent
Vous avez déjà combattu en Thaïlande ?
Karim : Non, je n’ai jamais boxé en Thaïlande. Mais je ne boxerais pas sans Nasser (Coach) dans mon coin, c’est négatif…
Houcine : Non, je n’ai pas eu encore l’occasion de combattre en Thaïlande parce que je ne suis pas encore venu avec Nasser (Coach). Et boxer sans Nasser, ce n’est pas la même chose. Je prends mon temps et quand cela se fera, je pense, il y aura Nasser dans mon coin et cela se passera bien
C’est quand même un peu votre objectif de combattre en Thaïlande et des gars de votre club comme Fabio Pinca, Yohan Lidon, Michael Piscitello ont déjà combattu ici ?
Karim : Oui, mais ils ont plus de maturité que nous, nous sommes encore très jeunes. Et Nasser, il fait vraiment notre force dans le coin. On viendra boxer avec lui, c’est fort possible
Houcine : Oui, c’est vrai, j’aimerais beaucoup faire un combat en Thaïlande. Pourquoi pas contre quelqu’un de connu, ce serait une bonne expérience. Mais avec Nasser…
Vers quel âge vous avez débuté la boxe ?
Karim : J’ai commencé vers 10 ans, très tôt. C’est un ami, Olivier Forestier, et un autre ami Basil, qui m’ont emmené dans un club de boxe, le club de Nasser. J’ai tout de suite accroché ce sport. Et Nasser a vu que nous avions des capacités, que nous étions sérieux. Donc, il nous a bien encadrés ainsi que mon père
Houcine : J’ai commencé à 11 ans, un an après mon frère. On n’a pas connu d’autres clubs que chez Nasser. C’est un ami d’enfance, Olivier Forestier qui est aujourd’hui marathonien qui nous a emmené dans ce club. Puis, progressivement, Nasser nous a suivis et voila, tout ce que nous avons appris dans ce club depuis dix ans c’est grâce à Nasser
C’est comme une famille la Team Nasser ?
Karim : Oui, exactement
Houcine : Une grande famille !
Vers quel âge vous avez effectué vos premiers combats ?
Karim : A 11 ans en éducatif, j’ai été champion de France éducatif à l’époque. Après, en prenant de l’âge, les combats en éducatif c’est moins bien car c’est à la touche, on marque ses points sans faire mal. Pour les petits c’est très bien les matchs en assaut, techniquement et pour l’ambiance, le fait de pouvoir affronter un adversaire c’est une bonne expérience. Après, il faut passer à un autre stade
Houcine : J’ai boxé six mois après vers 12 ans. A 15 ans, j’ai tenté des combats en classes B, j’étais plein d’illusion et cela n’a pas été facile. Mais malgré les difficultés que l’on a pu rencontré nous avons continué…
Dans quel quartier de Lyon vous avez grandi ?
Karim : Au début, nous avons vécu 15 ans dans le 8ème arrondissement de Lyon, dans le quartier du Bachut. Ensuite, nous avons déménagé sur Vénissieux, en banlieue de Lyon. En tout cas, nous avons toujours habité pas loin de la salle de boxe
Comment était le club au départ, il y avait déjà du monde ?
Houcine : Au départ, il n’y avait pas grand monde. Le club était dans un grenier dans une MJC, il n’y avait pas de fenêtres, il faisait chaud. Pour moi, qui n’avait que 11 ans, c’était des conditions difficiles. Mais avec le temps moi et mon frère, nous nous sommes accrochés. Et mon père voulait vraiment que nous percions dans la boxe. Nasser a toujours été là pour nous entraînés et nous motivés. Nous avons suivi l’évolution du club. Aujourd’hui, le club a une grande salle et cela se passe mieux qu’avant…
Vos premiers combats importants ?
Karim : A 17 ans, j’ai boxé pour une ceinture WKN européenne amateur en Espagne. J’ai perdu aux points. Mais avec l’expérience que j’avais, par rapport à l’expérience de mon adversaire, j’ai fait un beau combat. Sinon, l’année dernière, j’ai été champion de France classe A FMDA. Je suis parti chercher mon titre en Martinique contre Néhémie Félicité. Ce fut une bonne expérience, un beau voyage
Houcine : J’ai fait mon premier classe A en Muay Thai contre Amadou BA à 17 ans. Avant, j’avais boxé le champion Mehdi Zatout mais c’était en Kick Boxing. Sinon, contre Amadou Ba j’étais donné perdant à 100 % car il avait plus d’expériences que moi. C’était mon premier 5×3. Mais au 1er round, je l’ai touché avec un genou à la tête et au deuxième round j’ai gagné par KO avec un High Kick. Cela a été une grande surprise !
Quel âge vous avez aujourd’hui ?
Karim : J’ai 21 ans
Houcine : J’ai 20 ans
Quels combattants connus vous avez déjà affronté ?
Karim : J’ai boxé 3 fois Patrick Carta (Champion du Monde WKN de boxe thai) en Italie. J’ai rencontré Albert Chey (Champion d’Europe de boxe thai). J’ai boxé Vatsana Sedone (Champion de France de boxe thai). J’ai boxé Laimongkorn qui est le petit frère de Lamsongkram. En Kick Boxing, j’ai rencontré Mickael Peynaud (Champion de France)
Houcine : J’ai boxé Damien Alamos (Champion de France, Champion du Monde de boxe thai), j’ai fait un beau combat face à lui. Contre Mehdi Zatout (Champion de France, champion d’Europe de boxe thai) et Sofiane Derdega aussi c’était des beaux combats. J’ai gagné contre des thais. Contre Adamandopoulos (Champion de France Kick Boxing), j’ai combattu j’avais 17 ans, c’était en Italie, j’ai gagné par KO. J’ai rencontré aussi Ekapon (Champion du Monde de boxe Thai, 366 combats, 260 KO !) pour une ceinture mondiale, c’était mon premier thaïlandais que j’affrontais. J’ai affronté dernièrement aussi Anuwat (Champion du Monde, Champion du Lumpinee, Champion du Radja, Champion d’Omnoi)
Houcine tu rencontres Ekapon et Anuwat qui sont deux références mondiales, le premier à 19 ans et le deuxième à 20 ans, c’est fort quand même. Ce n’était pas un peu prématuré ces fights ?
Houcine : Sur le principe oui. Mais je fais confiance à Nasser. On m’a dit Ekapon à 300 fights et il est très, très fort. C’est vrai que je manquais de maturité mais je ne regrette pas de l’avoir rencontré. Cela m’a donné encore deux fois plus confiance en Nasser. Car je pense que je ne suis pas passé loin pour cette ceinture mondiale. Quand à Anuwat, c’était à Tour et je m’étais préparé normalement pour rencontrer Mehdi Zatout, il voulait me retrouver car je l’avais gagné en juillet dernier. Je me suis préparé dur et au dernier moment à 18 H, j’apprends que je rencontre Anuwat. Nasser m’a dit d’y aller et comme j’ai confiance en lui j’ai saisie l’occasion. Cela s’est bien passé. Anuwat est très fort surtout avec ses poings. Mais globalement avec ce combat j’en ressors plus grand, je suis vraiment content
A votre âge vous rencontrez déjà des pointures, cela promet pour l’avenir, dans quelques années vous allez affronter tous les grands champions de votre catégorie. Vous aimez les défis et les combats durs ?
Karim : Oui, quand c’est une vraie « guerre », c’est ce qui fait un beau combat. Par exemple, avec de l’expérience et de la maturité, un boxeur comme Bowee, j’aimerai le rencontrer, j’aime ce genre de boxeur dur. Cela ferait un beau fight !
Houcine : De toute manière l’objectif dans la boxe c’est de rencontrer d’abord les plus forts, peu importe les ceintures. C’est vrai qu’un titre cela fait aussi énormément plaisir. Mais le plus important, c’est d’affronter les plus forts. Après, s’il y a une ceinture en jeu tant mieux, s’il n’y en a pas tant pis…
Vous combattez uniquement en Muay Thai ?
Karim : La particularité à la Team St Fons c’est que nous boxons un peu dans tous les styles de boxe. En Muay Thai, en Kick Boxing, en K1 et en Full Contact. Tu ne prends de l’expérience quand montant sur le ring, donc pourquoi ne pas tester les autres disciplines
Houcine : J’ai déjà boxé en Kick Boxing. Mais quand tu t’entraînes en Muay Thai, le Kick Boxing cela n’a rien à voir, donc j’essaye d’éviter. En style K1, j’aime bien, car il y a un peu les coups de genoux et je pense que ma boxe peut s’adapter. Mais je préfère combattre avant tout en Muay Thai !
Quelles techniques vous aimez en combat ?
Karim : J’aime beaucoup les techniques avec les poings et les coudes et aussi les low kicks. Mais j’essaye d’être complet afin que dans n’importe quelle situation je puisse gérer le combat
Houcine : J’aime les coups de coudes. Je pense encore ne pas savoir bien les placer. Mais c’est une technique que j’aime beaucoup. Après, les low kicks j’aime aussi et surtout l’anglaise. A St Fons, nous faisons pas mal de sparring en anglaise
Vous venez en Thaïlande pour travailler vos techniques de coups de coudes ?
Karim : Oui, entre autres, mais nous travaillons aussi cette technique à la salle
Houcine : On peut les travailler à St Fons avec Fabio (Pinca), il n’y a pas de souci à ce niveau là. Mais il vaut mieux voir ce que cela donne en Thaïlande, c’est toujours plus intéressant
Au club de St Fons vous tournez avec quels sparrings ?
Karim : Avec mon frère, Fabio (Pinca), Yohan (Lidon), Mich (Piscitello), Abdallah (Mabel) et plein d’autres
Houcine : Oui, c’est toujours les mêmes, Fabio, Yohan, Mich, Abdallah, mon frère, Mouksen, un poids lourd qui bouge comme un 60 Kilos. Et nous n’hésitons pas à tourner aussi avec des débutants
C’est ça la force de la Team Nasser Kacem, vous tournez tous ensemble, il n’y en a pas un qui reste à l’écart ?
Karim : Nous sommes unis, c’est notre force !
Houcine : Oui, personne ne reste dans le coin. Dès que l’on a du temps à accorder au débutant, on lui accorde. Parfois, c’est le débutant qui nous apprend des choses sur nous même…
Combien de combats vous avez chacun à votre actif ?
Karim : J’ai 29 combats. 23 victoires, 4 défaites et 2 nuls
Houcine : J’ai fait 31 combats. 27 victoires (19 KO) et 4 défaites
Est ce qu’il y a des boxeurs qui vous ont influencé au début de votre carrière ?
Karim : Lorsque j’étais plus jeune, j’adorais Ramon Dekkers pour son agressivité !
Houcine : J’aimais beaucoup Samart Payakaroon et surtout Ramon Dekkers. Mais avant de connaître les boxeurs thaïs, nous avions mis en place un boxeur « prototype ». Ce serait un gars qui aurait l’agressivité de Nasser, qui serait félin comme Abdallah (Mabel), qui aurait la force de Yohan (Lidon) et le mental de Fabio (Pinca), je pense que se serait le boxeur type !
Ce serait le « Superman » de la boxe ?
Karim et Houcine : Oui (Rires)
Et actuellement quel boxeur vous aimez ?
Karim : Petrosyan !
Houcine : Oui, Petrosyan c’est le N° 1 pour moi !
Quels sont vos objectifs pour cette année ?
Karim : Pouvoir boxer en Thaïlande mais avec Nasser. Je pense que si je suis bien entraîné je peux rencontrer des noms ici. Que l’on gagne ou que l’on perd cela sera une bonne expérience. Et surtout faire des beaux combats
Houcine : C’est de faire des beaux combats et le plus important, que les gens aiment les combats que je fais car sans les spectateurs nous sommes rien. Ensuite, qu’il y ai un grand respect dans la boxe entre les boxeurs, avant et après le combat
Vous avez une petite anecdote liée à la boxe à nous raconter ?
Karim : Une fois, en Italie, lors d’un Tournoi, suite au forfait d’un combattant, nous avons dû nous affronter moi et mon frère, c’était en finale du tournoi !
Et qui a gagné ?
Houcine : Honneur au plus vieux, c’est mon frère qui a gagné
Vous voulez ajouter quelque chose ?
Karim : Bon courage à tous les gens qui essayent de médiatiser la boxe, des gens comme toi qui font des sites internets, des articles sur des jeunes comme nous qui commencent à monter, c’est vraiment bien. Et je fais une grande dédicace à Nasser Kacem, je le remercie pour tout, je remercie ma mère, mon père, Olivier Forestier, Basil et à tous les gens qui nous supportent !
Houcine : Je ferais la même dédicace à Nasser Kacem, à ma mère, à mon père, à Olivier Forestier, à Basil et merci à tous les gens qui nous supportent !
Merci Houcine et Karim pour cette interview et Chookde à vous !
Karim et Houcine : Merci à toi Serge !
Les frères Bennoui sont deux boxeurs inséparables qui montent à vitesse grand V parmi l’élite du Muay Thai hexagonale. Issus de la nouvelle génération, avec leur cœur énorme, ils sont de la race des guerriers qui ne renoncent jamais. Ils sont prêts à affronter n’importe quel adversaire avec un engagement total. D’ici quelques années, ils feront certainement partie des meilleurs mondiaux. Et c’est sûr, le public sera encore debout plus d’une fois pour leurs combats !
COMBAT DE FEU ENTRE LES JEUNES HOUCINE BENNOUI ET DAMIEN ALAMOS
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HOUCINE BENNOUI FACE AU GRAND CHAMPION THAILANDAIS EKAPONE
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KARIM BENNOUI CONTRE LE CHAMPION DU MONDE PATRICK CARTA
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KARIM BENNOUI
Poids : 63,500 Kg
Nombre de combat : 29 combats. 23 victoires, 4 défaites et 2 nuls
Titre : Champion de France Classe A
HOUCINE BENNOUI
Poids : 63,500 Kg
Nombre de combat : 31 combats. 27 victoires (19 KO) et 4 défaites
Titre : Vice Champion du Monde de boxe Thai