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LE CAMP SIT BOONMEE

Temps de lecture : 4 minutes

Le Camp SIT BOONMEE

Special report by Serge TREFEU (2012)

Ce petit camp perdu au fin fond de la campagne du Nord-Est est très difficile à trouver. Il est situé à 30 Km de la ville de Buriram dans le minuscule village de Baan Sot près de Baan Si Liam. Pour trouver ce camp il m’a fallu prendre un bus local depuis Buriram qui partait en direction de la ville de Prakon Chai. Ce bus m’a déposé en pleine campagne sur la route principale complètement déserte. Le camp se trouvait à 5 Km plus loin dans les terres. J’ai pu accédé au camp grâce à une charmante jeune fille qui m’a emmené en mobylette jusqu’au camp Sit Boonmee. Assis derrière sa vieille mobylette qui roulait aussi vite qu’un vélo, j’ai pu contemplé le paysage grandiose composé de champs de rizières à perte de vue. La route qui allait au village de Baan Sot était parsemée de bosses et de larges trous. De plus, durant le trajet on croise d’énormes buffles qui traversent de temps en temps la route, heureusement que nous ne roulions pas vite…

L’aller pour arriver au village de Baan Sot a été sympathique. Par contre après le reportage sur le camp mon retour fut moins agréable. En effet, j’ai du négocier âprement pour qu’une personne veuille bien me déposer en voiture à l’endroit où le seul bus pour Buriram fait une halte. Mais le temps d’arriver et c’était trop tard, le dernier bus pour Buriram était passé. Je me retrouvais à faire du stop en pleine campagne, la nuit tombée, au bord d’une route quasi déserte, avec pour seul compagnon des nuées de moustiques et un vieux chien errant. Par chance, un routier à bien voulu m’embarquer dans son énorme camion et me déposer juste devant mon hôtel à Buriram. Les thais sont souvent adorables et d’une grande générosité.

Parfois ce n’est pas le cas, ils se montrent plutôt antipathique envers les étrangers. Comme les entraîneurs et la patronne du camp Sit Boonmee qui m’ont accueilli froidement. Et m’ont carrément demander de l’argent pour prendre des photos de leur boxeur. Jamais je ne donnerais de l’argent pour faire un reportage sur quelqu’un. Heureusement pour moi, le patron du camp a été très chaleureux et m’a tout de suite mis à l’aise avec sa gentillesse et sa passion du muay thai.

Mr Boonmee, un passionné de boxe depuis toujours à ouvert le camp Sit Boonmee, voilà maintenant près de 20 ans. En créant ce camp, ce professeur de l’école du village de Baan Sot à donc assouvi sa deuxième passions après l’enseignement, le Muay Thai…

KHRU BOONMEE

Au commencement le camp Sit Boonmee était vraiment sommaire, le sol était en terre, le toit recouvert de feuille de bananier et il n’y avait que deux sacs de frappes. Aujourd’hui, la structure du camp s’est améliorée, le sol est en dur, le toit est en tôle et il y a plusieurs sacs de frappes ainsi qu’un ring. Mais les chambres des boxeurs sont encore vraiment spartiates. Ce sont de simples cabanes en bois, très étroites, sans eau, ni électricité à l’intérieur…

Le Sit Boonmee à toujours eu de bons combattants et l’un des plus connus qui a été formé ici est le légendaire Samkor Kietmontep (Champion du Lumpinee en 115 lbs, en 122 lbs et en 130 lbs, Champion de Thaïlande en 135 lbs) !

Le camp a beaucoup moins de boxeur que dans les années 2000 car dans la région de Buriram la boxe thai n’est plus très populaire auprès des jeunes. Pourtant Buriram était l’une des régions qui produisait les meilleurs combattants du pays. Et beaucoup de spécialistes le pensent encore. Mais les jeunes sont désormais envoûtés par le football. La ville de Buriram a investi récemment des millions de bahts dans la construction d’un magnifique stade de foot. C’est actuellement l’un des plus grand et plus beau de Thaïlande. Et l’équipe locale, le Buriram United F.C., est devenu un club professionnel réputé qui a gagné trois titres majeurs en 2011, la Thai Premier League, la Thai FA Cup et la Thai League Cup, un record !

Maintenant le camp Sit Boonmee ne compte qu’une dizaine de boxeurs avec de très bons combattants comme Phetdam Sitboonmee, classé N° 10 au stadium Omnoi en 122 lbs, et Fonluang Sitboonmee, classé N° 2 en Thaïlande en 118 lbs. Mais la star du camp est sans conteste le talentueux Kongsak Sitboonmee qui a remporté quatre ceintures. Il est champion du Lumpinee en 126 lbs et 130 lbs, Champion de Thaïlande en 126 lbs et Champion du Monde WMC en 130 lbs. Ce grand champion a été élu « Meilleurs combattants de l’année » en 2011. Kongsak a battu des pointures comme Tryjak Sitjomtry, Detnarong Wor Sangprapai, Petthawee Sor Kittichai, Pornsaneh Sitmonchai, Singthongnoi Por Telakun, Pakon Sakyothin, Jomthong Chuwattana, Phet Ek Kiatyongyut et Nong O Kayanghadhao !

Ce superbe combattant est issu d’une famille de boxeur et son oncle n’est autres que l’ancienne légende des rings, Changpuek Kiatsongkrit. Changpuek qui est natif du village où se trouve le camp Sitboonmee.

KONGSAK SITBOONMEE

Le camp Sit Boonmee s’est forgé une renommé notamment grâce aux bons résultats du champion Kongsak mais aussi grâce à l’un de ses entraîneurs, Pelé Kiatsongrit. C’est lui qui a formé Samkor Kietmontep entre autres et bien d’autres combattants. Pelé Kiatsongrit a été élu « Meilleurs entraîneur de l’année » en 2011. Il ne reste plus au propriétaire de ce petit camp qu’à recevoir le prestigieux titre de « Meilleurs camp de l’année » pour être comblé…

PELE KIATSONGRIT

Aussi des champions d’autres camps viennent s’entraîner ici comme Tong Puideenaidee l’actuel champion du Lumpinee en 122 lbs. Tong se prépare à Bangkok et au Sit Boonmee pour ses combats dans les stadium de la capitale.

Les boxeurs du Sit Boonmee combattent souvent au stadium du Lumpinee et dans celui du Radja. Ils ont donc deux promoteurs différents, Songchai Ratanasuban pour le Radja et Virat Vichirarattanawong (Petchyindee) pour le Lumpinee.

L’entraînement débute à 6 H du matin, les nakmuays vont courir sur les routes désertes des campagnes, ils effectuent environs 8 à 10 Km. Pour le jooging de l’après-midi c’est plus difficile car les boxeurs doivent courir sous un soleil de plomb, leur parcours ne s’élève donc qu’à 6 Km. Dès qu’ils ont fini leur footing, les nakmuays enchaînent tout de suite par la séance de corps à corps qui va durée 30 minutes. Dans ce camp ils font beaucoup de corps à corps, cela arrive qu’ils fassent parfois jusqu’à trois séances de corps à corps dans la journée, une le matin et deux l’après midi !

Les séances aux paos sont faites deux fois par jour et durent quatre rounds de cinq minutes chacun. Ici les combattants s’entraînent dur et vivent dans des conditions austères. En pleine campagne, ils n’ont pas de distraction et leurs chambres sont rudimentaires, ils dorment dans de simple cabane en bois envahie de moustiques. Seul le champion du camp, Kongsak, dors dans sa maison qui se trouve à un kilomètres du camp. Pratiquement aucun étranger n’est venu s’entraîner dans ce camp qualifié de « Fimeuu » (technicien). Seulement deux combattants français sont venus au Sit Boonmee mais ils ne sont pas restés longtemps…

Toutefois, le propriétaire accepte les boxeurs étrangers, il leur en coûtera juste 500 bahts par jour pour s’entraîner, manger et dormir aux côtés des nakmuays du Sit Boonmee. Ce camp n’est pas pour les boxeurs « délicats » désireux de s’entraîner dans un cadre luxueux. Il est plutôt pour les derniers baroudeurs des rings qui tentent encore l’aventure au pays du Muay…