LE MUAY THAI ET LE MMA, EN THAÏLANDE ET EN FRANCE, PLUSIEURS PERSONNALITÉS DU MMA DONNENT LEUR AVIS, DANIEL WOIRIN, JÉRÔME LE BANNER, JULIEN SERI, LUCIE BERTAUD, SÉBASTIEN LOEW, QUENTIN AROLA, MATTHIAS RICCIO
LE MUAY THAI ET LE MMA, EN THAÏLANDE ET EN FRANCE, PLUSIEURS PERSONNALITÉS DU MMA DONNENT LEUR AVIS, DANIEL WOIRIN, JÉRÔME LE BANNER, JULIEN SERI, LUCIE BERTAUD, SÉBASTIEN LOEW, QUENTIN AROLA, MATTHIAS RICCIO
special report by Serge TRÉFEU (2024)
Le MMA (arts martiaux mixtes) est un sport de combat qui combine de nombreux arts martiaux tels que le Muay Thai, la boxe, le judo, la lutte, le karaté, le sambo et le jujitsu brésilien. Ce style comprend des coups de pied, des coups de poing et des soumissions de l’adversaire (techniques d’abandon).
Le MMA permet aux combattants d’utiliser une grande variété de techniques provenant de différents styles de combat, ce qui en fait une discipline extrêmement polyvalente et complète. Les combats de MMA se déroulent dans une cage ou un ring et sont régis par des règles spécifiques pour assurer la sécurité des combattants tout en permettant un large éventail de techniques de combat.
La différence entre les combats en MMA et les combats en Muay Thai se fait dans l’utilisation de différentes techniques. Bien que le Muay Thai et le MMA utilisent les poings, les pieds, les genoux et les coudes, le Muay Thai ne comprend pas de techniques de frappe en position allongée. En Muay Thai, les combats se concentrent sur les échanges debout, avec une grande importance accordée aux coups de coude et de genou ainsi qu’aux techniques de clinch.
En revanche, le MMA intègre également des techniques de lutte et de soumission, ce qui permet aux combattants de continuer le combat au sol. Les techniques de lutte en MMA incluent des projections, des takedowns et des techniques de grappling au sol, telles que les étranglements et les clés articulaires.
Ainsi, le MMA offre un champ de bataille plus large où les combattants doivent être compétents aussi bien en striking debout qu’en combat au sol, ce qui en fait un sport de combat très complet et complexe.
Ces dernières années, l’industrie des combats de MMA est devenue mondialement connue grâce au célèbre show américain « UFC (Ultimate Fighting Championship) », créé par Dana White (président actuel de l’UFC). Ce mega show a produit des stars mondiales qui rivalisent en popularité auprès des nombreux fans de boxe anglaise.
L’UFC a révolutionné le monde des arts martiaux mixtes en offrant une plateforme globale où les meilleurs combattants du monde entier peuvent s’affronter. Avec des événements spectaculaires diffusés dans le monde entier, l’UFC a attiré une audience massive et fidèle. Des combattants comme Conor McGregor, Khabib Nurmagomedov, Ronda Rousey et Jon Jones sont devenus des figures emblématiques non seulement dans le monde du MMA, mais aussi dans la culture populaire.
Le plus médiatisé de tous fut le champion irlandais Conor McGregor, qui s’est distingué à la fois par son talent et sa grande éloquence lors des talk shows. D’autres champions sont également devenus des stars mondiales, notamment Georges St-Pierre, Anderson Silva, Khabib Nurmagomedov, Randy Couture, Fedor Emelianenko, Jon Jones, Daniel Cormier et Francis Ngannou.
Le MMA a aussi vu émerger des stars féminines telles qu’Amanda Nunes, Ronda Rousey, Joanna Jedrzejczyk, Chris Cyborg, Holly Holm, Valentina Shevchenko, Rose Namajunas, Megumi Fujii, Gina Carano et Miesha Tate.
Ces combattants ont non seulement brillé par leurs performances spectaculaires dans l’octogone, mais ils ont aussi captivé le public par leurs personnalités charismatiques et leurs parcours inspirants.
Conor McGregor, par exemple, a attiré l’attention non seulement par ses compétences exceptionnelles en combat, mais aussi par ses conférences de presse mémorables, ses déclarations audacieuses et son sens aigu du spectacle. Sa rivalité avec Khabib Nurmagomedov a été l’une des plus intenses et médiatisées de l’histoire de l’UFC.
Georges St-Pierre, souvent considéré comme l’un des meilleurs combattants de tous les temps, est reconnu pour son style de combat polyvalent et sa discipline. Anderson Silva a captivé les fans avec son style fluide et ses KO spectaculaires, tandis que Jon Jones est admiré pour sa domination technique et physique dans la division des poids lourds-légers.
Parmi les femmes, Ronda Rousey a été pionnière en popularisant le MMA féminin avec ses victoires rapides et impressionnantes, devenant une icône au-delà du sport. Amanda Nunes est célèbre pour avoir battu certaines des plus grandes combattantes de l’histoire et pour être une double championne de l’UFC.
Ces combattants ont tous contribué à l’ascension du MMA en tant que sport majeur à l’échelle mondiale, attirant un large public et inspirant de nombreux aspirants combattants à poursuivre leurs rêves dans l’octogone.
L’UFC domine le cœur des téléspectateurs en Europe, en Amérique et en Afrique. En Asie, c’est maintenant le show One Championship qui attire de plus en plus de fans de sport de combat, notamment du MMA. Sous la direction de son fondateur, Chatri Sityodtong (Également fondateur du complexe Evolve MMA situé à Singapour), One Championship commence à rivaliser avec l’UFC en termes de popularité, bien qu’il ne soit pas encore à la hauteur des salaires offerts par l’UFC.
Bien que le One Championship offre de grosses bourses à ses combattants, ces montants ne peuvent encore rivaliser avec les revenus pharamineux que certains champions de l’UFC peuvent atteindre.
Des combattants de l’UFC comme Conor McGregor et Khabib Nurmagomedov ont gagné des sommes considérables, souvent grâce à la combinaison de leurs contrats de combat, des bonus de performance, et des accords de sponsoring lucratifs.
Néanmoins, One Championship a su se démarquer par sa propre identité et ses valeurs. L’organisation met l’accent sur le respect, l’honneur et la promotion de diverses disciplines martiales, notamment le Muay Thai, le kick boxing et le MMA. En conséquence, One Championship a réussi à attirer des combattants de classe mondiale et à organiser des événements spectaculaires qui captivent les fans à travers l’Asie et au-delà.
La bourse minimum d’un combattant à l’UFC est de 11 000 euros par combat, et elle peut atteindre des millions d’euros pour les meilleurs champions.
Parmi les champions les plus riches de l’UFC, on peut citer Conor McGregor (39 millions d’euros), Khabib Nurmagomedov (22 millions d’euros), Francis Ngannou (18 millions d’euros, notamment grâce à son match en boxe anglaise contre Anthony Joshua), Anderson Silva (13 millions d’euros), Andrei Arlovski (11 millions d’euros), Georges St-Pierre (10 millions d’euros) et Jon Jones (10 millions d’euros).
En comparaison, les bourses des combattants du ONE Championship sont significativement plus modestes. La bourse la plus basse pour un combattant du ONE Championship s’élève à 1400 euros. Cependant, les plus hauts revenus des grands champions de cette organisation varient entre 93 000 euros et 300 000 euros.
Les deux stars du MMA du ONE Championship, Demetrious Johnson et Eddie Alvarez, sont les mieux payées de l’organisation, ayant touché environ 700 000 euros pour Demetrious Johnson et 550 000 euros pour Eddie Alvarez par combat.
Cette disparité reflète les différences en termes de revenus générés par les deux organisations. L’UFC, avec sa plus grande notoriété et son marché mondial bien établi, génère des revenus plus élevés grâce à la vente de pay-per-views, des accords de diffusion et des sponsors.
En revanche, ONE Championship, bien que croissant rapidement et gagnant en popularité, surtout en Asie, ne dispose pas encore de la même envergure financière. Cependant, l’organisation met en avant d’autres valeurs et avantages pour ses combattants, comme un environnement de travail respectueux et une promotion des arts martiaux traditionnels.
En conclusion, bien que les combattants de l’UFC puissent gagner des sommes astronomiques, ONE Championship offre également des opportunités lucratives et une plateforme croissante pour les combattants de diverses disciplines, avec des bourses qui augmentent à mesure que l’organisation gagne en popularité et en influence.
En Thaïlande, il y a quelques années, le MMA n’était pas très populaire. De plus, les officiels du Muay Thai était également opposé à l’art martial du kick boxing.
Mais, lorsque la culture MMA de l’UFC, répandue en Europe, a commencé à se populariser, le paysage des sports de combat en Thaïlande a changé.
Il y a environ cinq ans, le ONE Championship, dirigé par Chatri Sityodthong, a commencé à élargir son marché en Asie, utilisant Singapour et la Thaïlande comme centres de commandement pour concurrencer l’UFC. Cette stratégie a permis de faire connaître et de populariser les arts martiaux mixtes (MMA) en Thaïlande, sous la bannière du “Sports Entertainment”.
ONE Championship a réussi à attirer l’attention du public thaïlandais en intégrant des éléments de divertissement tout en respectant les traditions des arts martiaux. Grâce à des événements spectaculaires et à la promotion de champions locaux et internationaux, le MMA est devenu de plus en plus populaire en Thaïlande. Le développement de ce sport a également été soutenu par des infrastructures modernes et des programmes de formation de qualité.
Aujourd’hui, le MMA en Thaïlande continue de croître en popularité, bénéficiant d’un public de plus en plus large et passionné. Le succès du ONE Championship a joué un rôle crucial dans cette évolution, offrant une plateforme où les combattants peuvent non seulement montrer leur talent, mais aussi inspirer une nouvelle génération d’athlètes thaïlandais.
La popularité croissante du MMA en Thaïlande a conduit à la création d’organisations locales qui proposent des shows combinant des matchs de MMA et de Muay Thai, mettant en vedette des combattants principalement thaïlandais.
L’une de ces organisations notables est le “Legend FC”. Legend FC est une organisation basée à Hua Hin qui organise des événements de combat mixte, incluant des matches de MMA et de Muay Thai. Ce type de format hybride attire un large public, à la fois des passionnés de Muay Thai traditionnel et des amateurs de MMA moderne.
En 2023, le premier championnat asiatique d’arts martiaux mixtes s’est déroulé avec succès à Bangkok.
L’Asian MMA Championship a été créé pour promouvoir et développer les talents locaux en MMA, c’est une compétition régionale de haut niveau dans le domaine des arts martiaux mixtes (MMA) en Asie. Cet événement rassemble des combattants talentueux de divers pays asiatiques pour concourir dans un cadre professionnel, contribuant à la croissance et à la popularité du MMA dans la région.
Alors que le MMA commençait à se répandre en Thaïlande, de nombreux grands camps de Muay Thai ont vu l’opportunité de diversifier leurs activités pour répondre à la demande croissante de ce marché en plein essor. En produisant des combattants capables de se distinguer dans le MMA, ces camps ont trouvé une nouvelle source de revenus et un moyen d’augmenter leur notoriété.
Certains camps de Muay Thai ont même commencé à ajuster leur style d’entraînement pour inclure des techniques de MMA, attirant ainsi de nouveaux talents et offrant des formations complètes en arts martiaux mixtes.
Comme les centres de formation de MMA bien connus en Thaïlande tels que la Team AKA Thailand – Situé à Phuket, ce centre est réputé pour son programme de formation complet en MMA et ses entraîneurs de renommée internationale. Il a été fondé par l’ancien poids moyen de l’UFC Mike Swick.
Le Tiger Muay Thai – Également à Phuket, ce camp est célèbre pour ses programmes de Muay Thai et de MMA, attirant des combattants du monde entier.
La Team Quest Thailand – Basé à Chiang Mai, ce centre offre une formation de haute qualité en MMA, en Muay Thai et en jiu-jitsu brésilien.
Le Bangkok Fight Lab – Situé dans la capitale thaïlandaise, ce centre est réputé pour ses cours de MMA, de jiu-jitsu brésilien et d’autres arts martiaux.
Le Fairtex Pattaya Gym est l’une des salles de Muay Thai les plus anciennes et les plus célèbres de Thaïlande. Ouvert en 1971, il est devenu un grand complexe de remise en forme doté d’une piscine, d’hébergements et d’une salle de sport de Muay Thai. En plus du Muay Thai, le Fairtex Pattaya propose également des arts martiaux tels que le BJJ, le MMA et la lutte.
Le Kombat Group Thailand, basé à Pattaya, propose des forfaits pour le Jiu Jitsu brésilien, le Muay Thai, la boxe anglaise, le Krav Maga, le MMA et le fitness pour perdre du poids.
Le Venum Gym à Pattaya du champion Mehdi Zatout est connu pour sa fabuleuse Team de combattant professionnel en Muay Thai. Le camp dispose aussi d’une grosse infrastructure pour le MMA.
Le Marrok MMA Gym à Bangkok, les célèbres championnes de Muay Thai, les sœurs Wondergirl et Supergirl, donnent des cours de Muay Thai dans ce camp dédié aux techniques de MMA.
Le fameux camp Jitti Gym à Bangkok, un camp de boxe ouvert par des instructeurs de Muay Thai qui a plus de 23 ans d’expérience en boxe propose désormais aussi des cours de MMA.
Outre ces grands centres, de nombreux camps de Muay Thai traditionnels commencent à adapter leurs méthodes d’entraînement pour inclure des techniques de MMA.
Cela permet aux combattants de diversifier leurs compétences et de se préparer à des compétitions dans plusieurs disciplines. L’ajout de ces formations dans des lieux tels que Phuket, Chiang Mai et Bangkok aide à propulser la Thaïlande comme une destination clé pour les arts martiaux mixtes en Asie.
En adoptant cette approche, les propriétaires de camps de boxe thaïlandaise peuvent non seulement générer plus de bénéfices, mais aussi offrir de nouvelles opportunités aux boxeurs locaux et internationaux.
Ce changement stratégique permet à la Thaïlande de maintenir sa position de leader dans le monde des sports de combat tout en s’adaptant aux tendances mondiales.
Des combattants thaïlandais ont émergé en MMA, marquant leur présence sur la scène internationale grâce à leurs compétences exceptionnelles issues principalement du Muay Thai.
Voici quelques-uns des combattants thaïlandais notables dans le MMA :
Shannon Wiratchai a fait ses débuts professionnels en MMA en 2011, devenant l’un des premiers Thaïlandais à se lancer dans ce sport. Sa capacité de frappe destructrice lui a valu une réputation redoutable, et il détient le record du deuxième plus grand nombre de KO dans la division des poids légers du ONE Championship.
Le 21 août 2020, au ONE Championship : No Surrender 3, Wiratchai a affronté le grand champion français Fabio Pinca (Champion du Radja, champion du monde WBC), qui faisait ses débuts en MMA.
Ce combat était crucial pour Wiratchai, qui sortait d’une série de quatre défaites consécutives. Il a réussi à mettre fin à cette série en battant Fabio Pinca par décision partagée, montrant ainsi sa résilience et son talent.
Dejdamrong Sor Amnuaysirichoke, ancien champion de Muay Thai avec plusieurs titres, s’est tourné vers le MMA et a signé avec le ONE Championship. Il est devenu le premier champion du monde de MMA en provenance de Thaïlande en remportant le titre des poids pailles du ONE Championship.
Sa transition du Muay Thai au MMA a été couronnée de succès, illustrant l’adaptabilité et la compétence des combattants thaïlandais.
Pongsiri Mitsatit, surnommé “The Smiling Assassin”, est un autre combattant thaïlandais qui a fait sensation dans le ONE Championship. Avec un solide background en Muay Thai, il a réussi à traduire ses compétences en MMA, devenant un concurrent redoutable dans la division des poids pailles.
Rika Ishige, surnommée “Tiny Doll”, est une combattante thaïlandaise d’origine japonaise qui a fait ses débuts en MMA avec le ONE Championship. Elle a gagné en popularité grâce à son style de combat dynamique et à sa personnalité charismatique.
Rika est l’une des premières femmes thaïlandaises à s’imposer sur la scène internationale du MMA.
Loma Lookboonmee (championne du monde S-1 Muay Thai, 3 fois championne du monde I.F.M.A.) est une formidable combattante qui a fait la transition du Muay Thai au MMA.
Elle a signé avec l’Ultimate Fighting Championship (UFC), devenant la première combattante thaïlandaise à rejoindre cette organisation prestigieuse. Loma a fait ses débuts à l’UFC en 2019 et a rapidement attiré l’attention grâce à ses compétences techniques et à sa détermination.
L’ancien champion du monde de boxe, Yodsanan Sityodtong (champion WBA des supers plumes) a fait la transition vers le MMA sous la bannière du ONE Championship.
Connu pour ses puissants coups de poing, il a ajouté une nouvelle dimension à son arsenal de combat en intégrant des techniques de lutte et de grappling (5 combats en MMA pour 4 victoires).
Stamp Fairtex, a débuté sa carrière dans le Muay Thai et s’est rapidement distinguée par son talent exceptionnel.
Elle a remporté de nombreux titres prestigieux dans cette discipline, y compris des championnats nationaux et internationaux.
Fortement encouragée par le succès de ses carrières en Muay Thai et en kick boxing, Stamp Fairtex a décidé de faire le saut vers le MMA pour relever de nouveaux défis. Sa transition vers le MMA a été gérée par le ONE Championship, où elle a déjà été une figure établie en tant que championne.
Elle a fait ses débuts en MMA le 16 février 2018 au ONE Championship. Stamp Fairtex a rapidement montré son potentiel en remportant ses premiers combats contre des adversaires expérimentés.
Son style de combat agressif et sa capacité à mélanger des techniques de Muay Thai avec des techniques de lutte et de grappling ont fait d’elle une dangereuse concurrente.
Le champion « Somdet Sit Or » (Somdet M16) surnommé « Rambaa » (Le Danseur Fou) était un combattant fantasque connu pour ses acrobaties et ses danses Hip Hop qu’il exécutait avant et après chacun de ses combats. Il possédait un punch redoutable, son style de boxe était à la fois agressif et technique. Rambaa a effectué une centaine de combats en Muay Thai avec soixante dix victoires dont une trentaine par KO.
Après sa carrière en Muay Thai, Rambaa a combattu dans les règles du MMA et fut le premier champion du monde thaïlandais de MMA !
Le 23 novembre 2009, au Japon, à Tokyo, il a gagné la ceinture mondiale Shooto en 114 lbs (52 Kg) en battant le japonais Noboru Tahara. Une ceinture qu’il a défendu victorieusement contre le japonais Hiroyuki Abe. Dans les années 2000, les deux plus grandes organisations de MMA étaient l’UFC et le Shooto World Championship (Shooto est une organisation de sports de combat et d’arts martiaux mixtes régie par l’Association Shooto et la Commission internationale du Shooto). Rambaa compte 16 combats en MMA pour 13 victoires et 3 défaites.
Ces combattants ont non seulement montré que les Thaïlandais peuvent exceller dans le MMA, mais ils ont également contribué à populariser ce sport en Thaïlande, ouvrant la voie à une nouvelle génération de combattants talentueux.
En France, le MMA connaît une grosse popularité depuis sa légalisation en janvier 2020. Cette décision a ouvert la route à l’organisation de compétitions officielles et à la reconnaissance de ce sport par les autorités sportives françaises.
Pendant des années, les compétitions de MMA ont été interdites en France en raison des préoccupations concernant la sécurité des combattants et la perception du sport comme trop violent. Cette interdiction a limité le développement et la visibilité du MMA dans le pays.
La Fédération Française de MMA (FFMMA) a été officiellement créée en janvier 2020 avec l’accord et la reconnaissance de l’État français.
Grâce à son travail de régulation, de formation et de promotion, la FFMMA contribue à faire du MMA un sport reconnu et respecté, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle génération de combattants et de fans.
Les événements de MMA attirent de plus en plus de spectateurs et de pratiquants, et de nombreuses salles de sport proposent désormais des cours de MMA.
Des organisations comme l’ARES Fighting Championship, Hexagone MMA, et Cage Warriors ont commencé à organiser des événements en France, offrant une plateforme aux combattants français pour se faire connaître sur la scène internationale.
Le 3 septembre 2022, la célèbre organisation américaine UFC a organisé son tout premier événement en France, à l’Accor Arena de Paris. Cet événement historique a marqué une nouvelle ère pour le MMA en France, attirant une foule nombreuse et passionnée. Des combattants français de renom, tels que Ciryl Gane, ont participé à cet événement, contribuant à renforcer l’intérêt et le soutien pour le MMA dans le pays.
Le Bellator, la deuxième plus grande organisation de MMA aux États-Unis et l’une des principales organisations de MMA au monde, a également trouvé un écho favorable en France. Comme l’UFC, Bellator contribue à l’essor du MMA dans le pays.
Le Bellator a organisé son premier show en France le 10 octobre 2020 à l’Accor Arena de Paris. Cet événement a lancé l’arrivée officielle de Bellator sur le sol français, attirant un large public malgré les restrictions dues à la pandémie de COVID-19.
Des combattants tels que Cheick Kongo, un vétéran du MMA, et Yves Landu, ont participé à ces événements.
Après une longue période d’interdiction, le MMA s’est rapidement imposée sur la scène sportive française, attirant de nombreux pratiquants venant de divers horizons, y compris le Muay Thai.
Beaucoup de boxeur de Muay Thai en France se tournent vers le MMA pour diversifier leurs compétences et profiter des opportunités offertes par ce sport en plein essor.
Le Muay Thai, avec son riche arsenal de techniques de frappe, est un excellent point de départ pour les combattants de MMA.
Un des exemples les plus célèbres est Ciryl Gane, ancien pratiquant de Muay Thai devenu une star du MMA. Champion intérimaire des poids lourds à l’UFC, Ciryl Gane a utilisé ses compétences en Muay Thai pour se frayer un chemin jusqu’au sommet du MMA mondial.
Cheick Kongo, une figure emblématique du MMA qui a débuté sa carrière dans le monde du Muay Thai avant de devenir une star du MMA. Cheick Kongo a remporté plusieurs titres en Muay Thai et en kick boxing, se distinguant par sa puissance de frappe et sa technique redoutable. Ces compétences lui ont donné une base solide pour sa transition vers le MMA.
En 2006, il a signé avec l’Ultimate Fighting Championship (UFC), l’organisation de MMA la plus prestigieuse au monde.
Durant son temps à l’UFC, il a affronté certains des meilleurs combattants de la division des poids lourds et s’est forgé une réputation de redoutable combattant.
Cyrille Diabaté, surnommé “The Snake”, est une figure emblématique du MMA en France. Avant de se lancer dans le MMA, Cyrille Diabaté a eu une carrière impressionnante en Muay Thai (4 fois champion du monde de Boxe Thaï).
Il a remporté plusieurs titres importants, se faisant un nom dans les cercles des arts martiaux grâce à ses compétences techniques et à sa maîtrise du ring.
Cyrille Diabaté a commencé à s’intéresser au MMA à la fin des années 1990, une période où ce sport n’était pas encore bien établi en France. Il a rapidement fait la transition, combinant ses compétences en Muay Thai avec des techniques de grappling pour devenir un combattant polyvalent.
Il a combattu dans la division des poids mi-lourds de l’UFC, affrontant certains des meilleurs combattants du monde. Il a accumulé plusieurs victoires notables et s’est forgé une réputation de striker redoutable. Il a effectué 30 combats en MMA pour 19 victoires, 10 défaites et un match nul.
Après sa retraite du MMA en 2014, Cyrille Diabaté s’est consacré à l’entraînement et au mentorat des jeunes combattants français. Il a ouvert sa propre salle de sport, le Snake Team, où il entraîne la nouvelle génération de combattants de MMA.
Dylan Salvador (Champion du monde WAKO de Muay Thai et de K1) qui fut pendant un temps un redoutable combattant de Muay Thai a aussi réussi une belle transition vers le MMA avec 9 combats pour 7 victoires et 2 défaites.
Stéphanie Ielö Page, ancienne grande championne en Muay Thai (Championne du monde WMF, WAKO, WTKA) qui a fait une carrière remarquable dans cette discipline (49 combats pour 33 victoires) est devenue l’une des meilleurs combattantes française de MMA.
Première championne de l’histoire de l’organisation 100 % Fight en 2015, elle a remporté trois fois le titre mondiale. Elle compte 13 combats en MMA pour 8 victoires.
Nora Cornolle, championne de France Pro en Muay Thai dans les deux fédérations FFKMDA et AFMT (2018 et 2017) et championne d’Europe IFMA en 2022, possède un beau palmarès en Muay Thai avec une quarantaine de combats dans les poings pour une trentaine de victoires.
Sa transition en MMA est remarquable avec 9 combats pour 8 victoires. En 2023, elle a effectué son entrée dans la prestigieuse organisation UFC, à Paris, elle a battu aux points la panaméenne Joselyne Edwards et en 2024, aux Etats-Unis, elle a vaincu par KO l’anglaise Melissa Tonya Mullins !
Quelques autres grandes figures du Muay Thai français ont fait le pas vers le MMA comme Jimmy Vienot (1 victoire), Azize Hlali (2 victoires), Fabio Pinca (1 défaite) et Yohan Lidon (1 victoire). Aussi, le grand champion belge Youssef Boughanem (2 victoires).
Des immenses champions de MMA ont donné leur avis sur le Muay Thai, voici quelques témoignages de stars de cette discipline :
Conor McGregor (champion des poids plumes du CWFC (2012-2013), champion des poids légers du CWFC (2012-2013), champion intérimaire des poids plumes de l’UFC (2015), champion des poids plumes de l’UFC (2015-2016), champion des poids légers de l’UFC (2016-2018))
“Le Muay Thai est l’une des formes de combat les plus pures et les plus brutales. J’ai beaucoup de respect pour les pratiquants de Muay Thai, car ils maîtrisent l’art du combat rapproché avec une précision incroyable. Les techniques de coup de genou et de coude sont particulièrement redoutables et peuvent être décisives dans un combat de MMA.”
Georges St-Pierre (champion des poids mi-moyens de l’UFC (2006 et 2008-2013), champion intérimaire des poids mi-moyens de l’UFC (2007-2008), champion des poids moyens de l’UFC (2017))
“J’ai énormément de respect pour le Muay Thai. C’est une discipline qui demande une grande rigueur et une excellente condition physique. Les techniques de coup de genou et de coude du Muay Thai sont particulièrement redoutables et peuvent faire la différence dans un combat de MMA.”
Anderson Silva (champion des poids moyens du Shooto (2001), champion des poids moyens du Cage Rage (2004-2006), champion des poids moyens de l’UFC (2006-2013))
“Le Muay Thai est une discipline que j’adore. Elle m’a beaucoup aidé dans ma carrière de combattant. La puissance et la précision des coups de poing et de pied en Muay Thai sont impressionnantes.”
Valentina Shevchenko (championne des poids plumes de l’UFC (2018-2023))
“Le Muay Thai est la base de mon style de combat. C’est une discipline qui m’a appris la patience, la précision et la puissance. Les techniques de coup de pied et de poing du Muay Thai sont très efficaces en combat.”
Francis Ngannou (champion des poids lourds de l’UFC (2021))
“Le Muay Thai est une discipline très complète. Elle m’a beaucoup aidé à améliorer mes compétences en striking et à devenir un meilleur combattant. Les coups de genou et de coude du Muay Thai sont particulièrement efficaces.”
Siamfightmag a interviewé plusieurs personnalités du monde du MMA en France pour recueillir leurs avis sur le Muay Thai et sa place dans les arts martiaux mixtes :
Daniel Woirin a une vaste expérience en tant qu’entraîneur de MMA et de Muay Thai, ayant travaillé avec de nombreux champions et combattants professionnels de MMA.
Il a entraîné l’équipe de France de Muay Thai durant les championnats d’Europe 2002, une compétition dans laquelle la France a terminé la plus médaillée.
En MMA, Daniel Woirin fut pendant plusieurs années coach dans les plus grosses écuries mondiales de MMA, la Black House MMA au Brésil et la Team Quest aux Etats-Unis.
Au sein de ces équipes de champions, il a entraîné les stars de cette discipline que sont Lyoto Machida (champion des poids mi-lourds de l’UFC (2009-2010)), Vitor Belfort (champion des poids mi-lourds de l’UFC (2004), champion des poids mi-lourds du Cage Rage (2007)), Dan Henderson (vainqueur du tournoi poids moyens de l’UFC 17, champion des poids mi-moyens du Pride FC (2005-2007), champion des poids moyens du Pride FC (2007), champion des poids mi-lourds du Strikeforce (2011)), Anderson Silva (champion des poids moyens du Shooto (2001), champion des poids moyens du Cage Rage (2004-2006), champion des poids moyens de l’UFC (2006-2013)), avec qui il a remporté trois ceintures à l’Ultimate Fighting Championship (UFC) !
En France, Daniel Woirin a été entraineur de MMA au célèbre club Venum Training Camp de Rungis où il a préparé des combattants de hauts niveaux tels que Matthieu Letho Duclos (combattant de l’organisation Hexagone), Jorick Montagnac (combattant Oktagon), Romain Debienne (combattant du Bellator) et Benoit Saint-Denis (combattant de l’UFC).
Son expertise en Muay Thai et son approche méthodique de l’entraînement ont aidé de nombreux athlètes à améliorer leur performance et à réussir au top niveau du sport.
Jérôme Le Banner (Champion du monde de Muay Thai ISKA, WKN, WPMF, champion du monde de Kick Boxing WKN, WPL, ISKA, RCFA, 111 combats pour 86 victoires dont 70 par KO) est une figure emblématique des sports de combat pieds et poings. Sa carrière impressionnante, sa puissance de frappe et sa présence charismatique sur le ring en ont fait une légende vivante.
Il a marqué l’histoire du K-1, une des organisations de kick boxing les plus prestigieuses au monde.
Jérôme Le Banner a affronté des adversaires de renom tels qu’Ernesto Hoost, Peter Aerts, Mirko Cro Cop, Andy Hug, Ray Sefo, Rick Roufus, Francisco Filho, Mark Hunt, Mike Bernardo, Remy Bonjasky, Semmy Schilt, Tyrone Spong.
Sa carrière en K-1 a été ponctuée de magnifiques victoires, de combats épiques, et de performances mémorables qui lui ont valu une immense popularité. Ce grand champion est reconnu pour sa longévité dans le sport, sa capacité à se battre au plus haut niveau pendant des décennies, et son esprit de combattant indomptable.
Bien que plus connu pour sa carrière en Kick Boxing et en Muay Thai, Jérôme Le Banner a également remporté des victoires notables en MMA, ajoutant une nouvelle dimension à son palmarès avec 9 combats en MMA pour 6 victoires.
Sa capacité à adapter ses compétences de kick boxing au MMA a été remarquable, bien que son style soit principalement orienté vers le striking.
Pour son dernier combat de MMA en France, en 2022, à l’âge de 50 ans, il s’est imposé, malgré une blessure au genou, face au serbe Adnan Alic.
En 2023, Jérôme Le Banner s’est associé avec Jérôme Bouffard pour monter l’organisation KOF (King Of Fighters), un évènement qui propose en France des combats de MMA en amateur et en professionnel.
Julien Seri, réalisateur et ancien pratiquant de Muay Thai et de Karaté. Julien Seri est avant tout connu pour sa carrière de réalisateur, mais son expérience en Muay Thai et en Karaté a profondément influencé sa vision artistique et son approche de la chorégraphie de combat dans ses films.
Il a su intégrer la brutalité et la beauté de ces sports dans ses œuvres cinématographiques, apportant une authenticité et une intensité unique à ses scènes de combat.
En 2018, Julien Seri a réalisé un superbe documentaire sur le MMA, “Combattants” (Diffusé sur Canal Plus). Le réalisateur Julien Séri (Les fils du vent, Scorpion, Night Fare, Kali) a pénétré dans la cage du MMA. Une plongée inédite dans l’une des disciplines les plus violentes au monde.
Pour comprendre l’univers du MMA, il a suivi les pas de quatre champions de MMA classés parmi les meilleurs combattants de France, Morgane Ribout, Karl Amoussou, et les frères Damien et Taylor Lapilus…
Lucie Bertaud (5 fois championne de france de Boxe anglaise, championne d’Europe de boxe en 2007, vice-championne du monde amateur de MMA en 2015) est une combattante polyvalente avec un background en boxe et en MMA.
Elle a utilisé ses compétences en striking pour réussir dans des compétitions internationales, mettant en avant l’importance de maîtriser plusieurs disciplines de combat.
En 2020, elle a été la première femme à combattre en MMA à l’Accor Arena de Bercy lors de la soirée du Bellator, deuxième ligue mondiale derrière l’UFC (victoire sur Maguy Berchel). Lucie Bertaud possède un palmarès en MMA de 7 combats pour 4 victoires et 3 défaites.
Son livre “MMA le Rêve américain” qui explique notamment son périple aux États-Unis dans le monde du MMA est devenu une référence, il est publié dans tous les pays francophones.
Lucie Bertaud est également commentatrice d’événements de Boxe et de MMA depuis 2010. Passée par les plus grandes chaînes (Eurosport, Kombat Sport, Canal + International, Sport en France), elle est aujourd’hui journaliste en Freelance. On la retrouve régulièrement à l’antenne sur l’EQUIPE, RMC Sport, et DAZN.
Sébastien Loew est un entraîneur de sports de combat avec une vaste expérience dans diverses disciplines, y compris le Muay Thai et le MMA. Il est entraîneur de Muay Thai depuis de nombreuses années dans son club, le Saint Lou Fight à Saint-Leu-la-Forêt.
Sébastien Loew est devenu le premier français champion d’Europe de Pancrace en 1999. Le Pancrace, également connu sous le nom de pankration, est une ancienne discipline de combat grecque qui combine des éléments de la lutte et du pugilat. Il est considéré par beaucoup comme l’une des premières formes de combat libre, un ancêtre direct du MMA moderne.
Sébastien Loew s’est entraîné et a préparé ses combats en Pancrace avec le légendaire hollandais Bas Rutten qui est une figure emblématique dans le monde du MMA et un pionnier du Pancrace moderne.
Sébastien Loew est speaker National et international de shows de MMA et de pieds et poings, chroniqueur et présentateur pour la chaîne Sport en France.
Quentin Arola est un combattant français de MMA qui a su se faire une place dans le monde des arts martiaux mixtes grâce à sa polyvalence et à son dévouement.
Il a débuté son parcours dans les arts martiaux à un jeune âge, se spécialisant d’abord en Muay Thai avant de se tourner vers le Jiu-Jitsu brésilien (BJJ) et enfin vers le MMA.
Quentin Arola a commencé la boxe thaïlandaise à l’âge de 15 ans.
À 17 ans, il a ajouté une autre dimension à son entraînement en commençant le Jiu-Jitsu brésilien avec des entraîneurs renommés comme Eric Satge et Yann Cabral au club Aranha à Toulouse. Après 13 ans de pratique, il a atteint la ceinture noire.
Il a disputé ses premiers combats de MMA en 2017, avec un bilan de 13 combats à ce jour, comprenant 5 victoires, 7 défaites et un match nul.
En septembre 2020, Quentin Arola a pris une décision importante pour sa carrière. Il a arrêté son travail dans le secteur social pour se consacrer entièrement au MMA. Avec Yohann Salvador, il a co-fondé le club TFT31 (Tactical Fight Team) à Toulouse, qui compte aujourd’hui environ 250 adhérents.
Matthias Riccio est une figure emblématique des sports de combat en France, ayant une carrière riche et variée qui s’étend du karaté au MMA, en passant par le pancrace et le kick boxing.
Matthias Riccio est issu d’une famille de combattants, avec trois frères et une sœur, tous impliqués dans les arts martiaux.
Les frères Riccio font partie des Pionniers du MMA français.
Matthias Riccio a commencé très jeune les sports de combat, sous la direction de son père, ce qui a forgé sa passion et sa détermination.
En 2000, Matthias a remporté le titre de champion d’Europe de kick boxing en Espagne.
Matthias Riccio est l’un des premiers Français à s’illustrer dans le monde du Free Fight et du MMA, apportant une polyvalence et une expertise rare dans le sport.
En 2000, il a commencé à combattre en tant que professionnel dans l’organisation Shooto au Japon, un des circuits les plus prestigieux de l’époque.
Il a remporté la première ceinture mondiale du “Cage Wars” en MMA en 2002.
En 2004, il est devenu champion du monde de MMA “Ultimate Combat”.
En 2018, il a remporté le titre de champion d’Europe Master de Jiu Jitsu Brésilien No-Gi, montrant sa maîtrise du grappling et des techniques de soumission.
Est ce qu’il y a beaucoup de combattants de MMA qui vont s’entrainer dans des clubs de Muay Thai pour apprendre ou perfectionner leur technique dans cette discipline ?
Daniel Woirin :
Oui, il y a des combattants de MMA qui s’entraînent dans des clubs de Muay Thai et même dans les camps de Muay Thai en Thailande. En Thaïlande, il y a maintenant des camps où sont enseignés le MMA comme le Tiger Muay Thai, le Phuket Top Team etc…
Jérôme Le Banner :
Oui, bien sûr, il y en a beaucoup, en Muay Thai et en Kick Boxing. Je trouve par contre que le Muay Thai pour le MMA c’est un peu trop codifié, le style Muay Thai pur est trop statique, il faut un Muay Thai plus aérien pour un combattant de MMA. Car la plupart du temps dans les matchs de MMA les combattants se retrouvent au sol.
Le Muay Thai tu peux l’utiliser dans la rue, dans la rue il n’y a pas de tatami, tu peux faire des techniques d’attaque ou de défense de Muay Thai pure sans te retrouver au sol…
J’ai des amis combattants MMA qui partent maintenant en Thaïlande, au pays du Muay Thai, pour s’entraîner spécialement en MMA. Ils vont au Tiger Muay Thai à Phuket, ils s’entraînent un peu en Muay Thai, mais c’est surtout pour le MMA qu’ils restent dans ce gym
Julien Seri :
Disons que le MMA a eu un tel essor qu’il a empreinté beaucoup de combattants à beaucoup de style. Saint Pierre et Machida viennent du karaté, Cormier de la lutte, Silva de la boxe thaï.
Le souffle du MMA a été une véritable tempête
Lucie Bertaud :
Oui, il y a beaucoup de combattants de MMA qui vont s’entraîner en Muay Thai, en Thailande, ils vont tous s’entrainer à Phuket parce que c’est à Phuket qu’il y a les plus gros clubs de MMA et dans ces clubs de MMA, il y a des sections de Muay Thai. En général, ils ne vont pas dans des clubs où il n’y a que du Muay Thai.
En France, je pense qu’il y a certains combattants qui vont s’entrainer au Muay Thai mais pas tous. Pour ce qui est des coups de poings, ils vont aller chercher les techniques dans les clubs de boxe anglaise et pour les coups de genoux, ils iront voir dans les clubs de Muay Thai.
Personnellement, quand je vais m’entrainer en Thaïlande, je recherche surtout un gros conditionnement physique avec les entraînements en Muay Thai. Parce que ces entraînements sont extrêmement physiques et te forgent un mental dur au mal !
Sébastien Loew :
Pour moi, il y en a de moins en moins, pour la simple et bonne raison que maintenant dans les clubs de MMA, les élèves commencent directement par les techniques de MMA de striking et de grappling.
A mon époque, il y en avait plus qui s’entrainaient dans d’autres clubs, parce que les combattants venaient du Muay Thai, du Kick Boxing, du judo ou de la lutte, donc ils allaient se perfectionner en striking dans des clubs de Muay Thai ou de Kick Boxing.
Mais honnêtement, aujourd’hui, dans les clubs de MMA, le niveau en striking je ne le trouve pas fou, à part quelques exceptions. Parfois, je vois des gars ils ne savent même pas donner correctement une gauche-droite…
Quentin Arola :
Je pense que c’était le cas avant, les combattants se préparaient à la lutte dans un club de lutte, du Jiu-Jitsu dans un club de sol et de la boxe anglaise ou de la boxe thaï dans des clubs de pieds et poings.
Mais aujourd’hui c’est fini, c’est un concept qui se faisait il y a une dizaine d’années, en France en tout cas, aux Etats-Unis cela fait un peu plus longtemps qu’ils ont compris que ce n’était pas du tout la même discipline.
Aujourd’hui, pour moi, ce concept est totalement dépassé, il faut faire du MMA. Les techniques de MMA ne sont pas les mêmes, la boxe du MMA n’est pas la même que la boxe anglaise, que la boxe Thai, la posture, la gestion de l’espace est différente, les coups que l’on reçoit en MMA avec les mitaines ne sont pas pareils que les coups reçus en boxe anglaise avec des gros gants.
Il y a un peu l’exception en Thaïlande où il y a beaucoup de combattants de MMA qui vont s’entraîner là-bas, mais ce n’est pas vraiment pour s’entraîner en Muay Thai, c’est surtout parce que les conditions sont excellentes et qu’il y a des gros camps de MMA, bien évidemment ils peuvent s’entraîner aussi en Muay Thai.
Matthias Riccio :
Actuellement, je ne sais pas, mais à notre époque, oui bien sûr, le Muay Thai faisait partie des styles que nous avons explorés, particulièrement pour les coups de coude et les coups de genoux. Le clinch en Muay Thai était aussi très intéressant
Est-ce que les coachs de MMA enseignent à leur élèves des techniques de Muay Thai, en plus des techniques de boxe anglaise, pour compléter leur technique de striking ?
Daniel Woirin :
Ce qui est très intéressant pour les combattants de MMA ce sont toutes les techniques de saisie et de corps à corps pour mettre au sol, elles ne sont pas assez utilisées à mon goût.
Aussi, toutes les techniques de coups de coude et de coups de genoux. Le Muay Thai est vraiment un sport complet pour le MMA
Jérôme Le Banner :
Nassourdine Imavov (19 combats pour 14 victoires) qui est dans le top 5 du classement mondial UFC, ranking N°4, il a un coach en Muay thai pour les techniques de coup de genoux, les techniques de coup de coude et les enchaînements pieds et poings
Julien Seri :
Au Brésil c’est certain, en Thaïlande aussi. Le travail des coups de coude surtout…
Lucie Bertaud :
Les coachs de MMA enseignent des techniques de Muay Thai, surtout les techniques de clinch et de coups de genoux.
Par contre, ils ont tendance à éviter les techniques avec les middles parce que tu peux te faire saisir facilement la jambe et lorsque tu te retrouves sur une jambe tu peux rapidement te faire amener au sol…
Pareil pour les techniques de blocage, je ne les conseils pas à mes élèves car c’est un peu une perte de temps, on préfère encaisser le coup ou même aller saisir, par exemple, un low kick
Sébastien Loew :
Ils enseignent un peu les techniques de Muay Thai mais pas toutes. Par exemple, dans les matchs de MMA tu vois rarement des combattants qui bloquent une attaque en Low Kick. Les techniques de blocage ne sont pas apprises en MMA.
Les coachs font plutôt énormément travailler les techniques en boxe anglaise à leurs élèves.
En combat, les combattants envoient tout de même quelques middles, des low-kicks, des high-kicks, et même maintenant beaucoup de calf-kicks (Technique de coup de pied dans le mollet). Après, bien sûr, il y a quelques coachs qui enseignent toute la panoplie du striking en style Muay Thai avec les coups de genoux, mais je pense qu’il y a un petit déficit à ce niveau là dans les clubs de MMA…
Quentin Arola :
Oui, les coachs enseignent des techniques issus du Muay Thai. Mais un bon coach de MMA va les enseigner de manière différente.
Par exemple, les coups de genoux style Muay Thai vont être bons pour un combattant qui veut contrer un lutteur. Aussi, les coups de coude même si la gestion de la distance n’est pas la même.
Après, la posture type du Muay Thai statique n’est pas du tout adaptée pour un combat en MMA, face à un lutteur tu te fais tout de suite amené au sol…
Matthias Riccio :
Inévitablement, car il y a le clinch de la lutte et le clinch du Muay Thai, celui du Muay Thai par l’intérieur pour aller chercher la nuque est excellent. Pas le clinch pur Muay Thai en restant collé à l’adversaire où tu balance des coups de genoux sur les côtés. Mais le clinch quand tu attrapes la tête et que tu recule bien le bassin pour donner un coup de genoux au visage ou au corps
Quelle technique de Muay Thai est la plus efficace pour un striker de MMA ?
Daniel Woirin :
Je pense qu’il n’y a pas une technique plus efficace qu’une autre, cela dépend comment tu l’utilise.
Les low kick sont très efficaces mais aussi les coups de genoux et les coups de coude
Jérôme Le Banner :
Surtout les techniques de coups de coude et de coups de genoux. Mais aussi les low kicks et ont voit maintenant les techniques de Calf Kick (Coup dans le mollet) qui font très mal.
Parce que la plupart des combattants de MMA ne bloquent pas les coups, ils font rarement des techniques de blocage comme tu apprends en Muay Thai. Alors, les strikers frappent le plus fort possible en low kick ou en calf kick pour détruire la jambe du type en face. Ils frappent sur la cuisse, le genoux ou le mollet, c’est un coup de pied où tu n’es pas obligé d’utiliser la hanche, il peut faire mal même sans la pleine puissance
Julien Seri :
LES COUPS DE COUDE. Les low kicks de la boxe thaï sont moins puissants que dans d’autres styles par exemple
Lucie Bertaud :
Les techniques les plus efficaces sont clairement toutes les techniques de coups de coude et de coups de genoux qui sont les plus intéressantes pour un combattant de MMA
Sébastien Loew :
Les coups de coude, les Soks, pour moi, c’est l’arme ultime pour un striker, surtout quand tu rentres en corps à corps.
Je trouve que c’est la technique qui vient du Muay Thai la plus appropriée pour le MMA !
Quentin Arola :
Les coups de genoux et les coups de coude sont des armes du Muay Thai qui peuvent être intégrées dans l’arsenal du combattant de MMA !
Matthias Riccio :
Les coups de genoux de face direct parce qu’en MMA on peut aussi taper dans les cuisses et sa pique un peu cette technique
Est-ce qu’un combattant très fort en technique de sol comme Khabib Nurmagomedov a besoin aussi d’apprendre quelques techniques de Muay Thai et d’anglaise ?
Daniel Woirin :
Khabib ne donnait pas beaucoup de coups de pied mais il en donnait quand même, il avait une bonne anglaise et surtout un super niveau en lutte. Les gars avaient peur de tomber au sol contre lui, il avait déjà un avantage technique et psychologique face à ses adversaires…
Jérôme Le Banner :
Il doit apprendre aussi des techniques de frappes, c’est du MMA, un mix entre le grappling et le striking. Le grappling c’est très énergivore et les matchs de MMA commencent beaucoup d’abord en pied et poing avant de trouver l’ouverture pour aller combattre au sol.
Ce n’est pas le même style de pied et poing qu’en Kick Boxing ou en Muay Thai parce que le striker a toujours la peur de se faire attraper la jambe et de se faire amener au sol. En MMA, c’est plus des techniques aériennes de pied et poing, tu vois souvent des coups de pieds retournés, sautés !
Julien Seri :
En MMA, il faut être complet. Donc oui, bien sûr. KHABIB a fait vaciller Mc Gregor sur un crochet !
Lucie Bertaud :
Il fut un temps où la lutte était si importante dans le MMA qu’à la limite si les combattants avaient une mauvaise boxe cela pouvait passer.
Il y a quelques années si tu amenais le combattant au sol tu avais pratiquement gagné le round, la lutte était très valorisée.
Aujourd’hui, on n’est dans l’air du striking, il y a de meilleures cartes à jouer si tu es un striker en Kick Boxing ou en Muay Thai quand étant un lutteur
Sébastien Loew :
Khabib a prouvé que non, parce qu’il a réussi à vaincre tous ses adversaires avec ses techniques de lutte. Son style est très efficace.
Par contre, je n’ai pris aucun plaisir à regarder les matchs de Khabib parce que je préfère les matchs de strikers. Mais Khabib a montré qu’il pouvait faire une grande carrière en MMA sans avoir un super niveau en striking, les techniques de lutte lui suffisait, mais bon, il n’y a qu’un seul Khabib !
Quentin Arola :
Oui, bien sûr, il faut maîtriser les techniques de boxe.
Khabib n’est jamais devenu un grand boxeur mais il arrivait à faire douter ses adversaires en technique de strike. Ses adversaires savaient que s’ils se faisaient amener au sol, avec lui, cela deviendrait très compliqué. Alors, ils gardaient une garde très haute, les mains bien hautes pour pouvoir contrer sa lutte. Et Khabid jouait avec ça en attaquant en technique de poing en bas pour remonter ensuite en crochet en haut, c’est comme ça qu’il a bien touché Conor. Khabib, il boxait pour entrer en lutte et ça marchait bien.
Après, dans un combat de pure boxe Khabib se ferait malmené…
Matthias Riccio :
Oui, il a besoin d’apprendre juste quelques techniques d’anglaise et de Muay Thai. Khabib n’a pas excellé en anglaise ou en Muay Thai mais les quelques techniques de frappes qu’il maîtrisait lui ont largement suffit pour assurer ses combats au sol et son invincibilité.
Après, c’est une histoire d’adaptation personnelle, quand tu es un champion, tu es un champion. Il y a des personnes qui vont mettre un an pour apprendre une technique et d’autres en quelques minutes ils maîtrisent cette technique…
Dans un combat entre un combattant de Muay Thai et un combattant de MMA spécialiste en grappling, si le combattant de Muay Thai ne met pas son adversaire KO dans les premières minutes, il a très peu de chance de gagner (Ex : Match entre le champion thai Rodtang Jitmuangnon et Demetrious Johnson, victoire de l’américain par étranglement au deuxième round), qu’en penses tu ?
Daniel Woirin :
Je pense que n’importe quel champion de Muay Thai face à un champion de MMA, il va perdre. Parce que le combattant de Muay Thai ne va pas rester debout longtemps, et il va tellement avoir peur de tomber qu’il ne va pas pouvoir bien développer sa boxe.
Le combattant de MMA aura toujours un avantage sauf bien sûr si le boxeur arrive à le mettre KO rapidement. Mais la probabilité n’est pas très élevée, donc le MMA prend le dessus sur le Muay Thai…
Jérôme Le Banner :
Un combattant de Muay Thai qui ne connait pas les techniques de lutte au sol, il n’a aucune chance contre un combattant de MMA…
Julien Seri :
Le pied poing n’est pas suffisant en MMA. Un lutteur a un avantage certain si il sait gérer les percussions
Lucie Bertaud :
Je n’ai pas vu le match entre Rodtang et Johnson mais ce que je peux dire c’est qu’aujourd’hui être un striker est un avantage à condition de savoir défendre lorsque tu es amené au sol, si tu sais contrer la lutte qui permet d’amener au sol, tu peux faire la différence.
A partir du moment où tu maitrise la lutte, c’est toi qui peut décider d’aller au sol ou pas. Et en général un striker ne veut pas aller au sol.
Le striker c’est un peu comme un toréador face à un lutteur, il doit jouer la distance, contrer et casser le clinch avec des coups de genoux pour dissuader le lutteur d’essayer de l’attraper. Parce que lorsque tu te retrouves au sol, même en étant le champion du Lumpinee, tu n’es plus personne, c’est l’école de l’humilité pour n’importe quel striker…
Le clinch en Muay Thai peut être très pertinent mais il y a des petites choses qu’il faut modifier. Par exemple, quand tu mets des coups de genoux en étant en corps à corps pour se défendre on doit avancer ses hanches en Muay Thai et si tu fais cela en MMA tu es tout de suite amené au sol
Sébastien Loew :
A partir du moment où il y a une phase au sol, le nakmuay va être en difficulté.
De même qu’un combattant striker de MMA qui rencontre un combattant de Muay Thai sans les techniques au sol, il n’a aucune chance face au nakmuay. Parce que chacun à sa spécialité et je pense que le Muay Thai est le sport le plus dur et le plus efficace en style striking.
Un combattant de MMA striker ne tient pas trois rounds contre un boxeur de Muay Thai. Et inversement, un nakmuay ne tient pas trois rounds face à un lutteur dans un combat de grappling
Quentin Arola :
Effectivement, si le combattant de style Muay Thai n’arrive pas à mettre rapidement l’adversaire KO, cela va devenir compliqué pour lui.
Parce que physiquement ce n’est pas le même effort. Le combattant de MMA va le fatiguer énormément en l’amenant plusieurs fois au sol, le boxeur va dépenser beaucoup d’énergies s’ il ne maîtrise pas les techniques de grappling, physiquement et musculairement le boxeur va s’épuiser.
Le combattant de MMA peut aussi le coller contre le grillage pour lui faire racler durement les bras pendant un moment, le boxeur va s’épuiser à essayer de se sortir de cette situation. Si il n’a pas l’habitude de cet effort là, sa force et sa vitesse de précision dans les bras va diminuer et il mettra moins en danger le lutteur. Coller l’adversaire contre la grille, c’est une stratégie, une tactique des lutteurs qui est couramment utilisée face à un striker gros puncher.
Tu as aussi des combattants strikers comme Adesanya ou Cyril Gane qui bougent très bien et qui ne se font pas enfermer. Un style plus kickboxer ou boxe française qui bouge très bien, qui frappe et qui bouge vite, c’est plus difficile pour un lutteur pour l’amener au sol que face à un combattant plus statique style Muay Thai
Matthias Riccio :
Je pense que le Muay Thai est une discipline très efficace mais qu’elle est incomplète. Les combats de Muay Thai sont fabuleux, j’en ai vu au stadium du Lumpinee de Bangkok, je me suis moi même entraîné en Thaïlande au Fairtex Gym. Mais c’est carrément un autre style de combat comparé au MMA.
Un combattant de MMA même s’il ne sait pas taper correctement en poing mais qu’il n’a pas peur des coups, il va le « manger » le boxeur de Muay Thai…
Est-ce que tu connais beaucoup de champions de MMA qui ont commencé par faire du Muay Thai ou du Kick Boxing avant leur carrière en MMA ? Tu as fait du Muay Thai ou du MMA aussi ?
Daniel Woirin :
Je connais un boxeur qui a combattu au stadium du Lumpinee avant de combattre à l’UFC, un combattant brésilien. Il y en a beaucoup qui viennent du Kick Boxing comme Alex Pereira qui excelle ou Israël Adesanya. En Muay Thai pur, il commence à en avoir aussi.
Pour ma part, j’ai commencé par le Muay Thai, j’ai fait une vingtaine de combats en Muay Thai en France dans les années 90.
Je n’ai pas eu l’occasion de combattre en MMA car j’ai découvert ce sport plus tard au Brésil. J’ai commencé ma carrière de coach en MMA au Brésil qui est pour moi le pays du MMA.
Pendant 8 ans, j’ai été entraîneur de combattants brésiliens de MMA. Ensuite, j’ai eu un contrat comme entraîneur de combattant de MMA aux Etats-Unis, en Californie, l’autre pays du MMA
Jérôme Le Banner :
Je ne fais pas trop de différence entre le Muay Thai, le Kick boxing et même la Boxe française. Parce que contrairement à ce qu’on dit, moi, de l’époque des galas de Sami Kebchi, j’ai vu des mecs de la boxe Thaï se faire laminer par des gars de la boxe française. Alors, je dirais des combattants pieds et poings, des guerriers, qui deviennent des champions en MMA, oui, il y en a plein comme Israël Adesanya ou Cédric Doumbé par exemple et d’autres.
Pour ma part, en parallèle de ma carrière en pieds et poings, j’ai fait 9 combats en MMA, deux en France et le reste au Japon.
Julien Seri :
Le MMA fait rêver les combattants de tous les styles !
Je me suis entraîné en Muay Thai chez Krongsak, je me suis surtout entraîné en Karaté Kyokushinkai.
Mon fils (2 combats en Thaïlande en Muay Thai) s’entraine plus sérieusement en Muay Thai dans le club de Jean-Charles Skarbowsky à Paris, mais il s’entraîne également en Lutte Libre et en MMA
Lucie Bertaud :
Parmi les champions qui ont commencé dans le pieds et poings, il y a Alex Pereira qui était au Glory, Israël Adesanya et Cédric Doumbé aussi, il y a Cyril Gane qui a d’abord fait des combats en Muay Thai, Manon Fiorot qui a fait des combats de Muay Thai et de Kick Boxing avant sa carrière en MMA, moi aussi, j’ai commencé par la boxe en pieds et poings, j’ai fait 6 ans de Muay Thai à l’adolescence avant de me tourner vers la boxe anglaise, puis le MMA.
Le Muay Thai est mon premier amour dans les sports de combat. Quand je vais en Thailande, je m’entraine le matin en MMA et en Muay Thai l’après-midi. J’entretiens mon entrainement au Muay Thai assez régulièrement en France en allant une fois par semaine au club des champions le Mahmoudi Gym.
Mais en style MMA, je préfère garder mon style en boxe anglaise, avec la gestion du déplacement, la défense des coups, car pour durer dans le temps il faut prendre un minimum de coups.
Et le Muay Thai a un style très mercenaire dans lequel tu avances tout le temps en prenant des coups et en encaissant. En MMA, ce style ne paye pas à long terme parce qu’avec les petits gants de MMA, de type mitaine, cela fait des gros dégâts aux visages.
J’ai dû changer complètement de style quand j’ai combattu en MMA, comme je marque au visage assez facilement, je veux prendre le moins de coups possible…
Sébastien Loew :
Oui, il y a Karim Kadji qui a fait trois ou quatre combats déjà en MMA, Cédric Doumbé bien sûr, bientôt Jimmy Vienot qui a déjà fait son premier combat en MMA, aussi Youssef Boughanem, il y a un petit jeune très bon qui vient du Muay Thai et qui commence à faire parler de lui en MMA en amateur, il s’appelle Souheil Kaouchen.
Pour ma part, j’ai aussi commencé par le pieds et poings avant de faire du MMA, d’abord par le Full Contact, ensuite du Kick Boxing et après que du Muay Thai à fond en Italie où je vivais. J’ai combattu en Italie, en Hollande, en Hongrie (34 combats).
J’ai découvert le MMA en France au Kajin club en 1998, il y avait Guillaume Kerner qui donnait des cours de Muay Thai et Loïc Pora qui donnait des cours de Pancrace (Sport qui mélange de la lutte et du pugilat), à cette époque on appelait le MMA, le « Free Fight ».
Ensuite, j’ai été m’entraîner en Pancrace en Hollande avec le grand champion Bas Rutten (3 fois « King of Pancrase » et champion des poids lourds de l’UFC).
En France, je faisais du Muay Thai au club Haute Tension de Jean-Marie Merchet. J’ai été le premier français champion d’Europe en Pancrace en 1999 en Belgique, ce soir là mon pote le grand champion Cyrille Diabaté faisait son premier combat en Pancrace.
J’aime beaucoup le MMA mais j’adore le Muay Thai. Aujourd’hui, j’ai toujours mon club de Muay Thai à Saint-Leu-La-Forêt, le Saint Lou Fight
Quentin Arola :
Cédric Doumbé qui vient du pieds et poings et qui fait pour le moment quelque chose de formidable.
Il y a eu Ramon Dekkers qui a fait quelques combats de MMA avec pas beaucoup de succès. A l’époque du K1, il y a beaucoup de Kick Boxers qui ont essayé les combats en MMA avec notamment les shows du Pride FC comme Jérôme Le Banner.
Le plus connu, en pieds poings, aujourd’hui, c’est Alex Pereira, il y a plusieurs combattants issus du pieds et poings qui arrivent à faire des bonnes transitions en MMA.
Mais comme je l’ai dit, aujourd’hui, le MMA, c’est vraiment devenu un sport de combat à part entière. Dans ma salle de MMA, mes élèves apprennent des choses directement, que moi, il y a une dizaine d’années, je n’ai pas apprises tout de suite…
Matthias Riccio :
Moi, mais j’ai commencé tous les sports ensemble, le Muay Thai, le Kick Boxing où j’ai été champion d’Europe, le grappling et le MMA. Chacun peut avoir sa spécialité mais quand on parle de Mix Martial Art, son nom l’indique, il faut toucher à tous les styles de combat. Ton propre style ne peut pas suffire, même si tu es excellent en boxe anglaise comme Mike Tyson cela ne sera pas suffisant en MMA…
Que penses tu des champions de Muay Thai qui essayent de faire une deuxième carrière en MMA ?
Daniel Woirin :
Oui, il y en a plusieurs comme Jimmy Vienot, Youssef Boughanem, parce que malheureusement le Muay Thai n’est plus médiatisé et financièrement plus attractif pour les combattants.
Le MMA est dans la tendance actuelle, il y a énormément de gens qui regardent les événements de MMA. Mais le Muay Thai reste un sport incroyable, je pense qu’il a encore un bel avenir.
Au Brésil, le Muay Thai est très populaire, surtout chez les féminines, il y a beaucoup de femmes qui pratiquent le Muay Thai en club et font des combats !
Jérôme Le Banner :
C’est Super !
Je pense que les champions de Muay Thai et de Kick Boxing qui se lancent dans le MMA, il y a de forte chance qu’ils deviennent des tueurs à gages. Ils ont déjà les bagages en pieds et poings, après, il leur faut juste apprendre, tous les jours, les techniques de lutte, de Jiu-Jitsu, il faut les travailler au quotidien.
J’ai appris toutes ces techniques au sol avec Gilles Arsène qui est un champion de Jiu-Jitsu Brésilien, il m’a montré la façon de se positionner au sol et c’est toujours la même.
Avec lui, tous les jours, matin et après-midi, on s’entraînait au technique de sol. J’avais quelques notions du sol parce que j’ai commencé par le judo en étant plus jeune. Mais après, j’ai mis toute ma passion et mes tripes dans le pied et poing.
Je remercie d’ailleurs énormément Gilles Arsène qui a été un très bon instructeur de Jiu-Jitsu, et j’ai une grosse pensée pour mes frérots qui sont partis trop tôt « The Voice » Daniel Allouche et Pascal Iglicki !
Julien Seri :
Ce désir est logique. La déferlante du MMA fait rêver tous les combattants du monde. L’argent et la renommé. Le MMA est le foot des sports de combat !
Lucie Bertaud :
Je pense que c’est la suite logique, c’est une bonne manière de tester leur Art, leur science du combat, dans un sport qui fédère tous les sports de combat.
Très souvent, quand on vient d’une discipline on est un petit peu orgueilleux, on pense que notre sport est le meilleur, moi même, j’en ai fait l’expérience en étant d’abord combattante en Muay Thai, en Kick Boxing, en boxe anglaise et en MMA, et vraiment le MMA te remet les pendules à l’heure. Tu te rends compte que le MMA est un sport de stratégie, de tactique qui demande énormément de compétence.
Aussi, bien sûr, le MMA offre beaucoup plus de perspectives de carrière professionnelle et en terme financier il y a beaucoup plus d’argent à se faire dans ce sport qu’en pieds et poings.
Le Muay Thai et le Kick Boxing ont eu leur heure de gloire, à la grande époque des shows de Sami Kebchi avec les Le Banner, Dekkers, Dida, etc. Mais aujourd’hui c’est le MMA qui prend toute la part du gâteau, c’est la tendance actuelle, soit tu l’embrasse, soit tu restes à côté.
Peut être qu’il y aura un jour un autre sport de combat qui viendra bousculer le MMA, je ne sais pas lequel…
Sébastien Loew :
Le problème en Muay Thai, malheureusement, c’est qu’il n’y a pas d’argent, donc les champions de Muay Thai viennent en MMA pour essayer de toucher de meilleures bourses.
Personnellement, je ne suis pas fan des changements de discipline, surtout en Muay Thai parce que c’est ma discipline de prédilection, je préfère qu’ils restent dans leur discipline là où ils sont les meilleurs.
Mais financièrement je les comprends parce que lorsque tu deviens un boxeur professionnel, il faut que tu bouffes, que tu payes tes factures, et le MMA paye beaucoup mieux que le Muay Thai.
Alors, certains disent que les bourses sont plus méritées en MMA parce que les combattants souffrent plus que les boxeurs en Muay Thai. Mais là je ne suis pas d’accord du tout, en Muay Thai tu souffres beaucoup plus qu’en MMA. Ils ne se rendent pas compte, le Muay Thai à haut niveau c’est terrible, les combattants mériteraient des bourses équivalentes à celle du MMA, ils ont les mêmes souffrances, les mêmes sacrifices.
Mais en ce moment le MMA est tout nouveau en France, c’est devenu un sport légal, il y a des gros investisseurs, c’est un sport qui a le vent en poupe comme l’avait le Muay Thai à l’époque des tournois des 100 000 dollars du promoteur Sami Kebchi !
Quentin Arola :
C’est bien. D’ailleurs, on m’avait proposé d’affronter Youssef Boughanem pour son premier combat en MMA. J’aurai accepté avec plaisir, c’est un honneur de pouvoir affronter un légende comme lui mais j’étais déjà booké sur un autre combat…
Matthias Riccio :
Je les comprends, c’est logique et très audacieux.
Ces champions ont réellement une chance à condition qu’ils soient très forts en anti-sol. Je m’explique, cela ne sert à rien d’apprendre des techniques de clefs que les spécialistes du sol maîtrisent depuis des années, face à un gars fort en grappling tu ne pourras pas lui passer des techniques de sol. Il faut juste que le combattant de Muay Thai arrive à paralyser la technique du combattant qui est bon au sol.
Par exemple, je me souviens d’un combat mémorable en Free Fight, en 1998, entre Aurélien Duarte, champion de Muay Thai face au japonais Masanori Suda (champion du monde Shooto, 36 combats en MMA pour 22 victoires), au Golden Trophy Japon.
Aurélien avait mis une terrible correction au japonais avec ses techniques de Muay Thai, le japonais avait le visage éclaté, les yeux gonflés. Mais Aurélien manquait de technique au sol et finalement le japonais, même s’il était sérieusement amoché, il a fini par réussir à mettre une clef à la jambe d’Aurélien pour remporter le combat…