LE MUAY THAI ET LES COMBATS DE COQ
LE MUAY THAI ET LES COMBATS DE COQ
special report by Serge TRÉFEU (2024)
En Thaïlande, les combats de coqs occupent une place importante dans la culture locale, tout comme le Muay Thai, et présentent des similitudes surprenantes avec le monde de la boxe.
Les combats de coqs attirent des parieurs de tous horizons, avec des mises pouvant atteindre des millions de bahts. Les matchs sont souvent très disputés, et l’adrénaline des spectateurs est comparable à celle des fans de Muay Thai.
Certains coqs, véritables champions, sont estimés à des prix incroyables, parfois plusieurs millions de bahts. Ces coqs sont élevés avec soin, entraînés de manière rigoureuse, et nourris avec des régimes spécifiques pour améliorer leur endurance et leur force.
Les combats se déroulent dans des stadiums spécialisés, souvent dans des zones rurales réputées pour leurs traditions. Ces lieux sont à chaque fois bondés, et l’atmosphère y est électrique, tout comme dans les grands matchs de Muay Thai.
Les coqs champions sont célébrés et vénérés comme des stars. Leurs noms deviennent célèbres dans le milieu, et leur succès rejaillit sur leurs éleveurs.
Ces coqs peuvent même recevoir des récompenses prestigieuses, telles que des trophées ou des titres honorifiques, renforçant leur légende.
Des magazines spécialisés et des chaînes de télévision thaïlandaises couvrent ces compétitions, consacrant des articles et des émissions aux champions et à leurs éleveurs, tout comme on le fait pour les grandes stars du Muay Thai.
Les éleveurs de coqs champions acquièrent une grande renommée, semblable à celle des entraîneurs légendaires de boxe. Leur savoir-faire, leur expertise dans la sélection et l’entraînement des coqs, et leur dévouement leur valent une immense admiration.
Les coqs de combat, comme les boxeurs, suivent un entraînement strict et un régime alimentaire adapté pour optimiser leurs performances.
Leur condition physique est une priorité, et les éleveurs leur prodiguent des soins attentifs pour qu’ils atteignent leur plein potentiel.
Les combats sont régis par des règles spécifiques, et des arbitres supervisent les matchs pour assurer un déroulement équitable, tout comme dans les sports de combat humains.
Les paris et l’ambiance festive des stadiums de combats de coqs rappellent ceux des grands matchs de Muay Thai, où la passion des spectateurs et des parieurs est palpable.
Les jeunes coqs, appelés “poules de combat”, sont élevés individuellement pour éviter les bagarres prématurées. Chaque coq dispose d’un espace dédié pour grandir dans un environnement calme.
Leur régime alimentaire est basé sur du riz paddy quotidiennement, complété par des suppléments nutritifs pour renforcer leur santé et leur endurance.
Les éleveurs veillent à une vaccination régulière pour éviter les maladies.
Les coqs sont exposés au soleil matin et après-midi. Cette pratique essentielle permet de :
Renforcer leur système immunitaire.
Développer leur endurance et leur résistance.
Maintenir un poids optimal.
Les coqs prêts à se battre sont soumis à des séances de pratique contrôlée où ils testent leur force et leur agilité contre d’autres coqs. Cela permet d’évaluer leurs capacités et de les préparer aux combats réels.
Prix et commerce des coqs de combat :
Coût des coqs selon leur stade de développement :
Poussins (1-2 mois) : 700 bahts chacun.
Jeunes coqs prêts à se battre : 3 000 à 10 000 bahts, toutes races confondues.
Coqs reproducteurs de qualité : Entre 3 000 et 5 000 bahts.
Coqs champions ou prometteurs : Des prix pouvant atteindre des dizaines de milliers de bahts.
Les districts de Minburi et Nong Chok, près de Bangkok, sont des centres majeurs d’élevage. Ces régions attirent des acheteurs étrangers chaque année.
Les commandes sont souvent envoyées par avion, générant une importante source de devises pour la Thaïlande, estimée à des centaines de millions de bahts annuellement.
D’autres pays partagent également une grande passion pour les combats de coqs, comme les Philippines, où cette pratique est profondément enracinée dans la culture, le Mexique, où les combats de coqs sont souvent associés à des festivités locales, ou encore l’Indonésie, où ils sont intégrés à des cérémonies traditionnelles.
Au-delà de la compétition, les combats de coqs représentent une industrie florissante. Les éleveurs, commerçants et parieurs tirent parti de cette tradition pour créer une véritable économie autour de cette activité.
Les combats de coqs en Thaïlande suivent une tradition riche en techniques, en termes spécialisés et en rituels précis.
Les coqs sont placés dans des endroits sombres, souvent recouverts de housses, pour éviter les piqûres de moustiques.
Ils sont laissés ainsi de 17h30 à 7h00 pour un repos optimal.
Les coqs sont entraînés avec des courses spéciales, appelées course aléatoire.
Deux coqs sont placés à proximité, mais séparés par un enclos, de manière à ce qu’ils puissent s’observer et courir sans contact direct.
Types de défaites dans un combat de coqs
Abandon :
Un coq qui s’enfuit, crie, ou refuse de se battre est immédiatement déclaré perdant.
Lenteur et immobilité :
Si un coq est jugé trop lent ou inactif après trois interactions consécutives sans mouvement significatif, il perd également.
Après la défaite :
Les coqs blessés ou perdants sont généralement soignés pour récupérer.
Si leur carrière de combattant est terminée, ils peuvent être reproducteurs pour transmettre leurs caractéristiques génétiques.
Termes techniques du milieu des combats de coqs
Khay Chon : Coq combattant.
Som Khay : Camp d’entraînement dédié aux coqs de combat.
Stay Khay (Style du coq) :
Description des traits physiques recherchés :
Poitrine relevée, queue inclinée.
Yeux blanc jaunâtre.
Queue avec 7 plumes de chaque côté.
Écailles chevauchantes sur les pattes et rainures sur le bec, signes de force.
Kad Nam : La personne chargée d’hydrater et nettoyer les coqs pendant les combats.
Sangweiyn Khay : Stadium dédié aux combats, une arène circulaire en ciment de 6 mètres de diamètre et 1,2 mètre de hauteur.
Looklao : Origine ou race du coq, élément essentiel pour évaluer sa qualité.
Nak lae Swansoung : Catégorisation des coqs selon le poids et la taille :
Petit : 2,9 – 3,3 kg.
Moyen : 3,4 – 3,7 kg.
Grand : 3,8 – 4,2 kg.
Mome (Coin) :
Contrairement au Muay Thai, il n’y a pas de coin rouge ou bleu. Les coqs sont différenciés par des caractéristiques physiques (couleur, longueur de queue, écusson) et par leur camp d’affiliation.
Beaucoup de grands champions thaïlandais de Muay Thai sont passionnés par les combats de coqs et partagent un intérêt profond pour cette culture. Ils possèdent souvent des élevages importants près de leur camp d’entraînement et, parallèlement à leur carrière de combattants, gèrent cette activité avec dévouement et attention. Parmi les champions les plus connus qui partagent cette passion, on peut citer :
- Sangtiennoi Sor Rungroj pour les années 1990
- Pornsanae Sitmonchai pour les années 2000
- Tuan Pae Sor Sommai et Kongsak Sitbonmee pour les années 2010
- Kulapdam Sor Jor Piak Uthai et Tawanchai P.K. Saenchai Gym pour les années 2020
Grand amateur de combats de coqs, il consacrait une partie de son temps libre à cette activité, qu’il considérait comme une tradition précieuse.
Ce légendaire champion avait un élevage dans son camp comprenant environ 100 coqs de combat. Un jour, il a eu la chance de vendre un coq pour la somme impressionnante de 1 000 000 bahts.
Après avoir raccroché les gants à 33 ans, Sangtiennoi s’est consacré pendant plusieurs années à la gestion de son camp qu’il avait fondé près de chez lui.
En 2005, il a déménagé pour créer un camp plus grand dans un endroit paisible, au milieu de la campagne, le long d’une rizière. Cependant, les infrastructures étaient quelque peu vétustes, et le camp n’était parfois pas très propre à cause des nombreuses poules se promenant sur le site.
Grand passionné de combats de coqs, Sangtiennoi organisait fréquemment des compétitions dans sa région, où ses meilleurs coqs remportaient souvent des victoires.
Ce grand champion nous a malheureusement quittés en 2021…
Connu pour son style explosif sur le ring et ses KO spectaculaires, Pornsanae était également un grand passionné de combats de coqs.
Pornsanae possédait un élevage d’une centaine de coqs près de chez lui et gardait même une dizaine de coqs de combat au célèbre Sitmonchai Gym, à Kanchanaburi, où il s’entraînait.
Pornsanae vouait une véritable passion à cette activité et remportait beaucoup de trophées avec ses coqs. Certains de ses spécimens étaient d’une grande valeur, atteignant des prix exorbitants.
Malheureusement, la fin de carrière de ce grand champion a été tragique. Pornsanae est aujourd’hui incarcéré, purgeant une très longue peine de prison. Il a été reconnu coupable du meurtre de M. Sawang Charoenmak, une figure locale renommée dans le milieu des combats de coqs. L’incident s’est déroulé dans un bar, où Pornsanae a tiré six balles sur la victime. Les causes de ce différend pourraient être liées à des questions financières en rapport avec les combats de coqs…
Ce grand champion est également connu pour son amour des combats de coqs.
Cette ancienne star des rings a été fortement affecté par la situation liée au COVID-19. Pour s’adapter à cette période difficile, il s’est reconverti dans l’élevage de coqs de combat dans la province d’Ubon Ratchathani, avec l’intention de les entraîner pour des combats compétitifs. Il s’est associé avec le célèbre Sia Tam, l’un des plus gros éleveurs de la région qui possède près de 600 poulets dans sa ferme.
Aujourd’hui, Tuan Pae, gère son camp de boxe tout en se consacrant à l’élevage de ces animaux emblématiques de la culture thaïlandaise.
Kongsak a trouvé une nouvelle passion en parallèle à sa carrière sportive. Il se consacre à un projet qui lui tient à cœur : l’élevage de coqs de combat. Cette activité, qu’il mène dans sa province natale de Buriram depuis quelques années, pourrait faire de lui un éleveur de renom dans l’avenir.
Kongsak n’aimait pas les poules dans son enfance. Pourtant, en grandissant et en commençant à élever ces oiseaux, il a progressivement changé d’avis. C’est en recevant un coq de combat de sa famille qu’il a développé une véritable affection pour ces animaux.
“Les combats de coqs sont comme la boxe. Ces animaux sont nés pour se battre, et ils se battent jusqu’à la mort”, explique-t-il avec admiration.
À partir de l’âge de 8 mois, les coqs peuvent commencer leur entraînement. Kongsak souligne que leur instinct de combat et leur technique s’améliorent avec la pratique, à l’instar des boxeurs qui perfectionnent leurs compétences au fil des entraînements.
La ferme de Kongsak se concentre exclusivement sur l’élevage de coqs de combat thaïlandais, connus pour leur style offensif et leur aptitude à frapper le dos et le corps de leurs adversaires. Actuellement, il possède dix coqs prêts à se battre, tous élevés naturellement, sans produits chimiques ni stimulants.
“Le prix des coqs de combat dépend de leur talent. Un coq victorieux avec un bon palmarès peut se vendre pour des dizaines de milliers de bahts, tout comme un boxeur célèbre. Atteindre ces niveaux, cependant, nécessite beaucoup de travail.”
“Il est crucial de surveiller l’état des coqs pendant un combat. Si un coq est trop fatigué ou blessé, il vaut mieux abandonner pour préserver sa santé et son moral. Un coq démoralisé perdra confiance et ne pourra plus jamais se battre.”
Parmi ses coqs, Kongsak a un favori qu’il a surnommé affectueusement Kongsak Lek (Le petit Kongsak) !
Kulapdam a su transformer sa passion pour les coqs de combat en une source de revenus supplémentaires.
Kulapdam a grandi dans une famille modeste d’agriculteurs, vivant de l’élevage et de la culture.
Passionné de boxe depuis son enfance, il a commencé à économiser l’argent gagné sur le ring pour investir dans une activité qu’il affectionnait particulièrement : l’élevage de coqs de combat.
Aujourd’hui, Kulapdam gère deux fermes de coqs de combat : une située chez ses parents et l’autre chez sa femme. Il y élève environ 60 bébés coqs de combat, prêts à être vendus. Ces fermes, nommées “Somboon Farm”, lui permettent de générer des revenus supplémentaires, particulièrement utiles lors des périodes où les événements de boxe sont moins nombreux.
Kulapdam trouve des similitudes profondes entre la boxe et les combats de coqs. Pour lui, les deux disciplines requièrent courage, endurance et stratégie.
“Les coqs de combat et les boxeurs partagent le même esprit : ils sont nés pour se battre. Chaque combat est une épreuve qui forge leur caractère.”
Considéré comme l’un des plus grands talents de la nouvelle génération, Tawanchai, star du ONE Championship, n’est pas seulement admirable sur le ring. En dehors de ses exploits sportifs, il est également un fervent passionné de combats de coqs.
Pour Tawanchai, cette activité lui permet de développer des qualités précieuses telles que la patience et la concentration, des atouts qu’il retrouve aussi bien dans sa vie personnelle que dans sa carrière de boxeur.
En dehors du ring, Tawanchai mène une vie qui reflète les traditions thaïlandaises. Il consacre une partie de son temps à l’élevage de coqs de combat, une passion qu’il partage avec sa famille. Sa maison est également le siège d’une petite ferme dédiée à l’élevage et à la vente de ces coqs.