MAËLLE PARIEZ
INTERVIEW DE MAËLLE PARIEZ
By Serge TREFEU (2017)
SERGE TREFEU : Bonjour Maëlle, comment ça va ?
MAËLLE PARIEZ : Bonjour, ça va très bien merci
Tu as quel âge ?
26 ans
Tu as grandi dans quel coin de la France ?
J’ai grandi entre Lyon et sa banlieue, principalement à Vaulx-en-Velin, Villeurbanne et Lyon 9ème
Vers quel âge tu as découvert les sports de combat ?
Depuis toute petite, j’ai toujours aimé les sports de combats et « la bagarre »…
Tu as débuté par quel sport de combat ?
Par le Judo à 7 ans, le Kung Fu à 14 ans et le Kick Boxing vers 16-17 ans
Qu’est ce qui t’a attiré dans ce sport qu’est la boxe thaïlandaise ?
L’ambiance militaire et disciplinaire. Le fait que ce soit un sport de contact avec une histoire, une culture, un environnement. C’est un sport difficile où l’on a toujours quelque chose à apprendre donc je ne m’en lasse pas
Dans quel club tu as commencé la boxe ?
J’ai commencé au Gury’s team à Lyon, on faisait du kick boxing. A 18 ans, je suis partie dans le sud pour mes études et je m’entraînais au Saint-Raphaël Sporting Club pour faire du kick boxing, du full contact et de la boxe thaï. Après, je suis montée en région parisienne, toujours pour les études, je me suis entraînée au Prodal Boran, un club de Kun Khmer et j’ai terminé au club Haute tension où je suis toujours actuellement, on fait des sports pieds et poings en général, boxe thaï, K1, Kick Boxing, MMA…
MAËLLE PARIEZ AVEC SON ENTRAÎNEUR JEAN-MARIE MERCHET, PROPRIÉTAIRE DU CLUB HAUTE TENSION
Est ce qu’il y avait des champions dans ces clubs où tu as commencé ?
Dans tous les clubs où j’ai été il y avait des champions, c’est très motivant je trouve. Et il y en a d’autres qui sont devenus champions par la suite, par exemple, Corentin Jalon, on a commencé la boxe ensemble et on a fait notre premier combat le même jour. Je m’en souviens comme si c’était hier, c’était Abdellah Ezbiri qui m’avait coaché. Je pense aussi à Mohamed Houmer, on n’était pas dans le même club mais on était au lycée ensemble et on a commencé la boxe à peu près à la même période…
Il y avait beaucoup de filles dans les clubs ?
A Lyon quand j’ai commencé, oui il y avait 2 ou 3 filles dont des championnes en amateur. Après, plus j’ai progressé et selon les clubs où j’étais, c’était de plus en plus dur de trouver des filles pour tourner en sparring et s’entraîner. Au club Haute Tension, j’ai eu la chance de pouvoir m’entraîner avec la championne Laetitia Lambert. Sinon, le reste du temps, en réalité, je me suis principalement entraînée avec des garçons tout au long de ma carrière…
MAËLLE PARIEZ AVEC LA CHAMPIONNE LAËTITIA LAMBERT
Tu as pratiqué d’autres boxes que le Muay Thai ?
Oui, le Full contact, le Kick Boxing, le K1, le Kun Khmer et la boxe anglaise
Quand tu as commencé est ce qu’il y a des champions ou championnes qui t’ont inspiré ?
Fabio Pinca ! Un modèle pour moi depuis mes débuts en 2007. Déjà, parce qu’il est lyonnais et italien ce qui nous fait des points communs mais aussi parce que j’aimais son style et ce qu’il dégageait. Au final, 10 ans plus tard, je suis toujours aussi convaincue par son talent et la personne qu’il est.
Après, il y a des tas de champions, je regardais surtout Fabio Pinca, Ramon Dekkers et Buakaw. Je me souviens aussi de Steeve Valente, Balicha, Yohan Lidon, Abdallah Mabel…
MAËLLE PARIEZ AVEC LA STAR FRANÇAISE FABIO PINCA
Tu as effectué combien de combats ?
Je ne sais pas exactement combien de combats j’ai fait au total, pour ça je fais confiance aux promoteurs qui ont compté pour moi. J’ai 35 victoires pour 10 défaites
Quels sont les titres que tu as remportés ?
Championne de France et vice-championne du monde. Tu sais au-delà des titres et du nombre de combats, je retiens surtout l’expérience, les challenges et les personnes que j’ai boxées
MAËLLE PARIEZ A COMBATTU PLUSIEURS FOIS POUR UN TITRE DE CHAMPIONNE DU MONDE
Tu es partie en Thaïlande pour t’entraîner et combattre, tu peux nous raconter tes expériences les plus marquantes au pays du Muay Thai ?
Oui, j’ai beaucoup boxé en Asie : en Thaïlande, au Cambodge, en Chine. J’ai eu la chance d’apprendre avec des grands maîtres des arts martiaux anciens et modernes. Un vrai régal !
Je me suis adaptée à l’environnement pour vivre à fond toutes ces expériences et j’en garde d’excellents souvenirs. J’en parle d’ailleurs beaucoup dans mon livre « Ma vie de boxeuse ». Ça serait difficile de synthétiser ce que j’ai vécu en une phrase mais boxer les meilleurs, boxer plusieurs fois par semaine, vivre dans un camp au rythme du Muay, s’entraîner 8 heures par jour, boxer sur le parking du stadium Lumpinee parce que les femmes n’ont pas le droit de boxer à l’intérieur du stadium…
PRÉPARATION DANS LE STADIUM DU LUMPINEE
COMBAT SUR LE PARKING DU STADIUM LUMPINEE CONTRE LA CHAMPIONNE GRECQUE FANI PELOUMPI POUR LE CHAMPIONNAT DU MONDE WMF
PRÉPARATION AVANT UN COMBAT AU STADIUM MBK CENTER A BANGKOK
Tu t’es entraîné dans plusieurs camps ?
Oui les camps en Thaïlande ça permet de s’entraîner comme les thaïs de vivre dans les mêmes conditions, de pouvoir s’investir à 100 %. En Thaïlande, je ne vivais que de la boxe donc je faisais deux entraînements par jour, six jours sur sept à raison de 6 à 8h de sport chaque jour. Je boxais le plus souvent possible pour être reconnue pour ça. Alors qu’en France quand tu vis de la boxe et que tu ne fais que ça, les gens te prennent moins au sérieux, ce n’est pas la même mentalité…
MAËLLE PARIEZ AVEC LA TEAM DU CAMP MAX SPORT GYM
MAËLLE PARIEZ AVEC ADAM AUSA LE PROPRIÉTAIRE DU CAMP MAX SPORT GYM
AU SOMPTUEUX CAMP VOR SAKORNRIT A BANGKOK
MAËLLE PARIEZ AVEC LES MEMBRES DE L’ÉQUIPE DE FRANCE (BOXEUSES ANAELLE ANGERVILLE ET YOLANDE ALONSO) 2015 AU CAMP VOR SAKORNRIT
MAËLLE PARIEZ AU CAMP PHOENIX GYM A BANGKOK
Combien tu as fait de combat en Thaïlande ?
Bonne question, sur la totalité des combats j’en ai peut-être fait une bonne dizaine en dehors de la Thaïlande
MAËLLE PARIEZ CONTRE NONGPLAÏ (CLASSÉE N° 1 EN THAÏLANDE)
MAËLLE PARIEZ CONTRE LA CAMBODGIENNE SOY SOTHEA (CLASSÉE N° 1 AU CAMBODGE)
Est ce que tu a eu l’occasion de combattre à l’anniversaire du Roi ou de la Reine ?
Je devais mais le combat a été annulé…
Que penses tu des combattantes thaïlandaises ?
L’avantage c’est qu’il y a beaucoup de boxeuses alors on peut rencontrer tout type de niveau. Elles s’entraînent depuis leur tout jeune âge, elles ont parfois de gros palmarès et peuvent venir le jour du combat en tenue d’écolière avec tout leur village. On peut rencontrer une championne sur un événement particulier au MBK et boxer une boxeuse moins forte pour une ceinture ou à la télévision. Mais le côté positif pour moi c’est qu’il y a plein de boxeuses de mon gabarit ce qui m’offre plus d’opportunité qu’en France où nous sommes beaucoup moins nombreuses. De façon générale, les thaïs sont « Fimeuu » (Technique) et c’est le style que je préfère
Est ce que pour toi la boxe thaïlandaise féminine est bien développée dans le monde et surtout en France ?
Elle pourrait l’être encore plus. Il y a chaque année de plus en plus de licenciés dont des femmes alors c’est positif. Mais le niveau n’est pas encore top de partout, je trouve. Il y a un vrai manque d’opportunité et de compétitions dans certains pays donc c’est difficile de progresser et de rester au top. Ceux qui percent plus rapidement et plus durablement sont ceux qui ont la possibilité de pouvoir boxer à l’étranger ou de cumuler les disciplines…
TRÈS BEAU BLOCAGE DE MAËLLE PARIEZ
UN HIGH KICK QUI FOUETTE
Quel a été jusqu’à aujourd’hui ton meilleur souvenir de combattante ?
Il y en a plein mais on va dire lorsque j’ai remporté le titre de championne de France en 2013. C’était la première fois que ma famille venait voir un combat et j’ai gagné. C’est cool
Ton combat le plus dur ?
Tous les combats sont durs, à un certain niveau quand on accepte tous les challenges on a souvent des surprises. Chez les femmes, c’est difficile de connaître toutes les boxeuses, faute de médiatisation notamment. On entend souvent parler des mêmes pourtant il y en a qui sont encore plus forte et dont on ne parle pas. C’est aussi une question de contacts et de promoteurs.
Si je devais parler du combat le plus dur, on va dire que c’était contre une pointure chinoise en règle K1 et en – 54 Kg. La fille était beaucoup plus lourde que prévue (J’étais en – 50 Kg et elle en – 55-56 Kg), plus forte que prévue (N°1) et pas dans ma meilleure discipline. J’étais sans mon coach et le voyage ne s’était pas très bien passé. Mais bizarrement, c’est une expérience que je ne regrette pas parce qu’elle m’a endurcie. J’en parle aussi dans mon livre
Quel est ta profession et comment arrives-tu à concilier le sport de haut niveau avec ton travail ?
Durant plusieurs années, j’ai vécu de la boxe. En réalité, je devrais plutôt dire survécu, parce que c’est plus approprié à la situation. La situation est plus difficile en France alors je cumule plusieurs activités. Selon les périodes, je fais de grosses journées mais je me suis calmée un peu là. En France, les combats sont moins fréquents qu’en Asie donc j’arrive à concilier les deux
Tu as fais des études importantes en informatique, durant tes études tu arrivais à t’entraîner correctement ?
C’était très difficile j’avoue mais bizarrement ça me rendait plus déterminée. C’était une des périodes les plus éprouvantes et pourtant celles où je brillais le plus sur le ring. Je me levais à 7H et je me couchais vers 1H du matin. 18 heures les yeux ouverts pour assurer mes études, payer mon loyer, m’entraîner dur tous les jours et boxer. J’avais un rythme décalé mais j’en voulais, j’étais jeune et motivée !
Tu as écrit un livre sur la boxe thaïlandaise qui vient juste de sortir, tu peux nous en parler, et pourquoi tu as écrit ce livre ?
Ce livre est un bilan de 10 années dans la boxe (Kick boxing, K1, Full contact, boxe anglaise, Kun Khmer, Muay Thaï). Je partage mon expérience pour qu’un maximum de personnes puissent découvrir nos vies et notre passion.
La boxe est une grande famille, je pense que ce livre est celui de tous ceux qui partagent le même quotidien. C’est un moyen de donner de la voix à ces milliers de boxeurs qui évoluent dans l’ombre et de donner un sens à nos sacrifices. Parce que c’est très difficile de nous faire connaître, notre statut n’est pas reconnu.
Je veux combattre les clichés et apporter des réponses à tous ceux qui s’interrogent autour de notre sport.
Ce livre est un support qui peut aider tous les boxeurs à transmettre à leur proche ce qu’ils vivent et ressentent.
Si je peux grâce à ce livre, participer ne serait-ce qu’un tout petit peu au développement de la boxe thaï pour qu’il soit plus connu de mes proches, du public et pourquoi pas un jour reconnu, je serai très heureuse.
J’espère qu’il vous plaira suffisamment pour vous donner envie de le partager avec vos proches.
Pour savoir comment se procurer le livre voici le lien : http://maellepariez.fr/ma-vie-de-boxeuse/
Le livre sera disponible en librairie le 16 juin 2017. Il est déjà disponible en pré-commande et je le vends en séances dédicaces dans des clubs
LIVRE « MA VIE DE BOXEUSE »
Tu veux ajouter quelque chose ?
Je tiens à remercier tous ceux qui me soutiennent et qui m’aident comme ils peuvent dans mes projets.
Merci à toi, c’est un honneur d’être interviewée pour un site que je consulte depuis tant d’années !
Merci Maëlle pour cette interview et je te souhaite CHOOKDEE pour la réussite de ton livre !
Merci à toi Serge et bonne continuation
MAELLE PARIEZ
Date de naissance : 24/07/1990
Poids : -48kg / -50 kg
Hauteur : 1m56
Nombre de combat : 45. 35 victoires. 10 défaites
Titre : Championne de France et Vice-championne du monde
Team : Haute tension
Site internet : http://maellepariez.fr
Page Facebook officielle : https://www.facebook.com/MaellePariez/
Maëlle Pariez n’a jamais refusé un combat ni une expérience. Même à peine redescendu du ring. Même blessée ou pas au top, elle a honoré chacun de ses combats dans n’importe quelle condition. Elle a vécu de la boxe comme les thaïs. Porte-parole du Muay Thaï de ces dernières années, elle espère pouvoir aider ce sport à se développer grâce à son livre et son engagement…
Surnommée « Khaosaïnoï » (La petite Khaosaï, en référence au champion de boxe anglais Khaosaï Galaxy) par son entraîneur thaï Adjarn Sak de Bangkok en référence à la puissance de son anglaise !
MAËLLE PARIEZ AVEC LE GRAND CHAMPION LAMKONG
MAËLLE PARIEZ EST UNE REDOUTABLE COMBATTANTE MAIS AUSSI UNE CHARMANTE JEUNE FILLE SOURIANTE
Livre : « Ma vie de boxeuse » :
Souvent considérée comme un sport d’hommes, la boxe est aussi une histoire de femmes et on vous le prouve !
L’auteure, vice-championne du monde en 2016 nous raconte comment une jolie fille, surdouée incomprise, brillante dans ses études comme en sport, a choisi la boxe pour oublier le contexte difficile dans lequel elle a grandi. Après dix années d’expérience, elle a décidé de faire le bilan sur sa carrière et de tout nous expliquer. En commençant par ses débuts, ses entraînements, ses combats, les difficultés rencontrées, la reconnaissance de ce sport, des hommes et des femmes du milieu, les préparations physiques, les régimes alimentaires, les impressions avant, pendant et après combat. Sans prendre de gants, elle raconte tous les bons et les mauvais moments…
Biographie de l’auteur :
Maëlle PARIEZ est une boxeuse française. Cette pratiquante professionnelle de Muay-Thaï, Kun Khmer et K1, pensionnaire du club Haute Tension de Vitry-sur-Seine, a été championne de France en 2013 et vice-championne du monde en 2015 et 2016. Elle a appris les arts martiaux auprès de grands maîtres et experts en France, en Thaïlande et au Cambodge. Elle a réalisé la plupart des combats de sa carrière en Asie. Elle fut membre de l’équipe de France WMF/WMO en 2015 et 2016