PUD PAD NOY WORAWOOT
Interview de PUD PAD NOY WORAWOOT
par Serge TREFEU (2012)
Serge TREFEU : Bonjour, tout d’abord merci de m’accordez cette interview, comment ça va, en forme ?
PUD PAD NOY WORAWOOT : Oui ça va, toujours bien, je te remercie…
Quel âge as-tu ?
J’ai 61 ans
Tu viens de quelle région de la Thaïlande ?
Je suis de Khon Khean, une ville dans l’Isaan (Nord-Est de la Thaïlande)
Est ce que tu es marier, tu as des enfants ?
J’étais marié et j’ai une fille qui vit à Paris, elle à 31 ans, sa mère est française…
Tu as des frères et sœurs ?
Nous étions huit enfants, cinq garçons et trois filles, j’avais quatre frères et trois sœurs
Tes frères pratiquaient la boxe aussi ?
Mon petit frère Pud Pad Nit était un grand champion, il est rester longtemps en France aussi, 10 ans, il était entraîneur là-bas, mais il est mort maintenant, mon grand frère Pud Pat était aussi un très bon boxeur, très, très connu dans l’Isaan, il est décédé aussi, je n’ai plus que deux frères…
Vous étiez une famille de combattant ?
Oui nous étions cinq garçons et quatre étaient des boxeurs !
Tu as commencé la boxe à quel âge ?
A 14 ans
Adolescent tu étais plutôt bagarreur ou pas du tout ?
Non pas du tout, j’aimais la boxe mais pas la bagarre….
Comment tu as découvert la boxe ?
Grâce à mon grand frère et à mon père, c’étaient des passionnés de boxe…
Ton premier combat tu l’as fait à quel âge ?
A 14 ans, je pesais 36 Kg, et j’ai fais un match nul, j’ai gagné 15 bahts, c’était en 1965…
Tu as commencé le Muay Thai dans un camp ?
Non c’était en famille, on s’entraînait avec mon grand frère à la maison
Tu as beaucoup combattu dans l’Isaan ?
J’ai dû faire une soixantaine de combats dans l’Isaan
A quel âge tu es allé à Bangkok ?
A 18 ans, je suis allé au camp Voravudh à Bangkok. Ce camp n’existe plus aujourd’hui, il n’était pas loin de la célèbre rue touristique de Khao San Road. Je suis resté dix ans dans ce camp. Mon premier combat à Bangkok pour ce camp je l’ai fait à 48 Kg puis après je combattais en 51 Kg…
Tu dormais dans le camp, tu avais ta chambre ?
Ce camp était tout petit, les boxeurs dormaient dans un dortoir à l’extérieur du camp, au début je dormais avec eux, après j’ai eu ma propre chambre personnelle dans le camp, j’étais le seul boxeur à dormir sur place…
Le jogging quotidien c’était dans les rues de Bangkok ?
Oui nous allions courir autour de la place Sanam Luang, à l’époque il n’y avait pas autant de circulation que maintenant, le matin c’était agréable de courir dans ce parc…
Dans quelle catégorie tu boxais ?
En 51 Kg, puis en 54 Kg, et j’ai terminé ma carrière en 59 Kg…
Quelles sont les titres que tu as remportés ?
J’ai gagné trois ceintures du Lumpinee. La ceinture en 51 Kg contre Kiatpathum Pangpan nova, la ceinture en 54 Kg contre Suksawadee Sritivet et la ceinture en 58 Kg contre Chaiyuth Sittiboonlert !
Et au stadium du Radja tu as gagné aussi des ceintures ?
Non je n’ai pas gagné de ceinture du Radja mais j’ai remporté un tournoi important. C’était un tournoi avec 16 combattants, les meilleurs du moment, je les ai tous battus. Le Premier Ministre en personne m’a remis la coupe du vainqueur dans le stadium du Radja !
Combien as-tu fais de combats, combien as-tu de victoire et de défaite ?
150 combats. 135 victoires et 15 défaites
Tu as gagné beaucoup de combats par KO ?
Oui pas mal, mais surtout en province à Bangkok j’en ai gagné moins…
Tu avais quel style de boxe ?
J’étais à la fois un combattant fimeuu (technique) et un combattant qui avance sans cesse…
Quelle technique tu aimais le plus en combat ?
Les middles kick et surtout les High kick avec la jambe gauche, j’adorais la placer en combat !
Ta jambe gauche était terrible, c’est pour cela que l’on te surnommais la « Jambe d’Or » ?
Oui c’est ça (Rire)
Quel était ton promoteur à l’époque ?
C’était Kunkao Sapkaw, promoteur au Lumpinee
Quel a été ton combat le plus dur dans ta carrière ?
Tous les combats sont durs, même si tu gagnes ce n’est pas facile. Mais peut être contre Soksin Sor Phayathai au Lumpinee. C’était un grand champion et quand je l’ai affronté il avait cinq kilos de plus que moi, ça fait beaucoup de différence….
Ton meilleur souvenir de boxe jusqu’à aujourd’hui ?
C’est toute ma carrière, la reconnaissance du publique thaïlandais, tout le monde me connaît, j’ai une bonne réputation dans le milieu du muay thai, c’est cela qui me fait le plus plaisir…
Quelles sont les combattants connus que tu as affronter ?
Il y a en eu beaucoup, Wicharnoy (2 victoires, 1 défaites), Kunkotnoi (1 victoire, 2 défaites), Soksin (2 victoires, 1 défaite), Kwanmuang (2 défaites), Srimongkol (victoire), Kiatpathum (victoire), Suksawadee (victoire), Chaiyuth (victoire), Prayuth (victoire), Apidet (victoire), Huasai (victoire), et beaucoup d’autres…
Tu as rencontré aussi le grand champion japonais Toshio Fujiwara ?
Oui j’ai perdu aux points contre lui. Mais j’avais arrêter de boxer pendant deux ans, j’étais partis aux États-Unis, quand je suis rentré des USA en Thaïlande on m’a proposé Fujiwara, j’ai dis oui, c’était au Lumpinee, et j’ai perdu aux points face à lui, je manquais de ring…
Tu as combattu à l’étranger ?
Je n’ai combattu qu’une seule fois à l’étranger, c’était sur l’île de La Réunion, j’avais 43 ans, j’ai gagné par KO au deuxième rounds avec un High Kick !
Ensuite après ta carrière tu es devenu entraîneur ?
Oui en France
C’est pour cela que tu parles très bien le français ?
Oui ça peut aller (Rire)
Tu es venu en quelle année en France ?
Je suis venu en 1980 et j’y suis resté jusqu’à 2003, j’ai été 23 ans entraîneur à Paris !
Tu enseignais dans quel club ?
Au « Muaythai France » rue Malebranche à Paris
Tu as eu beaucoup d’élèves en France, qu’elles sont ceux dont tu te souviens le plus ?
Oui j’ai eu beaucoup, beaucoup d’élèves, je ne peux pas te citer tous les noms, il y en a eu trop, parmi ceux dont je me souviens bien il y a Olivier Gauthier qui est installé en Thaïlande maintenant, il a son camp à Phuket (Sit O Inter), Guillaume Kerner, un grand champion, Jean-Marie Merchet, Franck Marre, Daniel Woirin, Hour, et pleins d’autres…
Guillaume Kerner est certainement l’un de tes élèves les plus connus car il a effectué une grande carrière et il est devenu un immense champion, quel souvenir marquant tu gardes de Guillaume ?
Guillaume était très doué, il faisait partis de mes meilleurs élèves, c’est devenu un grand champion, j’ai beaucoup de respect pour sa carrière. L’un de mes meilleurs souvenirs avec lui ce fût son combat contre Krongsak à Paris, à l’époque Krongsak était vraiment très, très fort, Guillaume avait perdu son combat contre lui mais il avait fait un beau combat, j’étais vraiment fière de lui !
Pour toi qui est le meilleur combattant actuellement en Thaïlande ?
Il y a beaucoup de très bons combattants en Thaïlande, c’est difficile à dire, je dirais Seanchai pour la Thaïlande et pour l’étranger Buakaw…
Aujourd’hui que fais tu en Thaïlande ?
Je travaille pour un sponsor du stadium TV7, tous les dimanche je suis au stadium TV7, je suis aussi arbitre et juge dans des galas internationaux
Quels sont tes projets pour 2012 ?
Je compte ouvrir prochainement un camp à Bangkok avec un grand champion Diesel Noi !
Tu entraînera avec Diesel Noi ?
Oui et avec Pichai Noi aussi, nous serons trois entraîneurs dans le camp…
Les étrangers pourrons venir s’entraîner dans ton camp ?
Oui bien sûr, ils sont les bienvenus, il y aura même des chambres pour les accueillir, pas de problème, dès que le camp sera ouvert nous comptons en parler sur internet, bientôt…
Merci beaucoup pour l’interview et chookdee pour tes projets !
Merci à toi
SERGE TREFEU AVEC PUD PAD NOY WORAWOOT
Pud Pad Noy Worawoot est une légende vivante en Thaïlande, ce combattant extraordinaire est classé parmi les dix meilleurs boxeurs thaïlandais de tous les temps. Sa férocité sur le ring, la puissance de sa jambe gauche, ses redoutables techniques de coups de coudes lui ont permis de terrasser les meilleurs combattants de son époque. Durant cinq ans, de 1970 à 1975, il va dominer le circuit thaïlandais, à tel point qu’il ne trouvait plus de combat et devait combattre contre des boxeurs plus lourds que lui. A Bangkok, il ne c’est incliné que face à des pointures tels que Soksin Sor Phayathai, Wicharnoi Pontawee, Wangwon Lookmatulee, Kwanmuang Jitprasert ou Toshio Fujiwara. Ses exploits pugilistiques ont été récompensé par de nombreux prix. Honneur suprême, il a reçu le trophée du « Meilleurs combattants » par le Roi en personne. Et il a eu pour l’ensemble de sa carrière, un prix prestigieux qui lui a été remis par les hautes autorités thaïlandaise, un trophée unique, « La Jambe d’Or » !
Ajahn Pud Pad Noy Worawoot, « The Golden Leg », est entré pour toujours dans le panthéon des légendes du Muay Thai !
PUD PAD NOY WORAWOOT
Nom de combattant : PUD PAD NOY WORAWOOT
Nom réel : Pon Omglin surnommé Pi Moo
Poids : 59 Kg
Nombre de combat : 150 combats, 135 victoires, 15 défaites
Titre : Champion du Lumpinee en 51 Kg. Champion du Lumpinee en 54 Kg. Champion du Lumpinee en 58 Kg. Vainqueur du Tournoi Radja.