SIAM FIGHT MAG

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RACHID SANTAKI

Temps de lecture : 6 minutes

INTERVIEW DE RACHID SANTAKI

PAR SERGE TREFEU (2011)

 

Serge TREFEU : Bonjour Rachid,  d’abord merci de m’avoir accordez cette interview. Tu es un passionné de boxe Thai, qu’est ce qui t’a attiré dans ce sport et comment tu l’as découvert ?

RACHID SANTAKI : Merci à toi ! J’ai découvert ce sport en 1989, à 17 ans, j’avais fait trois ans de boxe anglaise et ce sport m’attirait car on en parlait beaucoup et j’ai voulu tester. J’ai commencé au Lumpini à Saint Denis

Adolescent tu étais plutôt bagarreur ou pas du tout ?

Non, j’ai toujours été très calme. Je suis allé à la boxe après avoir kiffé le film Bloodsport avec Paco, un nak muay avec un short rouge. Sa manière de bouger, son style, j’ai kiffé et je me suis dit je veux faire ce sport ! (rires)

L’ACTEUR PAULO TOCHA ALIAS PACO DANS LE FILM BLOODSPORT ÉTAIT UN VÉRITABLE BOXEUR

 

Tu as grandi dans le 93, dans ce département il y a beaucoup de clubs de boxe thai, dans quel club tu as débuté le muay ?

J’ai commencé la boxe au Lumpini. Je suis de la génération Sora Yara, j’ai connu Dany Bill par le biais d’un pote. La boxe thaïlandaise était très exposée et c’était un sport populaire. Tous les jeunes de quartiers populaires attendaient les réunions de boxe thaïlandaise…

Tu te souviens de tes premiers entraînements ?

Oui, mon premier entraînement était hardcore. Je suis arrivé et l’entraîneur après que je me sois échauffé m’a envoyé faire du corps à corps avec Jean Paul Anastase. Il m’a projeté pendant 45 minutes, je ne comprenais rien, j’ai fini l’entraînement avec le sentiment de m’être fait traîner. A la fin de la saison, on se rendait coups pour coups, une excellente ambiance de compétition

Dans le club il y avait quels champions, est ce que tu les connaissais ?

Sora, Latamen, Kasoum…

On se connaissait car nous étions tous de Saint Denis et à l’école ensemble ou on  avait des potes en commun

Tu as tournés dans plusieurs clubs ?

J’ai fait le Lumpini, celui de Stains en 2003, Et je suis actuellement au Derek avec Léon qui me donne beaucoup de goût…

RACHID SANTAKI EN SPARRING AU CÉLÈBRE CLUB DEREK BOXING DE LA COURNEUVE

Tu mets les gants avec des champions ?

J’aime mettre les gants, après je tourne de temps en temps avec Gregory Choplin , j’ai déjà mis les gants avec Cheick (Kongo) mais ce sont des compétiteurs et ils sont affûtés alors mettre les gants avec des champions ne veut pas dire que tu peux rivaliser. Ce sont des amis et la mise de gants et plus une forme de partage. Je fais de la boxe pour le plaisir et la compétition n’est pas comparable. C’est beaucoup de contraintes...

 

 

Est-ce que tu as eu l’occasion de faire de la compétition, de combattre sur un ring ?

J’ai fait de l’anglaise et des combats en éducative mais j’ai été blessé au visage et j’ai un décollement de rétine. Je ne peux donc pas faire de compétitions

Que t’apporte la pratique du Muay Thai ?

Du plaisir. J’ai aussi transmis ce sport quand j’étais au Lumpini pendants deux ans à Saint Denis, c’est un peu ma première expérience de management dans le sens où tu travailles dans un quartier où le sport est un support qui te permet d’établir un lien et d’aider certains jeunes, et pour les autres de transmettre les valeurs d’un sport. Aujourd’hui, c’est un sport qui me fait kiffer et m’apporte de la matière pour mes romans

Tu connais des grands champions d’aujourd’hui ou de l’époque, quels sont ceux que tu apprécies ?

Je dirai que le premier est bien sur Dany Bill, parce que je le connais et qu’il a ce don. Il y a mon ami Grégory Choplin. Après je n’ai pas de champions en particulier, à la salle il y a des boxeurs que j’apprécie et en fait je ne regarde pas un boxeur pour son parcours mais pour sa boxe. Les noms de l’époque, bien sur Farid Keniche avec ses genoux, je réfléchis et je te citerai les hollandais comme le redoutable Dekkers. Je me souviens aussi de Somsong, et ce combat qui avait fait couler de l’encre dans la presse, il s’était ouvert le tibias et ça giclait sur le ring !

Que penses tu aujourd’hui du niveau actuel en boxe thaï ?

La boxe thai a évolué. Aujourd’hui les thai touchent en anglaise, et les français sont très techniques, ils ont un style très fluide, très technique. Après il y a toujours ce débat des anciens qui allaient au charbon et les jeunes qui misent sur la technique. Je pense que la boxe a évolué et que chaque époque a son truc

Tu as assisté souvent à des galas de boxe thaï sur Paris ou ailleurs ? Quels combats, que tu as vu en direct,  t’as fais le plus vibré ?

J’ai vu beaucoup de combats à Japy, Saint-Ouen, Saint-Denis, Bercy…

Je n’ai pas de combat en tête, ceux de Dany étaient dingues à son apogée, fin des années 90. Il avait une assurance et une insolence !

 

 

Tu as déjà été en Thaïlande, raconte nous ton séjour au pays du muay, tu t’es entraîné là-bas ?

Oui ! J’ai kiffé, je suis parti dans un camp de touriste, celui de Koh Samui le WMC à Lamai. Mohamed Bourkis en revenait et j’ai pris un vol sur un coup de tête, j’ai fait que de la boxe pendant deux semaines, je vivais de muay thai et d’eau fraîche (rires)

 

 

Est ce que tu as eu l’occasion d’aller voir des combats dans les stadium de Bangkok ?

Je suis resté une journée à Bangkok, j’ai visité la ville à pieds, je n’ai donc pas pu regarder de combats

 

 

Tu es un membre fondateur du magazine urbain « 5 Styles », un magazine devenu une référence dans le milieu hip-hop, ce magazine sur les cultures urbaines mélange sport, danse et musique, plusieurs articles sur le Muay Thai sont d’ailleurs déjà sortis dedans, tu peux nous parler de ce magazine ?

Deux cultures ont renforcés ma vie, la boxe et le hip hop. J’ai donc développé ce magazine avec les valeurs de ces cultures dans le fond et la forme. J’ai grandi avec les revues de boxe, et je voulais rendre accessible ce sport en le mettant en avant dans le magazine. On a parlé de Joe Prestia, Dany Bill, Farid Villaume, Nikiema et j’en oublie. C’était mortel que de rendre hommage à ce sport. Le magazine était distribué gratuitement dans les enseignes Fnac et Courir, j’ai même mis en couverture mes amis Grégory Choplin et Cheick Kongo. C’était pour promouvoir ce sport et ce magazine est le départ de tout pour moi. Une expérience en tant que patron de presse, journaliste et auteur. 5 Styles est l’expérience la plus enrichissante de ma vie !

 

 

Le rap et la boxe font souvent très bon ménage, tu connais des rappeurs qui pratiquent le Muay Thai ou qui aiment ce sport ?

Oui, Booba il a fait apparaître Cheick dans son clip. Il pratique aussi et rends hommage à ce sport avec pas mal de référence au muay thai. Un de ses amis Tigiani Biga pratiquait à Nanterre chez Kouider. Il y a aussi Rohff, qui est plus attiré par le combat libre mais qui mettait déjà à l’honneur ce sport qu’il pratiquait. Il connaît bien Stéphane Nikiéma et d’autres boxeurs. Le muay thai est populaire chez les rappeurs…

 

 

Dans ton premier roman « La Petite Cité Dans La Prairie » , tu as pris des tranches de vie où le muay thai apparaît, tu t’es inspirés de vécu réel ?

Oui, j’ai repris ce que j’ai vécu. Je te l’ai dis ce sport c’est plus qu’une pratique ce sont des valeurs que je vis pleinement et qui t’amène à l’épanouissement…

 

 

Parle nous de ton  roman « Les Anges S’habillent En Caillera », un polar qui se déroule dans les rues de Saint-Denis, de nouveau le muay thai est présent et tu as décris superbement l’atmosphère du championnat du monde dans le passage où le boxeur «Jeremy » va disputer le titre, c’est aussi du vécu romancé ?

Oui, le « Jeremy » s’inspire de Grégory Choplin. J’ai vu pas mal de combats, je vis aussi ce sport, je connais aussi bien la préparation que l’état d’esprit d’un compétiteur et ça m’intéressait de faire vivre un championnat du monde avec les références du muay à mes lecteurs. Pour l’anecdote, j’ai eu le retour de lectrices qui ont été émus par le passage avec le boxeur dans les vestiaires, sa victoire

 

 

Dans les polars, l’univers de la boxe est souvent présent, tu penses que la littérature et la boxe sont liées ?

Un des membres de 813, un blog et un magazine sur le polar m’ont posé la question lors du salon de Montigny. Pour moi la littérature c’est une compétition. Quand je vois un auteur, j’ai envie de faire mieux que lui, j’ai envie de le moucher avec des coups de genoux, de la fluidité. C’est la même chose la littérature et le muay, c’est une compétition et tu dois être en phase avec toi, te concentrer, te connaître pour pouvoir faire de belles choses…

On parle d’une adaptation à l’écran de ton roman, c’est une belle reconnaissance, qu’est ce que tu en penses ?

Je n’ai pas recul sur tout ça, et de ce que disent les professionnels de l’édition je suis dans un virage qui sera décisif donc le plus gros reste à faire. J’ai effectivement eu plus de facilité à accéder à certaines choses, l’adaptation en poche, des contacts au cinéma mais c’est comme un jeune champion, le plus dur ce n’est pas de décrocher la ceinture mais de la garder. Et je dois rester vigilant penser aux suites et continuer à travailler. Tu vois la boxe et la littérature c’est la même chose (rires)

Tu verrais qui comme acteur dans le rôle du champion de boxe ?

Pour l’éventuelle adaptation, je suis auteur et un réalisateur sera chargé du casting, après j’interviendrai peut être mais je reste à ma place celle d’auteur. La seule chose, c’est que sur le combat j’ai un œil car on doit respecter ce sport et essayer de le retranscrire au plus proche de la réalité

Un polar dans le milieu du muay thai, entre Bangkok et Saint-Denis par exemple, cela t’inspirerait ?

J’ai une idée. Un flic qui en plein camp, exilé pour tuer ses démons reviendrait régler ses comptes en décidant de s’opposer à une grosse équipe de Narco-trafiquants. J’ai pas mal d’histoires dans le tiroir et j’avance par étape mais le muay thai restera l’une de mes inspirations, c’est l’une des raisons pour lesquelles je continue à le tutoyer au Derek Boxing !

Tu as des projets, un nouveau roman qui te trotte dans la tête ?

Mon prochain roman « Des Chiffres Et Des litres » prévu pour le 21 février est inspiré de Grégory Choplin, c’est la suite des Anges S’habillent En Caillera avec une spécificité c’est de ramener le lecteur en 1998, en pleine coupe du monde, à l’apogée du rap français et des premiers combats en muay thaï de Jeremy…

 

 

Tu veux ajouter quelque chose ?

J’invite tous les passionnés de boxe thaï en librairie, à la Fnac ou chez Virgin pour découvrir mes romans qui transpirent le muay thai et je te remercie pour cette invitation !

Longue vie à Siamfightmag.com !

Merci beaucoup pour cette interview et bonne chance pour tes projets

 

Rachid Santaki est un passionné de Muay Thai, à tel point qu’il met en scène avec virtuose ce sport dans ses romans. Cet ancien éducateur sportif a été élu en 2006 Prix “Espoir de l’Economie” par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris Seine-Saint-Denis, pour la création du magazine 5Styles. Rachid est aussi fondateur du « Syndikat », une structure qu’il a mit en place et qui a pour but de promouvoir les jeunes talents. 

Son prochain roman « Des Chiffres Et Des litres » nous promet encore de belle intrigue, du suspense, de l’émotion, sur fond de musique Hip Hop, de galère en banlieue, et de Muay Thai…

 

 

 

Livre : 

La Petite Cité Dans La Prairie (2008)

Les Anges S’habillent En Caillera (2011)

Des Chiffres Et Des litres (2012)

 

Adresse Face Book :

www.facebook.com/rachid.santaki