SAMUEL ANDOCHE
Interview de SAMUEL ANDOCHE
by Serge TRÉFEU (2023)
Bonjour Samuel, comment vas-tu, tu peux te présenter aux lecteurs de siamfightmag qui ne te connaissent pas ?
SAMUEL ANDOCHE : Bonjour Serge, je vais bien, je suis originaire de l’île de La Réunion, j’ai 34 ans et je suis un boxeur principalement en style Muay Thai
Tu as commencé la boxe vers quel âge ?
J’ai débuté le Muay Thai à l’âge de 18 ans, c’est un peu tard dans le milieu mais j’ai appris assez vite
Tu avais fait d’autres sports avant le Muay Thai ?
J’ai fait un peu de boxe française et une dizaine d’années de football
Tu as débuté le Muay Thai dans quel club ?
Dans le club d’Expedito Valin (Champion d’Europe WBC – 70 Kg, champion intercontinental WPMF – 70 Kg, champion de France FMDA – 67 Kg) que l’on ne présente plus
Est ce que tu as rapidement combattu ?
Oui, au bout de seulement six mois de pratique on m’a lâché dans la cage aux lions (Rire), c’était un combat en classe D. Après, j’ai fait un combat en classe C puis en classe B et en classe A
Tu as combattu combien de temps en amateur classe C et B ?
A peu près deux ans, ensuite je suis passé en classe A en Pro
Quel a été ton premier combat important en classe A ?
C’était un combat à La Réunion en 2010 contre le champion Johann Beausejour (Champion du monde WKU – 75 Kg, champion du monde FIBA – 75 Kg, champion du monde K1 WFCA, champion Intercontinental WPMF- 75 Kg, champion de France FFSCDA – 75 Kg), c’était un combat que j’ai fait au pied levé. Il était venu à La Réunion et il n’avait pas d’adversaire. A 20 h, le soir du gala, on m’a appelé pour l’affronter et j’ai accepté le challenge. J’ai perdu le match. Je n’étais pas du tout préparé mais je pense avoir fait une bonne prestation face à lui. Et c’est ce combat qui m’a fait prendre conscience que je pouvais faire quelque chose de bien dans le Muay Thai, j’avais le potentiel
Tu as combattu de nouveau contre Johann Beausejour ?
Oui, nous avons fait le match revanche avec une ceinture Intercontinental WPMF en jeu, je domine le combat mais je perds par arrêt sur blessure. Pourtant j’étais bien préparé, j’étais allé pour la première fois en Thaïlande à Bangkok dans un camp pour me préparer spécialement pour ce combat
C’était dans quel camp à Bangkok ?
C’était dans le camp de Thierry Virapol, le Virapol Gym qui était près de l’ancien stadium du Lumpinee. Thierry Virapol est le premier Réunionnais qui a ouvert un camp de boxe en Thaïlande
Combien de temps tu es resté en Thaïlande en 2010 ?
Je suis resté un mois dans le camp à Virapol, je n’ai fait que m’entraîner et à l’époque il n’y avait pas trop d’internet et tous les réseaux sociaux…
Tu es revenu en Thaïlande en quelle année ?
Je suis revenu en 2012 et j’ai été dans le sud de la Thaïlande dans le camp Emerald Gym qui est à Krabi, le camp de Wilfried Montagne. Je suis resté un an en Thaïlande
Pendant cette année 2012 en Thaïlande tu as souvent combattu ?
Oui, j’ai fait mon premier combat en Chine au K1, puis j’ai enchaîné des combats à Phuket contre des thaïlandais que j’ai gagnés et j’ai fait mon premier championnat du monde à Bangkok. J’ai perdu aux points le titre WPMF en – 75 Kg contre un australien.
Un mois après, à Bali, j’ai rencontré le français Ghislain Bellon qui s’entraînait dans le camp de Nikiéma à Pattaya pour le titre mondial WPMF en – 76.2 Kg. Je le bat par KO technique et je gagne la ceinture. Ensuite, j’ai défendu mon titre à Bangkok à l’anniversaire du Roi au mois de décembre contre un autre français, je ne me souviens plus de son nom, je l’avais battu aussi par KO technique !
Tu as conservé ton titre mondial ensuite ?
J’ai perdu ma ceinture à Bangkok en 2013 contre le suédois Tobias Alexandersson (Champion du monde WPMF en – 72 Kg et en – 76 ,2 Kg), un solide combattant
Tu as de nouveau combattu en Thaïlande en 2013 ?
Oui, j’ai combattu de nouveau à Phuket et j’ai fait mon premier combat dans le circuit Thai Fight contre le champion du Radja Chanachai Kaewsamrit qui m’a battu aux points
Tu as combattu souvent dans le circuit Thai Fight ?
3 ou 4 fois, je crois
Tu as fait combien de combats en Thaïlande ?
Une quinzaine de combats
Est ce que tu t’es entraîné dans d’autres camps que l’Emerald Gym et le Virapol Gym ?
Je me suis préparé pour mes combats sur Bangkok au Saengmorakot Gym, le camp qui est dans le centre de Bangkok dans un centre monastique. Je suis resté trois mois dans ce camp, un camp de grand champion que j’adore, il est vraiment old school et les entraînements sont durs.
J’ai fait aussi le Jocky Gym, avant qu’il ne devienne le Skarbowsky Gym. A l’époque, il y avait encore le super champion Lerdsila et j’ai tourné avec lui, c’était vraiment des sparrings très Fimeuu (Technique). Les champions du Jocky Gym ce sont mes références, ils sont pour moi les meilleurs Fimeuu de Thaïlande, les Somrak, Silapathai, Saenchai et Lerdsila
Tu t’es entraîné aussi au Skarbowsky Gym ?
Effectivement, en 2019, je suis retourné au Jocky Gym et c’était devenu le Skarbowsky Gym, je me suis entraîné quelque temps dans le camp. J’étais venu avec mon petit frère, Logan Andoche, et un autre élève, ils se sont préparés au Skarbowsky Gym et ils ont combattu au stadium du Lumpinee !
Combien de combats tu as effectué jusqu’à maintenant ?
Je suis à 80 combats pour 65 victoires et 15 défaites
Tu as remporté beaucoup de victoires par KO ?
Non pas trop, juste 4 ou 5, je suis plutôt un combattant technique pas un puncheur
Quel a été ton combat le plus dur de ta carrière ?
Je pense que c’est mon combat contre Sudsakorn en style Kard Chuek (Sans les gants) en Chine en 2015, c’était violent et en même temps stratégique. Mon dernier match contre Saiyok a aussi été dur, c’était aussi en style Kard Chuek, au mois de novembre 2022 en Thaïlande à Hua Hin dans le sud
Saiyok Pumpanmuang (Champion du Radja, champion du Lumpinee, champion de Thaïlande, champion du monde WMC et WMO, champion du Thai Fight) c’est une pointure, tu as gagné contre lui ?
Non, j’ai perdu aux points. Mais comme tu dis Saiyok c’est un grand nom du Muay Thai, et il est encore bien présent. Mon affrontement contre lui reste une bonne expérience !
Ton plus beau souvenir de boxe jusqu’à aujourd’hui ?
Lorsque j’ai gagné mon titre WPMF !
Est ce que tu as combattu dans un grand stadium de Bangkok ?
Non, je n’ai malheureusement pas eu l’opportunité d’avoir pu combattre dans un grand stadium de Bangkok, c’est mon grand regret de ne pas avoir pu faire un match aux stadiums du Lumpinee ou du Radja. Deux ans avant la période du Covid, les thaïlandais ont mis en place une catégorie en 75 Kg au stadium du Lumpinee, j’aurai pu combattre au stadium du Lumpinee car le champion en titre de cette catégorie a été Kompikhat Sor Tawanrung et ce thaïlandais je l’ai battu à La Réunion en 2017…
Cela été dur la période du Covid pour la boxe à La Réunion ?
Oui, très dur, nous étions coupés du monde, il n’y avait plus rien. J’ai d’ailleurs arrêté de boxer pendant plus de quatre ans, entre 2018 et 2022, de plus j’avais monté ma salle de boxe donc c’était encore plus compliqué pour les combats
Tu t’entraînes toujours ?
Je me suis toujours entraîné mais je n’avais plus la “rage” pour les fights…
Tu as repris les combats en quelle année ?
En octobre 2022, j’ai monté ma propre organisation, un gala qui s’appelle le “World Phoenix Muay Thai Fight” et j’ai combattu contre le champion thaïlandais Sudsakorn Sor Klinmee
Tu peux nous dire à quoi fait référence le nom de ton show ?
En fait, c’est parce que j’aime beaucoup la WPMF (World Professional Muay Thai Federation) et au final le nom de mon organisation cela fait toutes les lettres de la WPMF, “World Phoenix Muay Thai Fight”
Avec quelle fédération as-tu organisé ton événement à La Réunion ?
Avec la fédération AFMT. J’ai d’ailleurs eux quelques petits soucis parce qu’avec leur guerre entre fédération AFMT et FFKMDA, j’ai failli ne pas pouvoir organiser. Mais finalement tout c’est arrangé…
Tu as affronté un gros morceau comme combattant, Sudsakorn (Champion du monde WMC, WPMF, WKN, champion Thai Fight) est une grande star en Thaïlande, pourquoi tu as choisi ce champion ?
Parce que je l’avais déjà rencontré au Thai Fight en Chine, de plus c’était mon premier combat en Kard Chuek (Combat sans les gants) face à lui. Nous avons fait un grand combat qui s’est terminé par une décision serrée pour lui aux points, il n’a pas fait son show habituel de chambrer son adversaire. Pour ce match, comme j’étais tout seul, sans coach, Youssef Boughanem m’a coaché durant la soirée. Youssef m’avait félicité pour ce match. Mais voilà, en face c’était Sudsakorn et ce n’est pas n’importe qui.
Donc, pour mon come back sur le ring, j’ai voulu faire un vrai test et j’ai pris Sudsakorn pour faire un match revanche. J’ai perdu aux points ce match car je n’étais pas dans le combat. Je me suis aperçu que c’est vraiment compliqué d’organiser un gala et de combattre en même temps, cela demande beaucoup d’énergies autant physique que mentale…
Ton événement a accueilli combien de personnes ?
Nous avons eu 3500 personnes et pour un premier événement c’est très, très bien !
Les réunionnais aiment bien le Muay Thai ?
Oui, ils adorent car ils y retrouvent un mélange de “bagarre”, de culture et de respect dans une seule discipline. En général, les réunionnais aiment beaucoup les sports de combat
Il y a souvent des galas organisés à La Réunion avec des combattants thaïlandais ?
Oui car les promoteurs réunionnais veulent absolument cette petite touche authentique du pays source de ce sport. La plupart du temps nous faisons appelle à Doudou (Eric Espejo, manager installé en Thaïlande depuis 10 ans) pour ses services et ses connexions en Thaïlande, en plus, il fait office de traducteur pour les boxeurs thaïlandais
Tu as ton propre club, en quelle année tu l’as ouvert ?
J’ai ouvert mon club en 2018. J’ai fait une structure un peu dans le même esprit qu’en Thaïlande comme un camp de boxe, la structure est dehors avec un toit couvert, un ring et des sacs de frappe. Le climat à La Réunion est comme en Thaïlande, on peut donc s’entraîner dehors. C’est moi qui donne les cours assisté de mon petit frère avec deux autres élèves que j’ai formé
Aujourd’hui, est-ce que tu as stoppé ta carrière de combattant ?
Je pense que je vais boxer encore un peu. Je me suis donné à peu près deux ans pour continuer à faire des combats. C’est sûr qu’à un moment donné il faudra que je me donne une limite. Mais je resterais toujours dans le milieu de la boxe, ça fait partie de ma vie
Est-ce que tu as une activité en dehors de la boxe ?
Je travaille à la mairie au service des sports et ils sont très arrangeants pour planifier mes dates de combats
Tu vas organiser de nouveau un show à La Réunion ?
Oui avec mon équipe nous sommes déjà sur un futur projet, quelque chose de plus grand encore. Pour l’instant, je ne sais pas qui nous allons faire venir à La Réunion mais ce seront des grands champions thaïlandais. Et j’espère faire des bonnes oppositions avec les meilleurs français du moment
Dans ta catégorie, quel est le meilleur français selon toi ?
C’est Jimmy Vienot, je pense que c’est le plus fort actuellement
Tu aimerais l’affronter ?
Jimmy c’est un ami. Mais une fois, nous avions discuté d’un fight à La Réunion, il m’avait demandé pour combattre là-bas et je lui avais dit en rigolant “a part moi, tu ne trouveras pas d’adversaire à La Réunion”. Alors, pourquoi pas, je suis prêt à relever le challenge. J’aime bien les défis donc il n’y a pas de soucis. C’est un gros défi car Jimmy, pour moi, fait partie des meilleurs de sa génération, il est au top mondial en ce moment. Avec Youssef, ce sont les deux meilleurs actuellement. Il y a aussi Samy Sana qui est dans le top 5 des meilleurs mondiaux
Samy Sana tu aimerais aussi le rencontrer ?
Oui bien sûr, c’est un combattant que je respect beaucoup mais si il y a une opportunité de l’affronter je ne dirais pas non
Tu veux ajouter quelque chose ?
Je te remercie Serge pour cette interview pour siamfightmag, c’est un honneur pour moi, j’espère que le Muay Thai va continuer à prospérer et à évoluer, surtout à La Réunion (Rire). J’espère surtout que tous les clubs et les fédérations s’entendent et travaillent ensemble pour le Muay Thai pour que ce sport soit mieux reconnu, c’est vraiment le message que j’aimerai faire passer !
Merci beaucoup Samuel pour cette interview et “chookdee” pour la suite de tes projets !
Merci beaucoup Serge
Samuel Andoche est un guerrier des rings qui ne refuse aucun combat, il a affronté des champions thaïlandais très durs tels que Chanachai Kaewsamrit (2 fois), Sudsakorn Sor Klinmee (2 fois), Ekapop Sor Klinmee, Kompikhat Sor Tawanrung, Kongjak Sor Tuantong, Saiyok Pumpanmuang ainsi que des grands champions étrangers comme Johane Beausejour (2 fois), Tobias Alexandersson, Alka Matewa, Bilal Chareuf !
Combattant à la fois technique et puissant, Samuel Andoche fait partie des meilleurs combattants français de la catégorie des 75 Kg. Il y a certainement des belles confrontations à faire entre Samuel Andoche et des champions comme Jimmy Vienot, Samy Sana, Hamza Ngoto, Djibril Ehouo, avis aux promoteurs !
Passionné de Muay Thai authentique, Samuel Andoche a créé son propre camp de Muay Thai. Le “Phoenix Andoche Muaythaï gym” est un camp de Muay Thai situé à l’ouest de l’île de La Réunion, au 9 chemin des trois roches, saint gilles les hauts, 97435 La Réunion. Le camp est à 40 km de l’aéroport de Saint Denis, Gillot et à 3 km de la plage.
Site web :
SAMUEL ANDOCHE
Date de naissance : 15 novembre 1988
Surnom : Le Phoenix
Poids : 75 Kg
Taille : 180 cm
Nombre de combats : 80. 65 victoires, 15 défaites
Titre : Champion du monde WPMF en – 76 Kg (2012)
Team : PHOENIX ANDOCHE MUAY THAI