STEPHANE NIKIEMA (2007)
Interview de STEPHANE NIKIEMA
par Serge TREFEU (2007)
Serge TREFEU : Bonjour Stéphane, ça va bien ?
Stéphane NIKIEMA : Ca va toujours en forme malgré mon âge.
Tu as commencé la boxe thaïe à quel âge ?
A 17 ans et quelques mois.
Tu boxais dans quel club ?
J’ai commencé au Belloni Gym puis au Derek Boxing.
Tu boxais dans quelle catégorie ?
De 66 Kg à 72 Kg.
Ton premier championnat d’Europe tu l’as effectué à quel âge ?
A 20 ans contre Orlando Wiet à mon 10 ème combat, défaite aux points.
Penses-tu qu’à ton époque c’était plus dur que maintenant d’avoir un titre majeur en boxe thaï ?
Certainement.
Les combats avec les coudières, tu penses que cela dénature le Muay Thai ?
La santé des boxeurs avant tout…
Tu es devenu une figure dans le monde de la boxe thaï, peut tu nous décrire ton palmarès ?
J’ai 98 combats, 17 défaites, 2 nuls et 40 K.O
Est ce que tu es resté en contacte avec des anciens champions du Muay Thai ?
Oui bien sûr.
Tu es un des rares boxeurs à avoir une aussi longue carrière, tu peux nous expliquer ton secret ?
Difficile à répondre mais je dirais entraînement, entraînement et la rage de vaincre…
Tu as boxé à travers le monde entier, quel est ton meilleur souvenir de combattant ?
Beaucoup, mais je dirais Kiattisak à Samlong en 89 (victoire aux points) et Paul Briggs en Australie dans une ambiance détestable en 96 (dernier essai nucléaire français), victoire par Ko technique au 2 ème round. Ce champion est maintenant N°2 WBC en mi-lourd.
En quelle année est tu venus la première fois en Thaïlande et tu avais quel âge ?
En 1987, j’avais 22 ans.
Est ce que tu as été tout de suite dans le camp du Jocky Gym ?
Oui avec Gilles Belloni et toujours là-bas depuis 19 ans, j’ai connu tout les champions du Jocky…
Tu dormais et vivait dans le camp ou à l’extérieur ?
Je dormais et vivait dans le camp avec les boxeurs. A l’époque il n’y avait pas de route goudronnée dans le soï (la ruelle). J’ai habité dans le premier immeuble qui a été construit dans le soï !
A cette époque qui était les boxeurs réputés au Jocky Gym ?
Robert Kaennorasing, champion à 17 ans en 89, Patong Jockygym, Silapathai, Noree, Sinnoi, Pornsak et ses frères, et bien d’autres…
Aujourd’hui qu’elle est pour toi le meilleur nakmuay en Thaïlande ?
Saenchai, bien sûr, la star !
Combien de combat tu as fait en Thaïlande ?
Une trentaine environ, beaucoup en Issan (région Nord-est).
Ton plus dur combat en Thaïlande, tu t’en souviens ?
Contre Lekmongkong Kietprasongchai à Ubon Ratchatani (victoire aux points).
Et en France ?
Mon premier, je me suis dit jamais plus jamais en rentrant au vestiaire, j’ai cru que mon cœur allait lâcher tellement j’étais fatigué !
Est ce que tu as souvent boxé au stadium du Lumpinee ou à celui du Radja ?
Non, 3 fois au Lumpinee et 1 fois au Radja mais j’ai fais tous les stadium des environs.
Tu es un des rares boxeurs étrangers à avoir eu l’honneur de disputer une ceinture dans l’un des deux grands stadium de Bangkok, le Lumpinee (trois étrangers dans l’histoire seulement), est ce que c’est une grande fierté pour toi ?
Oui, c’est le rêve de tout les boxeurs thaïs, donc le mien, aussi la grosse déception de ma vie de boxeur, je suis passé après Morad Sari et une seule ceinture pouvait sortir du pays…
Mais content pour Morad et heureux d’arrivée à l’objectif que je m’étais fixé.
Préférais-tu affronter des champions thaïs ou européens ?
Aucune importance, un boxeur est un boxeur.
Quand tu boxais en Thaïlande ou en France, pouvais tu vivre de ton sport ?
Oui, mais juste de quoi me payer mes billets d’avions, de manger et de vivre ma passion…
On te voit faire divers choses dans le milieu du Muay, entraîneur de Jérôme LEBANNER, coach de SKARBOWSKY, organisateur de stage au Jocky Gym, et même acteur dans le film “Furie”, qu’est ce qui te plaît le plus ?
Entraîneur, c’est une passion depuis de longues années mais tout boxeurs ne s’improvisent pas entraîneurs on a ça dans le sang ou on ne l’a pas, avec une bonne dose de sévérité pour faire avancer et progresser.
Tu as l’air de beaucoup aimer la Thaïlande, tu y va souvent, aimerais tu y vivre définitivement là-bas ?
Définitivement, peut-être pas mais y vivre de longues années, bien sûr…
Merci beaucoup et Chook dee pour tes projets ?
Merci à toi
STEPHANE NIKIEMA
TITRES : Champion du Monde de boxe thaï. Champion d’Europe de boxe thaï
L’un des rares français et étranger (avec Morad Sari) à avoir disputé une ceinture du Lumpinee !
LES CHAMPIONS QUE NIKIEMA A COMBATTUS :
Champions Thaïs :
Somsong (2 fois), Krongsak (2 fois), Kiattisak (4 fois), Dejpitak, Krienkraï, Orono, Changpuek, Nokwed Devy, Neungtrakan
Champions Français :
Sissoko, Duarte, Rezzag, Sari
Champion Hollandais :
Wiet, Ubeda
Stéphane NIKIEMA
Date de naissance : 1965
Taille : 1m87
Poids : 66 Kg à 72 Kg.
Nombre de combats: 98 combats, 17 défaites, 2 nuls et 40 Ko.
Palmarès boxe thai :
Trois fois champion de France
Trois fois Champion d’Europe
Trois fois Champion du monde
Finaliste pour la ceinture du Lumpinee stadium !
« DIESEL BLACK » EN ACTION
BIOGRAPHIE DE STEPHANE NIKIEMA
Stéphane Nikiéma est sûrement le boxeur pied poings européen dont la longévité sur le ring est la plus grande. En effet, ce champion exceptionnel, auteur de combat d’anthologie, pur nak muay, a combattu durant près de dix sept ans à travers le monde. Ce qui lui a value beaucoup de considération de la part des boxeurs surtout en Thaïlande où il est énormément respecté. Il a été Surnommé “DIESEL BLACK” par les thaïs qui lui ont attribué ce nom de combattant à cause de sa taille et de sa maîtrise technique des coups de genoux. Parce qu’il ressemblait au célèbre champion des années 80 “DIESEL NOY”.
Stéphane a grandi à Rosny sous Bois dans le 93 (Seine Saint Denis). Il fait d’abords du Viet Vo Dao (art martial vietnamien) puis en 1983, vers dix sept ans, il découvre la boxe thai au club Belloni Gym de Montreuil. A l’époque ce club est l’un des plus réputés avec le Brizon Gym, le Lamy Gym, l’ES Nanterre et le Yamatsuki Club. Le Belloni Gym est tenu par Gilles BELLONI qui est l’un des pionniers du muay en France avec Jacques MAIRESSE, Patrick BRIZON et Roger PASCHY.
Nikiéma commence donc à bonne école. Surtout que dans ce club, il y avait déjà des pointures comme Philippe CANTAMESSI, François KAPLER, JAID, qui sont les premiers français à aller boxer en Thaïlande au début des années 80…
Stéphane se sent tout de suite à l’aise avec cette nouvelle forme de combat qu’est le muay thai. Il va rapidement évoluer et faire son premier combat en ayant seulement quelques mois de pratique. Il rencontre un élève de KOUIDER (autres grandes figures du muay). Psychologiquement, se premier combat l’a marqué puisqu’en rentrant aux vestiaires, il voulait carrément arrêter le muay car il avait le souffle coupé et des douleurs atroces aux jambes. Mais c’est dans les affrontements les plus durs qu’on voit le mental d’un futur champion. Et Nikiema c’est avéré être à la hauteur parce qu’il va devenir ensuite champion de France en 1985 avec juste cinq combats dans les pattes !
Son ascension est rapide car à la fin de l’année, le 28 décembre, à son dixième combats seulement, il dispute un titre de champion d’Europe de boxe thai. Agé tout juste de vingt ans, il va s’incliner aux points face à la star du moment, le redoutable Hollandais Orlando WIET.
Il sera le premier nak muay à inaugurer la boxe thai sur la nouvelle chaine française qui monte Canal Plus, en direct dans la salle Jappy à Paris. Victoire par KO avec un coup de genoux sur un champion anglais qui venait du full contact…
En 1986 il va affronter chez lui à Amsterdam, le hollandais Musafer YAMALI du célèbre team Mejiro Gym.
La même année, au Palais des sports de la Porte de Versaille en direct devant les caméras de Canal Plus, Nikiéma bat son premier thailandais.
En 1987, il part en Thailande avec Gille Belloni. Nikiéma va découvrir un autre monde, lui qui n’est pratiquement jamais sortie de son quartier. Au Jocky Gym, premier camp où il va atterrir, c’est le choc culturel. A cette époque, les thais n’ont pas l’habitude de voir des étrangers venir s’entraîner dans leurs camps et encore moins, un “grand black”. Ils vont accueillir ces “farangs” avec curiosités mais un grand respect va vite s’installer entres les boxeurs.
Le Jocky Gym est à ce moment déjà un camp réputé mais très austère. Malgré qu’il soit au nord de la capitale, dans le quartier c’est quasi la jungle, les routes ne sont pas goudronnées et il y a très peu de bâtiment comme aujourd’hui. Stéphane plonge directement dans l’ambiance locale aux sources du muay…
Le Jocky Gym va devenir son camp de prédilection. Il va perfectionner son corps à corps dans ce camp mythique avec les plus grands nak muay du moment comme Robert Keannorasing, Patong Jockygym, Noree, Sinnoi, Pornsak, Somlak Khamsing…
Plus tard, Stéphane préparera même Robert Kaennorasing et Somlak Khamsing avant leurs combats. En effet, les thaïs aimaient faire du sparring avec lui car de part sa morphologie, ils avaient du mal à le bouger…
Au début, Nikiéma dors dans le camp avec les boxeurs. Puis après de nombreux aller/retour entre la France et le pays du Siam, en 1990, il prendra une petite chambre pendant un an juste à côté du camp. Un endroit vétuste avec un toit en tôle où la température atteignait 40 degrés en saison chaude !
Avec son petit “phatlom” (ventilateur) et son matelas à même le sol, Stéphane va vivre à la dur comme les thaïs. Une nuit, un énorme rat va même le réveiller en lui tirant les cheveux avec sa gueule affamée. Sans parler des cafards géants qui grouilles dans la pièce et les moustiques qui pullulent près de la lumière. Enfin, tout les matins, il se lève à l’aurore pour aller faire un footing interminable à travers les “soï”(ruelle) sombre du quartier. Toute la journée, il s’entraîne au Jocky. Les seules poses de repos sont quand il mange avec les thaïs. Comme eux, il déguste à la main avec du riz gluant des plats épicés qui mettent le feu à la bouche. Ces conditions de vie difficile vont forger le mental du guerrier français…
Son premier combat en Thaïlande, il le fait en 1989 contre Turbo KIETISAK (classé n°4) en direct à la télé au Sam Long stadium de Bangkok. Il bat le thai aux points, c’est une grande performance car battre un thaïlandais aux points dans un stadium réputé n’est pas une chose facile…
En Thaïlande, il combattra aux quatre coins du pays dans pratiquement tous les stadiums. Dans la capital à Bangkok ou au fin fond de provinces reculés. Comme à la frontière du Laos devant des centaines de thailandais qui voyaient pour la première fois un grand black dominer leurs champions locaux…
Puis, comme le Bellony Gym a fermé, Nikiema s’inscrit au club Derek à la Courneuve qui est tenu par deux figures du muay Antoine et René Desjardins. Dans cette salle qui commençait à être réputée, il y avait des grands combattants comme Dida, Joel Cesar, Pascal Scalp, Léon Mendy. Avec eux, il va se préparer à affronter une terreur des rings, le thaïlandais Somsong…
Le 24 décembre 1989 à Paris Nikiema rencontre Somsong qui totalise 220 combats avec 193 victoires. Pas très haut pour sa catégorie, 1m65, ce destructeur est surnommé “le bûcheron” des rings. En effet, ses low kicks de tueur ont déjà laminé plus d’un champion européen. Nikiema avec 21 combats dont 18 victoires ne part pas favori.
Mais le combat va être titanesque et Nikiema beaucoup plus grand va malmener plusieurs fois le champion thaïlandais avec des terribles séries de genoux. Les juges donneront vainqueurs le thai alors que tout le public a vu Stéphane remporter la victoire. La déception est grande pour le champion français qui estime avoir été volé et demande aussitôt à reprendre le thaï…
La revanche va se faire à la Halle Carpentier à Paris devant 5000 spectateurs. Somsong, champion du monde en titre des – 68 Kg va défendre de nouveau sa couronne contre le français. Le match part très vite, Somsong avance sans cesse cherchant à casser les jambes de Nikiema. Le français réplique par des séries aux points ponctué de coups coudes en essayant de saisir le thai pour placer ses genoux. Des genoux qui touche durement le thai mais Somsong est aussi un encaisseur hors norme doté d’une très bonne anglaise. Le thai va d’ailleurs piquer au premier round le français avec ses crochets larges. Aux deuxièmes rounds, Nikiema avance face au thai insensible à la douleur. Mais aux troisièmes rounds, Somsong va décrocher un terrible crochet gauche au foie de son adversaire qui s’écroule aussitôt. Nikiema perd la revanche contre le “bûcheron”…
En juin 1991 au Palais des sports de Nanterre plein à craqué une grande soirée de muay est organisé par Kouider, le maître des lieux de l’ES Nanterre. Le combat vedette est le championnat du monde entre Dida et Sonnaline. Nikiema va défendre son titre de champion d’Europe face au boxeur local, le champion d’Europe WKA, REZZAG. Une bagarre terrible va se dérouler durant ce combat entre les deux boxeurs. Rezzag fait des enchaînements de poings dangereux mais ce fait dominer en corps à corps par son adversaire. Nikiema fait le pressing et balance carrément des coups de genoux sautés. Le dernier round est très dur pour le champion de l’ESN qui finit éprouvé. Nikiema conserve sa ceinture de champion d’Europe des – 69 Kg…
Début de l’année 1992 Nikiema rencontre à Bangkok un des boxeurs les plus coriace de sa carrière, l’immense champion Changpuek Kiatsongrit. Cet incroyable encaisseur affrontera tout au long de sa carrière des boxeurs beaucoup plus lourd que lui comme Rob Kaman, Enersto Hoost, Andy Hug, Peter Smit, Branko Cikatic, battant même deux fois le grand Rob Kaman…
Le combat se fait à égalité de poids entre les deux nak muays en direct devant les télévisions thaïlandaises. Nikiéma plus longiligne utilise son allonge et tente de placer ses coups de genoux.
Le thai encaisse sans broncher les jabs du français avancent sans cesse sur son adversaire. Le troisième round est d’une rare violence, c’est à toi à moi. Mais aux quatrièmes rounds, Changpuek entreprend un travail de destruction avec ses low kicks de bûcheron. Nikiema est blessé à la jambe droite, il n’arrive plus à tenir debout et malgré tout son courage, l’arbitre arrête le match…
Il retrouvera le thaïlandais à Paris en 1997 pour une revanche. Le grand Changpuek est mis KO aux troisièmes rounds !
Le 20 juin 1992 dans la salle des Sports Marcel Cerdan de Levallois a lieu “le combat du siècle” entre Kaman et Theriault, deux légendes du pieds poing. La soirée est retransmise en direct sur Canal Plus. En ouverture de ce fabuleux combat, Stéphane Nikiema rencontre le multiple champion du monde de kick boxing et Full Contact, Mustapha LAKSEM. Face à cet excellent technicien aux coups de pieds spectaculaire, Nikiema adopte une boxe typiquement thai. Ses genoux vont laminer le champion de kick boxing qui va abandonner à la troisième reprise. Le boxeur du Derek signe ainsi sa septième victoires d’affilées !
Le 4 juin 1993 au stade Pierre de Coubertin à Paris, Nikiema affûté comme jamais va défier l’invaincu KRONGSAK champion du monde qui totalise près de 200 combats. Le thaïlandais est un “fimeu” qui sait tout faire, il a battu tout le monde en Europe notamment le grand Rob Kaman avec dix kilos d’écarts en sa défaveur !
Stéphane va inquiéter pour la première fois de sa carrière en Europe, le thaïlandais qui gardera sa ceinture de champion du monde. La décision est très partagée mais les juges donneront le gain du combat au champion thai…
La revanche a lieu six mois plus tard au palais des sports Marcel Cerdan de Levallois, titre en jeux. L’ambiance est électrique et Nikiema veut absolument mettre un terme à l’invincibilité du thailandais. Ce match va faire lever tout les spectateurs de la salle archi comble. Les deux nak muays vont se rendent coups pour coups dans un combat de folie. Le troisième round atteint son paroxysme avec des enchaînements meurtriers de coups de poing et coups de coude effectués à tour de rôle par les deux boxeurs. La fin du quatrième round est toute aussi violente avec une ouverture au dessus du crâne de Nikiema par les puissants coups de coudes du thai. Au cinquième les deux nak muays qui ont tout donné ralentissent un peu la cadence. Au final de ce “fight” mémorable, Krongsak conservera sa ceinture…
Le 4 décembre 1994 à Chiang Raï au nord de la Thaïlande quatre français sont invités à en découdre avec des champions thais. Dany Bill, Guillaume Kerner, Mourad Sari et Stéphane Nikiema vont participer à ce gala exceptionnel. En – 72 Kg, Stéphane affronte Nokweed Devy, cinq fois champion du Lumpinee. Malgré une constante pression de Nikiema, le thailandais s’imposera aux points grâce à son excellent travail au corps à corps.
En 1996, en Australie dans une salle hostile (dernier essai nucléaire français), Nikiéma rencontre le boxeur local Paul “Huricanne” Briggs, un puncheur à l’anglaise redoutable qui sera d’ailleurs classé N° 2 WBC en mi-lourd !
Le français va laminer l’australien avec ses genoux en le mettant KO aux deuxièmes rounds. Toute la salle est stupéfaite et le publique ne pardonne pas au “frenchie” d’avoir exécuté son champion…
Aussi, en 1996, “Diesel” affronte le champion d’Europe et du monde actuel de la catégorie, le polyvalent des sports de combats Aurélien DUARTE. Nikiéma va imposer sa boxe typiquement muay à Duarte plus adepte du kick boxing. Les rotules de Stéphane vont faire mal au boxeur du club de Haute Tension. Nikiéma va gagner aux points ce match d’une grande intensité…
A l’Arena de Gagny, le 1er février 1997 dans une soirée organisé par Sami Khebchi et retransmise sur Canal Plus avec en combat vedette Jerome Lebanner contre Maurice Smith, Nikiema “l’ancien” va rencontrer le jeune qui monte Moussa SISSOKO. Les deux thais boxeurs vont s’envoyer middle et low kick à tour de rôle dès le premier round. Sissoko est vaillant mais c’est Stéphane qui fait le combat en touchant souvent avec ses redoutables genoux. Au dernier round, Nikiema fait le pressing en genoux et poings, “l’ancien” dicte sa boxe. Mais les juges donneront un match nul…
En Suisse, le 7 juin 1997 pour la “Nuit du K1 Fight” Nikiéma rencontre titre en jeux, le multiple champion du monde, Mister “Dynamite”, le hollandais Perry UBEDA. Stéphane Nikiema est appelé au pied levé pour remplacer Moussa Sissoko. Face aux techniques de jambes meurtrières du batave, le français réplique par sa science du corps à corps et des genoux. Au final, le match est très serré. Les juges donnent le gain du combat au hollandais…
Une revanche est organisée au Palais des Sports de Marseille, le 27 février 1999. Un combat hallucinant qui va rester dans les annales du muay thai. La rencontre est signée sans les coups de coudes.
Au premier round, Nikiema va piquer Ubeda au foie avec un terrible coup de genoux. Le hollandais s’écroule, il est compté par l’arbitre. Avec son mental de guerrier, il revient dans le combat en sortant ses fameux high kicks. Mais Nikiema ne lâche pas son adversaire et le martel avec ses genoux. Au deuxième round, Ubeda fait à son tour souffrir le français. Le troisième round est mémorable. Nikiéma touche durement de nouveau Ubeda avec un genou direct. Le batave est compté pour la deuxième fois. Le hollandais repart à la guerre, les deux nak muays se rendent coup pour coups. Le français fini le round épuisé. Au quatrième round, Ubeda plus frais va faire le forcing sur Nikiéma qui est touché à son tour. Complètement vidé après une terrible bataille, Stéphane subit la fougue du hollandais. L’arbitre préféré stopper le match. Toute la salle est debout pour acclamer les deux guerriers de ce combat hors norme !
En 1998 à Thiais Stéphane boxe contre le surdoué Kengkai Sor Vorapin, actuel champion de Thailande, un boxeur technique et puissant. Ils se sont déjà rencontrés deux fois avec une victoire pour le thai et un nul. Le match démarre bien mais suite à un coup de coude meurtrier, le combat est stoppé par le médecin de la réunion. En effet, le thai a occasionné une blessure impressionnante sur le front du français qui nécessiteront 15 points de suture…
Quelques mois plus tard à Marseille, il prend une éclatante revanche en battant le thai par KO.
Le 5 décembre 1998 à la fête du Roi, Nikiema va sacraliser sa carrière en gagnant une ceinture importante de champion du monde contre le numéro 1 de l’époque, le thaïlandais Neungtrakan. Le ministre de la justice thaïlandaise remet lui même la précieuse ceinture à “Diesel”, désormais connus par tout les thaïlandais…
En mai de l’année 1999, le boxeur du Belloni Gym va réaliser le rêve de tout nak muay émérite. Avoir l’honneur de disputer une ceinture dans l’un des deux stadiums mythique du royaume du muay. Seul un étranger a réussi à prendre une ceinture du stadium au Radja, l’immense champion japonais FUJIWARA et c’était en 1978 !
Le promoteur parisien Sami Khebchi a réussi l’incroyable pari d’organiser au Stadium du Lumpinee, deux championnats avec des étrangers, ceinture du Lumpinee en jeux !
Stéphane Nikiema et Mourad Sari sont les deux élus qui vont affronter les champions numéro 1 du pays. Le premier à combattre est Mourad Sari qui fait un combat fabuleux et remporte la ceinture du Lumpinee. Une première dans l’histoire du muay thai !
Nikiema a fait d’énormes sacrifices pour être à 67 Kg, mangeant du riz bouilli tout les jours en plus d’un entraînement de spartiate au Jocky Gym. Il est prêt physiquement et mentalement, c’est la chance de sa vie. Son adversaire est le coriace Neungtrakan qu’il vient de battre six mois plus tôt. Le combat est engagé mais c’est le français qui fait le match en marchant sur le thai. Au troisième round, le thai est complètement débordé au bord du KO mais à la surprise générale, l’arbitre s’interpose devant le français et stoppe le combat. Les deux boxeurs attendent chacun dans leurs coins, on pense que Neungtrakan va être compté ou arrêté après ce qu’il vient de recevoir mais chose impensable l’arbitre stoppe définitivement le combat. Il n’y a vaincu, ni vainqueur. Plus tard, on apprendra que les juges thailandais ont opté pour ce combat un “Lom Muay”, c’est à dire que le thailandais ne voulait pas combattre ou aurait été payé pour perdre. En fait, Neungtrakan était KO et les thailandais on trouvé cette excuse car ils n’ont pas voulus laisser sortir une deuxième ceintures du pays. Résultat c’est Stéphane Nikiéma qui fait les frais de cette fierté mal placée. Nikiéma assommé par cette décision n’en dormira pas pendant plusieurs nuits, ruminant sa rage…
Le 5 décembre 1999 lors de la fête du Roi, Stéphane va boxer le champion actuel du lumpinee des super welter, le puncheur Dejpitak. Dejpitak c’est un peu un Kobal version super welter, ses poings et ses jambes sont de véritables rouleaux compresseur. Nikiéma va encore faire un grand combat mais s’incliner aux points face au mur thailandais…
Enfin, à 34 ans avec une carrière bien remplie, en 2000, il décide de raccrocher les gants. Dans sa deuxième patrie qu’est le royaume du Siam, il va monter un magnifique complexe sportif à Pattaya. Un immeuble de quatre étages va servir de base à ce complexe de 2000 m2. Le premier étage est dédié au massage physique, le deuxième au sauna et le troisième aux adeptes du stretching et de la musculation. Enfin, au dernier étages sur une terrasse avec vue sur la mer, un magnifique camp de muay. Ring, sacs de frappes et Paos attendent les nak muays pour des séances de forçat sous l’oeil de Master Nikiéma. En plus, des champions de légendes comme Kensak et Kalehate viennent compléter le team du français, un régal !
L’idée de Stéphane était de former des français ou d’autres étrangers qui viennent en Thailande pour la première fois. Ces boxeurs bénéficieront des structures adéquate sans la barrière de la langue avec un “Khrou” de renommé…
Malheureusement, cette aventure ne durera qu’un an, Stéphane devra laisser ce complexe pour des raisons personnelles…
Ensuite, il va s’essayer à plusieurs choses comme le cinéma ou il tournera dans le film “fureur”. Aussi dans un clip du rappeur “Rohff”. Il sera pendant longtemps le “coach” de la star des poids lourds français, Jérome LEBANNER. Ensemble, ils vivront des moments intenses dans le mémorable “Tokyo Dome” au Japon !
Nikema a surtout la fibre pour entraîner. Il va reprendre la section boxe thaï de Krongsak au temple des arts martiaux. Là-bas, il donnera des cours à plus de 80 élèves. Sa passion, il la trouve désormais dans l’enseignement du muay thai aux jeunes générations…
Mais quatre ans après avoir stoppé sa carrière, Stéphane refait un come back. Le 5 juin 2004 au Zénith de Paris, Sami Khebchi organise en kick boxing le “Grand Tournoi”. Nikiema va rencontrer en combat d’encadrement, le “gaucher d’Argenteuil” Morad Sari. Ces deux grands champions sont amis dans la vie et ont souvent combattu dans les mêmes réunions. Mais ce soir l’amitié est mis de côté pour faire place à un choc explosif. Devant le guerrier chevronné qu’est Mourad Sari, Nikiema après quatre ans d’absence des rings n’a pas choisi un fight facile. Sari est toujours actif et au plus haut de sa forme surtout en kick boxing ou il vient de remporter le tournoi des – 70 Kg. Stéphane n’aura pas ses deux armes favorites, les genoux et les coudes, qu’importe, il a accepté le défi…
Nikiema va s’incliner aux points face à Sari beaucoup plus à l’aise dans ses combinaisons pieds et poings. Stéphane bien que préparé physiquement doit gérer ses automatismes en muay thai qui l’empêche de s’exprimer correctement. En effet, ses genoux voulaient partir constamment. Mais au final c’est une grande prestation pour un boxeur qui avoisine les 39 ans !
Aujourd’hui, “Diesel Black » a ouvert son propre camp à Pattaya, le TEAM NIKIEMA MUAY THAI ACADEMY !
La France avec JAÏD, DIDA, Fabrice PAYEN, Dany BILL, Jean-Charles SKARBOWSKY et Stéphane NIKIEMA a eu de grands ambassadeurs au pays du muay thai. Une page a été tournée. Et comme le dit le plus grand promoteur de boxe thai “SONGCHAÏ RATANASUBAN” : “il est plus dur de durer, les trois champions étrangers les plus respectés chez nous sont Rob KAMAN, Ramon DEKKER et Stéphane NIKIEMA…
By Serge TREFEU